J.-P. Gorges dans les pas de la Poste

Mercredi 25 octobre, à 20 heures, les membres et sou­tiens du Comité de défense du bureau de Poste de La Madeleine étaient près de 40 devant les marches du Conseil dépar­te­men­tal à Chartres où s’est tenu le Conseil muni­ci­pal, une demi-heure plus tard. Un tract (ici et ci-des­sous) a été dis­tri­bué à tous les élus qui arri­vaient sur le par­vis afin de leur rap­pe­ler qu’une déli­bé­ra­tion sur ce sujet allait être pré­sen­tée par le conseiller muni­ci­pal de gauche, liste L’Humain d’abord, Denis Barbe. Puis les mani­fes­tants  sont allés s’installer sur les sièges réser­vés au public, conscients que le débat ris­quait de tour­ner à la confron­ta­tion avec le maire, Jean-Pierre Gorges, qui avait dès le mois de mars fait connaître sa pro­po­si­tion allant dans le sens des attentes de l’entreprise La Poste.

Après une pre­mière dis­cus­sion plus que ten­due autour d’une déli­bé­ra­tion pré­sen­tée par David Lebon (PS), qui deman­dait d’interdire la venue de cirques uti­li­sant des ani­maux sau­vages, le Conseil est pas­sé à celle lue par Denis Barbe. (ci-des­sous)

Le Maire explique d’abord pour quelles rai­sons il n’a pas mis cette déli­bé­ra­tion à l’ordre du jour bien qu’elle ait été com­mu­ni­quée dans les délais légaux. Selon lui, ce pro­blème n’est pas de sa com­pé­tence. Il évoque une réponse obte­nue de res­pon­sables de la Poste qu’il a ren­con­trés et affirme « La Poste regarde son compte d’exploitation et ils ont des ratios » : un bureau pour 20 000 habi­tants. « Pour La Poste un bureau n’est pas viable en-des­sous de 300 clients par jour ».

Rendez-vous dans six ans …

Puis le Maire, qui accepte ces cri­tères de l’entreprise, se lance dans une expli­ca­tion sur ses pro­jets de refonte totale de La Madeleine en rap­port avec le dépla­ce­ment de la zone com­mer­ciale de l’autre côté de la route de Paris. Il a pré­vu et il décrit avec force détails, dans un délai de 5 ou 6 ans, des loge­ments et un petit centre com­mer­cial de proxi­mi­té sur l’actuel site de Carrefour et une pro­fonde modi­fi­ca­tion du Forum. En consé­quence deux bureaux de Poste sur la ville le satis­fe­raient : un pour le centre-ville et un sur le futur centre com­mer­cial de proxi­mi­té de La Madeleine. Ainsi, en pro­gram­mant la fer­me­ture du bureau de La Madeleine, la direc­tion de La Poste n’aurait pas tenu compte des don­nées démo­gra­phiques, socio­lo­giques et éco­no­miques du quar­tier. En atten­dant, pen­sant néces­saire de tenir compte des exi­gences de La Poste, le Maire trouve juste de par­ta­ger 35h d’ouverture entre Beaulieu – Les Petits-Clos et La Madeleine, moi­tié-moi­tié. Les ser­vices cou­rants étant attri­bués à des com­mer­çants, ce qui leur don­ne­ra, ajoute-t-il, « des reve­nus com­plé­men­taires ».

La fré­quen­ta­tion étant plus faible sur le quar­tier de Beaulieu (70 clients / jour contre 140 à La Madeleine selon ses chiffres), le Maire accepte aus­si l’idée de fer­mer défi­ni­ti­ve­ment le bureau de Beaulieu quand celui « de plein exer­cice » de La Madeleine sera ins­tal­lé. Rendez-vous dans 6 ans pour­rait-on dire, et d’ici là il fau­drait accep­ter que le groupe La Poste inves­tisse dans ce qui rap­porte le plus, son réseau bancaire.

Une logique comptable

Denis Barbe conteste for­te­ment cette logique et rap­pelle que La Poste est en effet une socié­té ano­nyme depuis 2010 mais avec des capi­taux inté­gra­le­ment  publics. Il rap­pelle que ces fer­me­tures de bureaux ont été actées par un accord tri­par­tite entre La Poste, l’État et l’Association des Maires de France [voir ici] et demande au maire de Chartres quelle a été la voix de la ville de Chartres. M. Gorges répond ne pas avoir vou­lu prendre par­ti dans cette « négo­cia­tion ». D. Barbe rap­pelle les 849 mil­lions de béné­fice du groupe La Poste en 2016. Il se dit en désac­cord avec la fer­me­ture par­tielle des deux bureaux, comme indi­qué dans son pro­jet de déli­bé­ra­tion qui a le sou­tien du Comité de défense.

La pro­po­si­tion de déli­bé­ra­tion a obte­nu le sou­tien de David Lebon qui a rap­pe­lé que la muni­ci­pa­li­té a la com­pé­tence géné­rale qui lui per­met d’intervenir sur tous les sujets. Au final le Maire refuse de mettre au vote cette délibération.

Le débat a duré cin­quante bonnes minutes devant un public atten­tif et dans l’attente d’une com­pré­hen­sion des besoins des habi­tants de ces quar­tiers popu­laires. Les moque­ries et les cri­tiques du maire à l’encontre des deux conseillers d’opposition ont inter­lo­qué cer­taines per­sonnes qui en ont témoi­gné à la sor­tie. Quant à son posi­tion­ne­ment poli­tique met­tant les inté­rêts pri­vés de La Poste au pre­mier plan de ses pré­oc­cu­pa­tions, il n’a éton­né personne !

Le Comité n’entend pas renon­cer, mal­gré la phrase assas­sine du Maire adres­sée à Denis Barbe : « Vous n’aurez aucune influence [sur la direc­tion de La Poste]… » ! Dans d’autres villes, des usa­gers luttent avec les syn­di­cats et des muni­ci­pa­li­tés cou­ra­geuses et réus­sissent à main­te­nir de vrais ser­vices pos­taux. Ce qui n’a rien à voir avec le ser­vice mini­mum des points poste dans les com­merces. Les modes de ges­tion ins­pi­rés de ceux du pri­vé dégradent les ser­vices publics. La mobi­li­sa­tion est vitale dans les quar­tiers popu­laires et les sec­teurs ruraux sacri­fiés à la logique finan­cière, au détri­ment, en prio­ri­té, des plus modestes.

Micheline Cognard

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