ZAD de Notre-Dame-des-Landes
Où en est-on ?

Commu­niqué de Copain 44, d’ha­bi­tant.e.s de la ZAD, Acipa, Natu­ra­listes en lutte.
Suite à la signa­ture de 15 conven­tions sur les terres de la ZAD et à pro­pos des enjeux à venir

 

Aujourd’­hui, 15 conven­tions agri­coles viennent d’êtres signées sur plus de 170 ha. Celles-ci concernent la majeure par­tie des terres que le mouve­ment a mises en culture pen­dant la lutte contre le pro­jet d’aé­ro­port. Elles se relient à la qua­si tota­lité des lieux de vie encore debout. Ces conven­tions singu­lières conti­nuent de se baser sur les liens tis­sés pen­dant la lutte et sur la pers­pec­tive d’un hori­zon com­mun. L’im­pli­ca­tion dans chaque pro­jet repré­sente bien plus que les signa­taires indi­vi­duels : nous par­tons tou­jours des connec­tions entre chaque acti­vité et de la dimen­sion collec­tive de leur mise en œuvre.

Six des pro­jets agri­coles ins­crits dans la démarche com­mune n’ont pas été jugés immé­dia­te­ment « conven­tion­nables ». Quatre parce qu’ils concer­naient des par­celles, consi­dé­rées comme « conflic­tuelles ». Deux autres parce que l’ac­ti­vité proje­tée sur les par­celles n’avait pas encore démar­ré au moment du comi­té de pilo­tage de mai. Le gouver­ne­ment s’est enga­gé aujourd’­hui par écrit auprès des porteurs.euses de pro­jets qui n’ont pas encore signé de conven­tion à pour­suivre leurs exa­mens, à mini­ma jusqu’au pro­chain comi­té de pilo­tage. Il n’est donc pas ques­tion que ceux-ci puissent être mena­cés d’ex­pul­sion d’ici là. Les conven­tions signées aujourd’­hui ne sont qu’une étape vers la péren­ni­sa­tion des diffé­rentes acti­vi­tés, agri­coles ou non et des lieux de vie sur la zad. Les défendre ensemble, y com­pris dans le cadre des négo­cia­tions, a néces­sité le main­tien d’un niveau d’or­ga­ni­sa­tion collec­tive et de soli­da­rité qui a été en lui-même un com­bat. Ceci au vu de l’am­pleur des pres­sions, destruc­tions et stra­té­gies de divi­sions à notre encontre dans ces der­niers mois.

Un long che­min nous attend encore pour conti­nuer à construire un ave­nir com­mun dans ce bocage avec ses divers usager.e.s. Au nombre des enjeux de ces pro­chains mois, nous devrons nous mobi­li­ser pour que les pro­jets pour l’ins­tant ajour­nés puissent béné­fi­cier de conven­tions au plus vite. En ce sens, et sur l’en­semble du bocage nous nous mobi­li­se­rons pour que les terres préser­vées par la lutte aillent à de nou­velles instal­la­tions plu­tôt qu’à l’agran­dis­se­ment d’ex­ploi­ta­tions exis­tantes. Nous souhai­tons aus­si trou­ver des possi­bi­li­tés pour que les bois et forêts de la zad res­tent des com­muns, pris en charge et enri­chis par leurs usa­gers. C’est le sens, entre autre, du pro­jet fores­tier « Abra­ka­da­bois » dont l’exa­men par la DRAAF n’a pas encore eu lieu. De manière géné­rale, les enjeux natu­ra­listes ont été pour l’ins­tant très peu pris en compte par le comi­té de pilo­tage, même s’ils sont inté­grés dans tous les pro­jets que nous por­tons. Un autre champs de négo­cia­tion devra s’ou­vrir sur la ques­tion des habi­tats anciens ou auto-construits. Nous souhai­tons à ce titre pou­voir enga­ger des discus­sions avec les com­munes sur les sujets spéci­fiques qui les concernent. Des pre­miers contacts ont déjà été pris.

Par ailleurs, les conven­tions signées aujourd’­hui – simi­laires à celles octroyées aux fer­miers résis­tants histo­riques ou à ceux ayant accep­té de lais­ser leur terres pour le pro­jet d’aé­ro­port – demeurent pour l’ins­tant extrê­me­ment pré­caires. Nous vou­lons tou­jours tra­vailler à des solu­tions y com­pris juri­diques pour aller vers une ges­tion collec­tive et stable des terres du bocage et des habi­tats de la zad par une enti­té com­mune issue du mouvement.

Ici comme en bien d’autres lieux, deux modèles s’af­frontent et des­sinent pour la pla­nète des ave­nirs qui divergent. L’un produc­ti­viste et mar­chand qui ne cesse d’en­traî­ner la déser­ti­fi­ca­tion rurale, la dispa­ri­tion des petites exploi­ta­tions et la dégra­da­tion du vivant.

L’autre basé sur le soin des com­muns, l’ac­cès collec­tif à la terre et sur une paysan­ne­rie à plus petite échelle qui ne soit pas inféo­dée à l’in­dus­trie. Ce qui s’est construit en ce sens au fil des années sur la zad va bien au-delà de la ques­tion agri­cole. Ce sont d’autres formes plus soli­daires de vie, d’ac­ti­vi­tés, d’ha­bi­tats ain­si que de proxi­mité aux plantes et ani­maux avec qui nous parta­geons ce bocage. C’est pour cette ouver­ture des pos­sibles que nous allons conti­nuer à lutter.

Dans l’im­mé­diat, cette étape doit signi­fier enfin la fin de la séquence des expul­sions. Nous n’ou­blions pas les mai­sons détruites, les champs piéti­nés et les cen­taines de bles­sures par­fois drama­tiques qu’a occa­sion­nées l’opé­ra­tion mili­taire venge­resse que nous venons de vivre. Nous n’ou­blions pas non plus la soli­da­rité et l’en­semble de gestes de sou­tien reçus de par­tout, mais nos plaies res­tent ouvertes. Les forces de gendar­me­rie doivent main­te­nant se reti­rer du bocage au plus vite. Ses habi­tant.e.s et ceux des alen­tours doivent pou­voir de nou­veau circu­ler libre­ment, reprendre les tra­vaux des champs sans entrave et retrou­ver une cer­taine séré­nité. Les enjeux pour l’ave­nir de ce terri­toire appel­le­ront sans nul doute à de nou­veaux ren­dez-vous au cours des semaines et mois à venir, ain­si qu’à conver­ger avec d’autres combats.