Macron et le pognon

Ou quand le pré­sident des riches s’intéresse à l’argent des pauvres…

 

Dans une vidéo abon­dam­ment dif­fu­sée et com­men­tée, on a enten­du Macron s’exprimer sur les aides sociales : « tout ce pognon qu’on met dans l’action sociale sans résul­tats … Il faut res­pon­sa­bi­li­ser les acteurs, faire de la pré­ven­tion ». Cela dans le cadre de la pré­pa­ra­tion d’un dis­cours devant la Mutualité française.

Ce dis­cours de Macron s’inscrit dans la conti­nui­té de nom­breux autres depuis plu­sieurs années sur les « assis­tés » qui pro­fitent, les chô­meurs qui ne cherchent pas de tra­vail, les malades qui consultent trop et la res­pon­sa­bi­li­sa­tion des béné­fi­ciaires des aides sociales.

Sachant que le bud­get de toutes les aides sociales se monte à envi­ron 60 mil­liards d’euros par an, ce dis­cours reste par contre tota­le­ment muet sur les prin­ci­paux assis­tés de ce pays : les action­naires des groupes indus­triels qui se sont rem­plis les poches avec les CICE, la sup­pres­sion de l’ISF, la baisse de l’impôt sur les socié­tés et autres sub­ven­tions dont on attend tou­jours les retom­bées en termes de créa­tions d’emplois.

On sait ce que donne concrè­te­ment cette poli­tique : ren­for­ce­ment des contrôles, baisses des pres­ta­tions, chasse à la fraude qui, pour­tant comme en témoigne les enquêtes, est mar­gi­nale, ten­ta­tive dans cer­tains dépar­te­ments ou com­munes de rendre le ver­se­ment des pres­ta­tions condi­tion­né à un tra­vail gra­tuit, trans­fert aux dis­po­si­tifs pri­vés (com­plé­men­taires  assu­rances-mutuelles), appel à la res­pon­sa­bi­li­sa­tion indi­vi­duelle et à l’enpo­werment, terme anglo-saxon que l’on retrouve dans de nom­breux rap­ports consa­crés à l’action sociale et que l’on peut tra­duire par  remues-toi, débrouilles toi tout seul !

Il faut aus­si évo­quer tout ceux et celles qui renoncent à leurs droits vu la com­plexi­té des dos­siers ou ceux et celles qui sont radiés pour un ren­dez-vous raté. Tout cela pré­pare le ter­rain aux 7 mil­liards d’économies sur les aides sociales envi­sa­gées par le rap­port du comi­té CAP 22 pré­si­dé par le patron du groupe Safran et consti­tué essen­tiel­le­ment de per­sonnes issues de la finance, des grandes entre­prises et de la haute admi­nis­tra­tion comme l’a révé­lé le jour­nal Libération.

Tout à fait symp­to­ma­tique est le fait que ces pro­pos sur les aides sociales sont tenus à l’occasion de la ren­contre avec la mutua­li­té fran­çaise en congrès à Montpellier !
Il s’agissait en effet d’annoncer le pro­jet de reste à charge zéro sur les lunettes, les dents et l’audioprothèse. Le soi-disant coup de barre à gauche pro­mis pen­dant la cam­pagne pré­si­den­tielle.  Il faut cepen­dant regar­der en détail le finan­ce­ment de ce pro­jet : un peu de Sécurité Sociale qui effec­ti­ve­ment prend très mal en charge ces soins, une petite pres­sion sur les fabri­cants de maté­riel qui depuis long­temps déjà se gavent avec du maté­riel pro­duit à très bas coût et sur­tout la grosse contri­bu­tion des com­plé­men­taires (mutuelles ou assurances).

En pra­tique cela signi­fie que ce sont les adhé­rents-clients des com­plé­men­taires qui vont voir flam­ber les tarifs au nom bien sûr de la res­pon­sa­bi­li­sa­tion. C’est d’ailleurs ce qui est déjà enga­gé depuis plu­sieurs années sur l’ensemble des soins. Un récent rap­port de l’association UFC que choi­sir indique en effet qu’en 10 ans les coti­sa­tions des com­plé­men­taires san­té ont aug­men­tées de 47% soit 3 fois l’inflation constatée.

Il est hau­te­ment signi­fi­ca­tif que ce dis­cours sur les aides sociales soit livré à pro­pos d’une ques­tion qui concerne la pro­tec­tion sociale.

Aides sociales ou pro­tec­tion sociale, pour les finan­ciers et le patro­nat il s’agit de ‘’charges’’ dont il fau­drait se débar­ras­ser ou du moins qu’il fau­drait réduire dras­ti­que­ment et sur­tout pri­va­ti­ser. C’est la concep­tion libé­rale du cha­cun pour soi et le mar­ché pour tous.

Pour Ensemble !, il s’agit de droits à défendre et déve­lop­per, pour une socié­té qui pro­tège col­lec­ti­ve­ment en socia­li­sant les moyens et les financements.

- Pour une sécu à 100% pour la san­té, de la pré­ven­tion à la perte d’autonomie, en pas­sant par le soin

- Contre les reculs sociaux de ce gouvernement.

C’est un pro­jet de socié­té soli­daire qu’il faut défendre et oppo­ser au modèle libé­ral qui se déploie avec Macron.

24 juin 2018.

Commission san­té pro­tec­tion sociale d’Ensemble!

 

 

 

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