Eure-et-Loir :
« Les enseignants sont en colère »
L’intégrale de la manifestation en vidéo
« Non ! Non ! Non ! À la loi Blanquer, les enseignants sont en colère ». C’est sous ce slogan, repris au micro, que les personnels de l’Éducation nationale, rejoints par des parents d’élèves venus en famille, s’avançaient, samedi 30 mars, dans le centre-ville de Chartres. Un rassemblement était prévu place des Halles mais l’affluence (sans doute pas loin de 600 participants) le transforma en manifestation. La forte participaton des enseignants à la conférence de presse en plein air du 27 mars le laissait prévoir.
La sourde inquiétude qui couvait dans les différents secteurs de l’Enseignement depuis plusieurs mois contre le rouleau compresseur des lois Blanquer (réforme du lycée général, de la voie professionnelle, du Bac, Parcoursup, et maintenant loi dite « école de la confiance ») éclate au grand jour.
« Blanquer, tu nous feras pas taire »
« Blanquer, tu nous feras pas taire » était fréquemment repris dans le cortège. Allusion, à l’article 1 de son projet de loi qui déclare « « Par leur engagement et leur exemplarité, les personnels de la communauté éducative contribuent à l’établissement du lien de confiance qui doit unir les élèves et leur famille au service public de l’éducation ». Formule ambiguë que le document d’étude d’impact qui accompagne le projet renforce en suggérant des cas où des enseignants « chercheront à dénigrer auprès du public par des propos gravement mensongers ou diffamatoires leurs collègues et de manière plus générale l’institution scolaire ». Quid de la liberté de critiquer la politique du ministère ?
En fin de parcours, devant la Préfecture, les organisations de l’intersyndicale ont développé leurs positions. La FSU a rappelé que « la liberté d’expression est pour les agents [de la Fonction publique] une garantie démocratique qui protège les usagers des services publics et les finalités de l’intérêt général. » Elle a aussi vigoureusement dénoncé le projet d’établissements publics locaux d’enseignement des savoirs fondamentaux (EPLESF) « pour nous, le projet du ministre est bien d’en finir avec la direction d’école sous sa forme actuelle en introduisant un statut hiérarchique dans le 1er dégré ».
Absence de dialogue social
Le SGEN-CFDT a dénoncé « la méthode pour construire ce projet de loi : manque de transparence, absence de dialogue social, ajout d’amendements deux jours avant l’examen de la loi à l’Assemblée, une loi sans colonne vertébrale ». Le syndicat qualifie la loi de hors sol et affirme qu’ « elle oublie que l’éducation doit être portée par des agents sur un territoire, qu’elle donne des recettes toutes faites, construites de façon jacobine qui oublie que le territoire est avant tout ouvert ».
Pour l’UNSA-Éducation, « cette loi ne répond ni à l’enjeu majeur de la réduction des inégalités sociales, ni aux attentes des personnels. Au contraire, elle contribue au découragement de ceux qui font l’école au quotidien ». L’abaissement de l’école obligatoire à 3 ans profitera « aux écoles maternelles privées sous contrat qui se verront dorénavant financées par les collectivités ».
CGT-Éduc’action et Sud-Éducation, dans une intervention à deux voix, se bornent à rappeler les rendez-vous du jeudi 4 avril avec des tractages dans les villes préfecture et sous-préfectures et appellent à une assemblée générale immédiate « ouverte à tous pour discuter informer de ce qui se passe un peu partout et pour ensemble décider des actions à venir […] c’est collectivement qu’on y arrivera, pas que les syndicats. C’est avec vous tous, parents d’élèves, usagers, profs, syndiqués ou non ».
Le bras de fer avec Blanquer est engagé. À suivre.