Covid-19 :
ATTAC décrypte le discours de Macron

C’est un pré­sident lar­ge­ment décon­si­dé­ré qui a appe­lé l’unité natio­nale et à la soli­da­ri­té. Lorsque l’urgence est la crise sani­taire, il faut effec­ti­ve­ment se pro­té­ger et pro­té­ger la col­lec­ti­vi­té. Les risques liés à la dif­fu­sion du Covid-19 ne doivent pas être mini­mi­sés au pré­texte d’une vul­né­ra­bi­li­té qui se rédui­rait aux plus âgé.es ou aux per­sonnes fra­giles : ce sont nos ami.es, nos parents ou grand parents. La réduc­tion des risques est une res­pon­sa­bi­li­té de tou·tes.

Ce même esprit de res­pon­sa­bi­li­té devrait ani­mer Emmanuel Macron et son gou­ver­ne­ment. Eux qui ont cru bon en début d’épidémie de convo­quer un conseil des ministres déclen­chant le 49.3 en urgence sur le pro­jet de loi sur les retraites, doivent immé­dia­te­ment, au nom même de cet esprit de res­pon­sa­bi­li­té, sus­pendre le pro­ces­sus légis­la­tif sur la réforme des retraites, comme les orga­ni­sa­tions syn­di­cales l’ont récla­mé.

Aucune mesure concrète pour l’hô­pi­tal public

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Chartres 05-12-2020 Manifestation Retraites

Les per­son­nels hos­pi­ta­liers, en pre­mière ligne face à la crise sani­taire, n’attendent pas du chef de l’État une recon­nais­sance dans les mots, mais de voir leurs reven­di­ca­tions satis­faites dans les plus brefs délais. Or, Emmanuel Macron n’a fait aucune pro­po­si­tion concrète en la matière : aucun chiffre, aucune mesure pré­cise pour déblo­quer de nou­veaux finan­ce­ments ou de nou­velles places ou ser­vices, alors que notre sys­tème de san­té, notam­ment hos­pi­ta­lier a été mis à mal par des années de casse, aucune prime excep­tion­nelle alors que les per­son­nels sont tota­le­ment mobilisé·es pour faire face à l’épidémie. Emmanuel Macron a évo­qué la néces­si­té de « libé­rer des lits », mais il est urgent d’ouvrir de nou­veaux lits. Au delà des moyens propres aux hôpi­taux, il faut dis­tri­buer à la popu­la­tion des masques et gel anti-bactérien.

Emmanuel Macron annonce enfin la fer­me­ture de tous les éta­blis­se­ments sco­laires (crèches, écoles, col­lèges, lycées et uni­ver­si­tés) dès lun­di « jusqu’à nou­vel ordre » mais n’est pas en mesure de garan­tir que les frais de garde d’enfants seront cou­verts, ni l’intégralité des salaires des parents garan­tis, en ren­voyant leur mise en œuvre concrète à plus tard.

Il faut annu­ler la réforme de l’as­su­rance chômage

La gra­vi­té de la crise sani­taire et l’approfondissement de la crise finan­cière exigent une série de mesures sociales d’urgence, qui n’ont pas été annon­cées ce soir. La mise en œuvre de la réforme de l’assurance chô­mage, et notam­ment son volet qui doit entrer en appli­ca­tion le 1er avril, vont géné­rer une double réduc­tion, ter­rible, des droits et des indem­ni­tés pour des cen­taines de mil­liers de chômeur·ses. Elle doit immé­dia­te­ment être annu­lée. De même, le chô­mage tech­nique va être géné­ra­li­sé : il aurait fal­lu que le Président de la République annonce un main­tien inté­gral des salaires. Les salarié·es poten­tiel­le­ment exposé.es au risque doivent se voir garan­tir un droit de retrait.

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Chartres 05-12-2020 Manifestation Retraites

Mettre en oeuvre des mesures d’ur­gence pour les mal logés ou sans abris

Les mal logés et sans logis sont en pre­mière ligne, sus­cep­tibles d’être dure­ment affec­tés si l’épidémie gagne du ter­rain. Des mesures d’urgence doivent être appli­quées, au-delà du pro­lon­ge­ment de la trêve hiver­nale : réqui­si­tion des loge­ments vacants, mora­toire sur la baisse des aides au loge­ment, sur les cou­pures d’énergie et d’eau, etc.
En matière éco­no­mique, les mesures d’urgence doivent en prio­ri­té aller aux entre­prises sous-trai­tantes et aux PME, qui sont en géné­ral les pre­mières vic­times des contrac­tions subites de l’activité, afin d’assurer aux sala­riés de ces entre­prises le main­tien de leurs emplois et de leurs salaires.
Alors que deux krachs bour­siers viennent de se dérou­ler coup sur coup, le jeu de ping-pong entre la BCE et les États-membres, qui se ren­voient la res­pon­sa­bi­li­té d’une réponse éco­no­mique appro­priée en poin­tant leurs insuf­fi­sances réci­proques, comme l’a fait Emmanuel Macron ce jeu­di 12 mars, est pro­pre­ment irres­pon­sable. Il est urgent que les États de l’UE, plu­tôt que prendre des mesures uni­la­té­rales, pro­posent un front uni, une soli­da­ri­té entre pays — comme ça aurait du être le cas avec l’Italie — et des mesures sani­taires, éco­no­miques et finan­cières qui soient à la hau­teur des enjeux.

Appel à la vigilance

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Chartres 05-12-2020 Manifestation Retraites

Dans cette optique, face à Donald Trump qui prend des mesures uni­la­té­rales dis­cu­tables, la Commission euro­péenne doit immé­dia­te­ment ces­ser de négo­cier un accord com­mer­cial annon­cé pour la semaine pro­chaine (le 18 mars) : l’urgence est de résoudre la crise sani­taire et de limi­ter autant que faire se peut les consé­quences sociales, pas d’approfondir la mon­dia­li­sa­tion néo­li­bé­rale en accé­dant aux exi­gences de l’hôte de la Maison-Blanche.
Enfin, puisque Emmanuel Macron a ren­voyé au gou­ver­ne­ment la mise en œuvre de nombre de ses décla­ra­tions res­tées géné­rales, Attac France appelle à faire preuve de la plus grande vigi­lance vis-à-vis de la façon dont ces enga­ge­ments seront mis en œuvre.

 

ATTAC-France