Déconfinement : Il faut des garanties sanitaires pour tou•te•s

 

 

Logo E! CommuniquéSuite aux annonces d’Emmanuel Macron, le mou­ve­ment Ensemble! pointe les dan­gers d’un décon­fi­ne­ment selon les moda­li­tés qu’il a déci­dées. Ensemble! exige des garan­ties sani­taires et sug­gère des pistes pour recons­truire un futur.

 

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Lundi 13 avril, Emmanuel Macron a annon­cé un décon­fi­ne­ment pro­gres­sif à par­tir du 11 mai mais sans don­ner aucune garan­tie réelle de pou­voir faire face à l’épidémie et d’empêcher un rebond bru­tal du nombre de malades. Pour lever le confi­ne­ment, il faut que des tests mas­sifs soient réa­li­sés sur la popu­la­tion, que celle-ci soit pro­té­gée, notam­ment en géné­ra­li­sant le port du masque dis­tri­bué mas­si­ve­ment et régu­liè­re­ment. Et en rela­tion avec ces exi­gences, que l’organisation du tra­vail soit adap­tée pour répondre aux exi­gences sani­taires et de sécu­ri­té pour les salariés.

Emmanuel Macron ne répond à aucune de ces exi­gences. Au contraire, il prend une déci­sion dan­ge­reuse : les tests ne seraient effec­tués que sur les per­sonnes pré­sen­tant des symp­tômes. Alors que la majo­ri­té des ins­tances sani­taires défend une poli­tique de test géné­ra­li­sée car la plu­part des per­sonnes infec­tées n’ont aucun symp­tôme et néces­sitent une mise à l’écart dans des lieux spé­ci­fiques (hôtels réqui­si­tion­nés…) pour limi­ter la conta­gion. C’est la même erreur que celle faite par le gou­ver­ne­ment qui indi­quait que les masques n’étaient néces­saires que pour les soi­gnants. C’est une poli­tique irres­pon­sable et dan­ge­reuse. Macron devrait écou­ter les per­son­nels hos­pi­ta­liers plu­tôt que le MEDEF.

L’ouverture des écoles le 11 mai, sans garan­tie sani­taire pour les per­son­nels, les enfants et les parents porte le risque majeur d’une réplique de la pan­dé­mie. En tout état de cause, une réou­ver­ture ne peut être envi­sa­geable sans qu’il soit mis à dis­po­si­tion les moyens maté­riels néces­saires (locaux, per­son­nels d’encadrement, moyens sani­taires…). Le sou­ci est moins de veiller à la san­té de toutes et tous que de per­mettre de ren­voyer les parents au tra­vail. Le MEDEF a d’ailleurs expri­mé sa satisfaction.

Après avoir refu­sé un confi­ne­ment plus impor­tant en arrê­tant toute les acti­vi­tés éco­no­miques non essen­tielles, qui aurait per­mis de réduire la pro­pa­ga­tion du virus ces der­nières semaines, il pri­vi­lé­gie la relance de l’activité économique.

Sur la forme, Emmanuel Macron a chan­gé de tona­li­té.  Il est obli­gé d’admettre qu’il y a eu des « failles », des « ratés » dans la ges­tion gou­ver­ne­men­tale.  Mais c’est parce que toute la popu­la­tion, les syn­di­cats, les asso­cia­tions, les per­son­nels soi­gnants, les chaînes de soli­da­ri­té, le lui ont fait savoir : en « démas­quant » les men­songes en moyens maté­riels (masques, blouses, tests) ; en retard d’approvisionnement pour rai­sons d’austérité fré­né­tique, ou de dépen­dance envers les réseaux inter­na­tio­naux de pro­duc­tion ren­tables à flux ten­du (notam­ment les médi­ca­ments ou appa­reils sanitaires)

Certes le confi­ne­ment est dou­lou­reux pour nous tou·te·s et notam­ment pour les plus pré­caires. Nous avons donc tou·t·es besoin d’être rassuré·e·s, de com­prendre le calen­drier, mais sur­tout de solidarité.

Sur la ques­tion de l’école, il est sûr que les inéga­li­tés sco­laires s’accroissent dans le confi­ne­ment. Donc la sor­tie de crise implique des garan­ties col­lec­tives dont il ne faut pas lais­ser la déci­sion à l’État seul. La même exi­gence doit pré­va­loir dans l’éventuelle reprise de l’activité éco­no­mique : contrôle popu­laire, droit de veto sur les déci­sions de reprise, remise en place totale des Comités d’hygiène et sécu­ri­té-condi­tions de tra­vail (CHSCT).

Puisque de grands moments his­to­riques, de la Révolution Française à la Libération, sont  évo­qués par Emmanuel Macron, il convient d’y oppo­ser notre volon­té que plus rien ne soit comme avant. Après ce choc épi­dé­mique et éco­no­mique mon­dial, le tra­vail doit chan­ger, la finan­cia­ri­sa­tion doit dis­pa­raitre, l’humain doit être la prio­ri­té.  Il faut « recons­truire un futur » comme le pro­clame l’appel #PlusJamaisCa des 18 orga­ni­sa­tions syn­di­cales et asso­cia­tives, dont il faut mas­si­ve­ment sou­te­nir la péti­tion.
Discutons de poser les jalons d’un plan natio­nal de déve­lop­pe­ment humain et éco­lo­gique, de sécu­ri­té sociale, de démo­cra­tie, et de mobi­li­sa­tion populaire.

Des pre­mières pistes non exhaus­tives pour­raient s’articuler autour des exi­gences suivantes :

* Des garan­ties abso­lues de sécu­ri­té sani­taire : aucune réou­ver­ture d’école sans avis médi­cal et consul­ta­tion de la com­mu­nau­té édu­ca­tive (syn­di­cats et parents d’élèves) sur les dis­po­si­tifs envi­sa­gés.  La même exi­gence doit pré­va­loir dans le tra­vail : avis des syn­di­cats et  droit de veto sur les déci­sions de reprise, remise en place totale des Comités d’hygiène et sécu­ri­té-condi­tions de tra­vail (CHSCT).

* Contre un effon­dre­ment éco­no­mique dévas­ta­teur : annu­la­tion immé­diate et uni­la­té­rale de toutes les dettes pour sau­ver l’économie réelle (notam­ment arti­sa­nale et indé­pen­dante), mais pas de sou­tien à la finance pré­da­trice ni aux mul­ti­na­tio­nales gor­gées de pro­fits du CAC 40; décret d’é­tat d’ur­gence sani­taire pour faire jouer la soli­da­ri­té finan­cière des groupes d’as­su­rance; annu­la­tion des dettes des pays afri­cains en urgence et sou­tien à leurs mesures sanitaires

* Sécurité et ren­for­ce­ment des droits sociaux, éga­li­té des droits :

- la garan­tie à 100% des salaires dans le sec­teur pri­vé avec un SMIC reva­lo­ri­sé et la mise en place d’une Sécurité sociale uni­ver­selle incluant les chômeurs-euses ;

- une hausse géné­rale des trai­te­ments dans les ser­vices publics et la fonc­tion publique : per­son­nel hos­pi­ta­lier, ensei­gnant-es, etc.

- régu­la­ri­sa­tion des sans-papiers et accueil des réfugiés ;

* Transition éco­lo­gique, éco­no­mique et auto­ges­tion des biens communs :

- un plan com­plet de déve­lop­pe­ment des ser­vices publics et de relo­ca­li­sa­tion des indus­tries d’utilité publique sous contrôle populaire ;

- un plan éco­lo­gique et d’agro-écologie en dia­logue avec les pro­po­si­tions de la Convention citoyenne pour le climat ;

- appro­pria­tion publique et auto­ges­tion des sec­teurs de pre­mière nécessité…

C’est ce qu’il faut déve­lop­per de toute urgence en ras­sem­blant les forces de gauche et éco­lo­gistes qui par­tagent ces objectifs.

 

15/04/2020