Nous avons des divergences
mais besoin de nous fédérer

Une nou­velle ini­tia­tive pour construire le monde d’a­près, très inté­res­sante, vient de voir le jour et elle affirme : “Nous avons des diver­gences. Mais, face à l’urgence et à sa gra­vi­té, nous pou­vons les dépas­ser, ne pas recon­duire d’éternels cli­vages et faire com­mune. Une coopé­ra­tive d’élaborations, d’initiatives et d’actions don­ne­rait plus de puis­sance à nos pra­tiques mises en par­tage”.

Les ini­tia­teurs pré­sentent ain­si le pro­jet :

Nous vou­lons for­mer un mou­ve­ment qui puisse popu­la­ri­ser, dif­fu­ser, média­ti­ser les pers­pec­tives et les enjeux de notre appel : faire qu’il deviennent l’appel de cha­cune et cha­cun. Dès que nous aurons ras­sem­blé de nou­velles forces, nous orga­ni­se­rons une ren­contre dont nous déci­de­rons ensemble les modalités.

Il y a par­mi nous beau­coup de talents, de savoirs et de savoir-faire : leur par­tage et leur mise en com­mun consti­tue­ront “une force qui va”. Une prio­ri­té sera de créer un “vrai” site inter­net où nous pour­rons mettre, outre l’ap­pel, des pre­miers textes qui nous seront pro­po­sés ou que nous éla­bo­re­rons col­lec­ti­ve­ment : de tous for­mats, textes théo­riques, récits d’ex­pé­riences, témoi­gnages, mais aus­si des créa­tions artis­tiques (films, poèmes com­po­si­tions musi­cales, créa­tions plas­tiques…). Nous pour­rons aus­si y dépo­ser des pho­tos, des vidéos, des porte-folios, des des­sins, réa­li­ser des pod­casts, des émis­sions, ras­sem­bler des infor­ma­tions pour une news­let­ter sur des ini­tia­tives et des actions.

Les idées ne nous man­que­ront pas. “Se fédé­rer” (appel­la­tion pro­vi­soire puisque nous aurons à ima­gi­ner un nom pour cette coopérative/ ras­sem­ble­ment) entend bien en effet n’être ni une tri­bune, ni un énième appel : mais une force dans laquelle cha­cune et cha­cun pour­ra prendre sa place et par­ti­ci­per à sa mesure.

D’ores et déjà, nous vous pro­po­sons de com­men­cer à réflé­chir aux thé­ma­tiques qui vous tiennent à cœur (outre bien sûr les enjeux trans­ver­saux qui nous pré­oc­cupent) pour d’é­ven­tuels groupes/ateliers dans les­quels vous sou­hai­te­riez vous enga­ger. Les pos­si­bi­li­tés sont nom­breuses et nous en dres­se­rons toutes et tous ensemble un pano­ra­ma. Exemple: ali­men­ta­tion, éner­gie, éco­lo­gie, art, tra­vail, coopé­ra­tives, vio­lences poli­cières, fémi­nismes, anti­ra­cisme, consom­ma­tion, loge­ment… (sans aucun ordre hié­rar­chique évi­dem­ment et sans exhaustivité).

N’hésitez pas à nous faire part de vos idées et pro­po­si­tions : appelsefederer@riseup.net. Nous avons consti­tué une petite équipe tech­nique d’a­ni­ma­tion évo­lu­tive et ouverte à qui le sou­haite (là aus­si, faites-nous signe si vous sou­hai­tez y prendre part).

Si vous avez des com­pé­tences par­ti­cu­lières (vidéos, créa­tion et ani­ma­tion de site, tra­duc­tion — d’ores et déjà l’ap­pel a été tra­duit en anglais et en ita­lien), elles seront les bienvenues !”

Les 400 pre­miers signataires

  • Signatures indi­vi­duelles :

    Nicole Abravanel, Étienne Adam, Christophe Aguiton, Omar Aktouf, Dominique Alcalde, Jean-Claude Amara, Anne-Laure Amilhat Szary, Nica Andersson, Franck Antoine, Sonia Anton, Philippe Arnaud, Arsija, Emmanuel Arvois, Sophie Asselineau, Jacky Assoun, Françoise Attiba, Claude Bailblé, Bernard Baissat, Benjamin Ball, Philippe Banka, Ludivine Bantigny, Philippe Barre, Maya Basila, Christophe Baticle, Franc Bardou, Stefan Bekier, Gilbert Belgrano, Brigitte Bellard, Olivier Belmontant, Cecilia Benevides, Rémi Bénos, Camille Besombes, Judith Bernard, Alain Bertho, Eric Beynel, Jacques Bidet, Annick Bienfait, Stéphane Bikialo, Sylvain Billot, Philippe Blanchet, Elisabetta Blarasin, Evelyne Bleu, Françoise Bloch, Frédéric Bodin, Giulia Boccato, Christophe Boëte, Pascal Boissel, Françoise Boman, Véronique Bontemps, Thierry Borderie, Mathieu Borie, Benoit Borrits, Bernard Bosc, Claude Boucher, Guillaume Bouchon, Stephen Bouquin, Aïcha Bourad, Leila Bourad, Driss Boussaoud, Jacques Boutault, Sarah Boyé, François Brun, Pascal Buresi, Noëlle Burgi-Golub, Laurent Bussière Saint-André, Marie-Claire Cailletaud, Claude Calame, Stéphanie Calvo, Jérôme Camus, Patrice Candillon, Sébastien Canet, Cécile Canut, Pépita Car, Denis de Casabianca, Jean-Pierre Castex, Jean-Noël Castorio, Aurélien Catin, Thierry Cayot, Marc Cefallo, Christian Celdran, Dominique Cellier, Jean-Marc Cerino, Frédéric Certain, Catherine Chabrun, Gérard Chaouat, Siegfried Chapotin, Maureen Chappuit, Marie-Paule Chardon, Eric Charles, Bernard Charlot, Heidi Charvin, Luc Chelly, Nara Cladera, Charlotte Cléro, Yves Cohen, Gérald Collas, Hélène Collon, Marie-Agnès Combesque, Jean-Louis Comolli, Pierre Contesenne, Antonella Corsani, Annick Coupé, Saskia Cousin, François Coustal, Léon Crémieux, Marcel Cunin, Laurence D., Alain Damasio, Antoine Dandonneau, Daniel Davoust, Guillaume Davranche, Vincent Debierre, Marielle Debos, Hugues Débotte, Hélène de Casabianca, Laurence De Cock, Eric Decamps, Stéphanie Dechezelles, Sophia Deeg, Hervé Defalvard, Michel Defalvard, Christian Delacroix, Frédéric Delarue, Jean-René Delépine, Jean-Étienne Delerue, Christine Delphy, Bruno Della Suda, Christian de Montlibert, Robert Descimon, Pierrick Descottes, Romain Descottes, Emmanuel Dessendier, Catherine Deston-Bottin, Rom Desh, Michel Defalvard, Sophie Desrosiers, Delphine Dieu, Serge D’Ignazio, Paul Dirkx, Joss Dray, Marnix Dressen-Vagne, Jean-François Dubost, Frédéric Dufaux, Jean-Michel Dufays, William Dufourcq, Anne Dufresne, Alice Dumoulin, Hélène Duvialard, Stéphane Elmadjian, Jean-Paul Engélibert, Stéphane Enjalran, Didier Epsztajn, Annie Ernaux, Evelyne, Kévin Espinas, Ignacio Eyraud,Jean-Claude Eyraud, Laurent Eyraud-Chaume, Guillaume Faburel, Patrick Farbiaz, Dimitris Fasfalis, Jean Fauché, Daniel Faugeron, Pascale Fautrier, Mathieu Ferradou, Alexandre Ferran, Mathieu Fernandez, Renaud Fiévet, Yann Fiévet, Gérard Filoche, Sylviane Finucci, Marianne Fischman, Fabrice Flipo, Jeremie Foa, Jacques Fontaine, Paquita Franco Blanchard, Alain Frappier, Désirée Frappier, Yves Frémion, Bernard Friot, Karën Fort, Jacques Fortin, Jean-François Foussard, Fanny Gallot, Alain Gallucci, Edith Galy, Florent Gaudez, Franck Gaudichaud, Vincent Gay, Bertrand Geay, Julie Gervais, Jean-Pierre Gesbert, Denis Gheerbrant, Guy Giani, Pascale Gillot, Pierre-Eliel Girard, Marie Giudicelli, Julien Gonthier, Daniel Gostain, Renée Gramaize, Christophe Granger, Nicolas Gregori, Lena Grigoriadou, Frédéric Grimaud, Jannine Guespin, Bernard Giudicelli, Elie Haddad, Jeanne Haugoubart Bonnefoy, Jean-Marie Harribey, Samuel Hayat, Benoît Hazard, Odile Hélier, Marc Herpoux, Leila Hicheri, Thomas Hippler, Céline Hollebecq, Maryvonne Holzem, Thierry Huve, Mathias Isimat-Mirin, Magali Jacquemin, Nicole Jacques-Lefèvre, Bruno Jacquin, Daniel Jeanneteau, Sylvain Jay, Samy Johsua, Anne Jollet, Claude Kaiser, Claudine Katz, Jacques Kebadian, Hervé Kern, Marjorie Keters, Pierre Khalfa, Mohamed Khenniche, Jean-Luc Kop, Isabelle Krzywkowski, Anne Kubler, L’1consolable, Dominique Labourier, Marc Lacreuse, Jean Lafont, Floriane Lagree, Véronique Lamendour, Francis Landron, Sylvie Lange, Patrick Lao, Mathilde Larrère, Sylvie Larue, Fabienne Lauret, Ginette Lavigne, Stéphane Lavignotte, Patrick Laurenceau, Pascal Le Brun, Perrine Leclercq, Michelle Lecolle, Sylvie Le Cocq, Hervé Le Crosnier, Manu Leduc, Dominique Lefèvre, Corinne Le Fustec, Jean Le Gal, Bernard Lemann, Christophe Lemasson, François Le Méhanèze, Romain Le Meur, Alain Lenud, Yann Leredde, Benoît Leroux, Maelenn Le Roux, Michel Letté, Estelle, Lesbec, Laurent Lévy, Pascal Liberatore, Wenceslas Lizé, Louise Loubrieu, Olivier Long, Camille Louis, Michael Lowy, Agnès Lubin, Raymond Macherel, Fanny Madeline, Christian Mahieux, Chowra Makaremi, Pascal Maillard, Henri Maler, Jean Malifaud, Jean-Claude Mamet, Françoise Maquin, Rémi Marie, Philippe Marlière, Killian Martin, Gilles Martinet, Gustave Massiah, Alain Masson, Christian Maurel, Laurence Maurel, Julie Maurice, Olivier Mayer, Sylvie Mayer, Éliane Meillier, Véronique Melchior, Irène Menahem, Rémi Merindol, Denis Merklen, Henri Mermé, Jean-José Mesguen, Madjid Messaoudene, Isabelle Mestre, Valérie Mettais, Stéphane Michot, Noufissa Mikou, Sylvain Milanesi, Jacques Millet, Sylvie Monchatre, Gilles Monsillon, Ana Doldan Montiel, Bénédicte Monville De Secco, José-Luis Moraguès, Robi Morder, Corinne Morel-Darleux, Marc Moreigne, François Mortamet, Mikael Motelica-Heino, Séverin Muller, Alain Munier, Philippe Nabonnand, Claire Nancy, Corinne Nativel, Joël Nayet, Toni Negri, Olivier Neveux, Michel Noel, Jean Noviel, Gisèle Noublanche, Pierre Odin, Bertrand Ogilvie, Denis Orcel, Isabelle Ouvrard, Cléo Pace, Martine Page, Luca Paltrinieri, Anne Parisot, Do Passeri, Dominique Paturel, Frédéric Paschal, Marie-Claude Paume, Dolores Pazos, Willy Pelletier, Irène Pereira, Évelyne Perrin, Anita Perez, Elsa Peyronne, Christian Pfohl, Valerie Phelippeau, Nicole Phelouzat, Olivier Piazza, Stéphane Pichelin, Alexandre Pierrepont, Marlène Pineau, Suzanne Piot, Alain Pires, Francky Poiriez,Jacques Pompon, Raphael Porteilla, Emmanuelle Posse, Antoine Poulain, Paul Poulain, Véronique Poulain, Claude Pourcher, Stéfanie Prezioso, Pierre Prim, André Prône, Claudio Pulgar-Pinaud, Isabelle Quaglia, Yves Quintal, Makan Rafatjou, Marie Rama-Menahem, Claudine Reboux, Manuel Rebuschi, Minelle Riboni, Marie Richard, Nelly Rintaud, Jacques Rioual, Jacqueline Roche, Anne Rocher, Alice Rodrigues, Daniel Rome, Floréal Romero, Patrick Rossignol, Marc Roudet, Benoît Rougelot, Théo Roumier, Pierre Rousset, Michel Ruff, Gilles Sabatier, Isabelle Saint-Saëns, Sophie Sainte-Marie-Heim, Catherine Samary, Kahena Sanaâ, Maria Eleonora Sanna, Gaëlle Santin, Patrick Saurin, Pierre Sauve, Gabrielle Scarabino, Hélène Schneider, Edouard Schoene, Michel Seigneuret, Pinar Selek, Marie Sellier, Alexandre Siguier, Patrick Silberstein, Isabelle Sire, Frédérique Sitri, Camille Six, Alessandro Stella, Jeanne Studer, Benjamin Tauziac, François Ternynck, Jacques Testart, Edwige Thaille, Fanny Thomas, Sylvie Thomas, Lucky Tiphaine, Jean Tortrat, Vincent Touchaleaume, Jean-Marie Toupin, Véronique Tribouilloy, Julien Troccaz, François Tronche, Béatrice Turpin, Marc Tzwangue, Sixtine van Outryve, Patrick Vassallo, Sarah Vaucelle, Françoise Vergès, Francis Verne, Frédéric Verhaegen, Julien Vigouroux, Pierre Vila, Bastien Villeflayoux, Pascal Vitte, Elise Voguet, Nicolas Voisin, Christiane Vollaire, Sophie Wauquier, Louis Weber, Roger Winterhalter, Béa Whitaker, Sylvie Wolf, Catherine Wolff, Carole Yerochewski, Isabelle Yhuel, Philippe Zarka, Pierre Zarka, Olivia Zemor, Serge Zetlaoui, Jeanne Zoundjihekpon, Élisabeth Zucker

    Signatures col­lec­tives :

    Aggiornamento his­toire-géo, ACU (Association des com­mu­nistes uni­taires), Association De(s)générations, CAPJPO-Europalestine, Cerises la coopé­ra­tive, Changer de Cap, Collectif des révo­lu­tion­naires, Collectif Droit à la Belle Ville, Collect’IF paille, EcoRev’, Émancipation col­lec­tive, Ensemble!-PACG 05, Fédération des syn­di­cats SUD-Rail, Gilets jaunes de Belleville, Gilets jaunes ensei­gne­ment recherche, Gilets jaunes de Plaine Commune, Jardins Communs, Jarez Solidarités, La Suite du monde, Le Paria, Les infil­trés, On prend les champs, PEPS (Pour une éco­lo­gie popu­laire et sociale), Questions de classe(s), Reporters en Colère, Réseau pour l’Autogestion, les Alternatives, l’Altermondialisme, l’Ecologie, le Féminisme, Réseau sala­riat Essonne, Réseau sala­riat Pays de Loire, SUD édu­ca­tion Loiret, SUD édu­ca­tion Paris, Union pro­lé­ta­rienne ML, Union syn­di­cale Solidaires, Union syn­di­cale SUD Industrie, Unité Communiste de Lyon, Union com­mu­niste libertaire.

 

Image-logo Se fédérer

 

L’APPEL

 

Nous sommes nom­breuses, nous sommes nom­breux : nous sommes tant et tant à pen­ser et éprou­ver que ce sys­tème a fait son temps. Mais nos voix sont dis­per­sées, nos appels cloi­son­nés, nos pra­tiques émiet­tées. Au point que quel­que­fois nous dou­tons de nos forces, nous suc­com­bons à la détresse de l’impuissance. Certes, par­fois cette dif­frac­tion a du bon, loin des cen­tra­li­sa­tions et, évi­dem­ment, loin des ali­gne­ments. Il n’empêche : nous avons besoin de nous fédé­rer. Sans doute plus que jamais au moment où une crise éco­no­mique, sociale et poli­tique com­mence de ver­ser sa vio­lence sans faux-sem­blant : gigan­tesque et bru­tale. Si « nous sommes en guerre », c’est bien en guerre sociale. D’ores et déjà les attaques s’abattent, impla­cables : le chan­tage à l’emploi, la mise en cause des liber­tés et des droits, les men­songes et la vio­lence d’État, les inti­mi­da­tions, la répres­sion poli­cière, en par­ti­cu­lier dans les quar­tiers popu­laires, la sur­veillance géné­ra­li­sée, la condes­cen­dance de classe, les dis­cri­mi­na­tions racistes, les pires indi­gni­tés faites aux pauvres, aux plus fra­giles, aux exilé·e·s. Pour une par­tie crois­sante de la popu­la­tion, les condi­tions de loge­ment, de san­té, d’alimentation, par­fois tout sim­ple­ment de sub­sis­tance, sont catas­tro­phiques. Il est plus que temps de retour­ner le stig­mate contre tous les mau­vais clas­se­ments. Ce qui est « extrême », ce sont bien les inéga­li­tés ver­ti­gi­neuses, que la crise creuse encore davan­tage. Ce qui est « extrême », c’est cette vio­lence. Dans ce sys­tème, nos vies vau­dront tou­jours moins que leurs profits.

 

Nous n’avons plus peur des mots pour dési­gner la réa­li­té de ce qui opprime nos socié­tés. Pendant des décen­nies, « capi­ta­lisme » était deve­nu un mot tabou, ren­voyé à une injonc­tion sans alter­na­tive, aus­si évident que l’air res­pi­ré – un air lui-même de plus en plus infec­té. Nous mesu­rons désor­mais que le capi­ta­lo­cène est bien une ère, des­truc­trice et mor­ti­fère, une ère d’atteintes mor­telles faites à la Terre et au vivant. L’enjeu ne se loge pas seule­ment dans un néo­li­bé­ra­lisme qu’il fau­drait com­battre tout en reve­nant à un capi­ta­lisme plus « accep­table », « vert », « social » ou « réfor­mé ». Féroce, le capi­ta­lisme ne peut pas être maî­tri­sé, amen­dé ou boni­fié. Tel un vam­pire ou un trou noir, il peut tout aspi­rer. Il n’a pas de morale ; il ne connaît que l’égoïsme et l’autorité ; il n’a pas d’autre prin­cipe que celui du pro­fit. Cette logique dévo­ra­trice est cynique et meur­trière, comme l’est tout pro­duc­ti­visme effré­né. Se fédé­rer, c’est répondre à cette logique par le col­lec­tif, en faire la démons­tra­tion par le nombre et assu­mer une oppo­si­tion au capi­ta­lisme, sans ima­gi­ner un seul ins­tant qu’on pour­rait pas­ser avec lui des compromis.

 

Mais nous ne sommes pas seule­ment, et pas d’abord, des « anti ». Si nous n’avons pas de pro­jet clé en mains, nous sommes de plus en plus nom­breuses et nom­breux à théo­ri­ser, pen­ser mais aus­si pra­ti­quer des alter­na­tives cré­dibles et tan­gibles pour des vies humaines. Nous avons besoin de les mettre en com­mun. C’est là d’ailleurs ce qui unit ces expé­riences et ces espé­rances : les biens com­muns fon­dés non sur la pos­ses­sion mais sur l’usage, la jus­tice sociale et l’égale digni­té. Les com­muns sont des res­sources et des biens, des actions col­lec­tives et des formes de vie. Ils per­mettent d’aspirer à une vie bonne, en chan­geant les cri­tères de réfé­rence : non plus le mar­ché mais le par­tage, non plus la concur­rence mais la soli­da­ri­té, non plus la com­pé­ti­tion mais le com­mun. Ces pro­po­si­tions sont solides. Elles offrent de conce­voir un monde dif­fé­rent, débar­ras­sé de la course au pro­fit, du temps ren­table et des rap­ports mar­chands. Il est plus que jamais néces­saire et pré­cieux de les par­ta­ger, les dis­cu­ter et les diffuser.

 

Nous savons encore que cela ne suf­fi­ra pas : nous avons conscience que la puis­sance du capi­tal ne lais­se­ra jamais s’organiser pai­si­ble­ment une force col­lec­tive qui lui est contraire. Nous connais­sons la néces­si­té de l’affrontement. Il est d’autant plus impé­rieux de nous orga­ni­ser, de tis­ser des liens et des soli­da­ri­tés tout aus­si bien locales qu’internationales, et de faire de l’auto-organisation comme de l’autonomie de nos actions un prin­cipe actif, une patiente et tenace col­lecte de forces. Cela sup­pose de popu­la­ri­ser toutes les formes de démo­cra­tie vraie : bri­gades de soli­da­ri­té telles qu’elles se sont mul­ti­pliées dans les quar­tiers popu­laires, assem­blées, coopé­ra­tives inté­grales, comi­tés d’action et de déci­sion sur nos lieux de tra­vail et de vie, zones à défendre, com­munes libres et com­mu­naux, com­mu­nau­tés cri­tiques, socia­li­sa­tion des moyens de pro­duc­tion, des ser­vices et des biens… Aujourd’hui les per­son­nels soi­gnants appellent à un mou­ve­ment popu­laire. La pers­pec­tive est aus­si puis­sante qu’élémentaire : celles et ceux qui tra­vaillent quo­ti­dien­ne­ment à soi­gner sont les mieux à même d’établir, avec les col­lec­tifs d’usagers et les malades, les besoins quant à la san­té publique, sans les mana­gers et experts auto­pro­cla­més. L’idée est géné­ra­li­sable. Nous avons légi­ti­mi­té et capa­ci­té à déci­der de nos vies – à déci­der de ce dont nous avons besoin : l’auto-organisation comme manière de prendre nos affaires en mains. Et la fédé­ra­tion comme contre-pouvoir.

 

Nous n’avons pas le féti­chisme du pas­sé. Mais nous nous sou­ve­nons de ce qu’étaient les Fédérés, celles et ceux qui ont vou­lu, vrai­ment, chan­ger la vie, lui don­ner sens et force sous la Commune de Paris. Leurs mou­ve­ments, leurs cultures, leurs convic­tions étaient divers, répu­bli­cains, mar­xistes, liber­taires et par­fois tout cela à la fois. Mais leur cou­rage était le même – et leur « salut com­mun ». Comme elles et comme eux, nous avons des diver­gences. Mais comme elles et comme eux, face à l’urgence et à sa gra­vi­té, nous pou­vons les dépas­ser, ne pas recon­duire d’éternels cli­vages et faire com­mune. Une coopé­ra­tive d’élaborations, d’initiatives et d’actions don­ne­rait plus de puis­sance à nos pra­tiques mises en par­tage. Coordination infor­melle ou force struc­tu­rée ? Ce sera à nous d’en déci­der. Face au dis­cours domi­nant, aus­si insi­dieux que ten­ta­cu­laire, nous avons besoin de nous allier, sinon pour le faire taire, du moins pour le contrer. Besoin de nous fédé­rer pour mettre en pra­tique une alter­na­tive concrète et qui donne à espérer.

 

Dès que nous aurons ras­sem­blé de pre­mières forces, nous orga­ni­se­rons une ren­contre dont nous déci­de­rons évi­dem­ment ensemble les modalités.

 

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Le site pro­vi­soire de l’ap­pel Se fédé­rer est acces­sible ici. On peut y signer l’appel.