Soutien aux réfugiés : La police
a voulu piéger Cédric Herrou

Par Émilien Urbach, mar­di 23 Janvier 2018, humanité.fr

Hérou par Fred SochardL’agriculteur a été arrê­té pour la neu­vième fois, jeu­di, et rete­nu 26 heures. Un coup monté.

Après la dia­tribe anti-soli­daires du pré­sident Macron, mar­di der­nier, à Calais, les inti­mi­da­tions poli­cières à l’encontre de ceux qui tendent la main aux réfu­giés, dans les Alpes-Maritimes, conti­nuent de plus belle. Cédric Herrou, pay­san emblé­ma­tique de la bataille pour la défense des droits des réfu­giés à la fron­tière fran­co-ita­lienne, en a fait, une fois encore, les frais ce jeu­di 18 décembre. L’agriculteur s’est fait arrê­ter au péage de La Turbie, sur l’autoroute A10, alors qu’il se ren­dait à Nice pour livrer les pro­duits de son exploi­ta­tion à quelques com­mer­çants. Il a été pla­cé en réten­tion pen­dant 26 heures pour avoir contre­ve­nu au contrôle judi­ciaire lui inter­di­sant de se rendre en Italie.

La jus­tice n’est pas tom­bée dans le panneau

et a fina­le­ment ordon­né la libé­ra­tion du paysan

Pour se rendre à Nice, Cédric Herrou doit, depuis cet été, suite à son inter­pel­la­tion, à Cannes, en com­pa­gnie de 156 deman­deurs d’asile, suivre les routes sinueuses de l’arrière-pays. Mais les intem­pé­ries de ces der­niers temps avaient ren­du la route impra­ti­cable. Seule solu­tion pour faire ses livrai­sons d’œufs extra­frais et de tape­nade : des­cendre la val­lée de la Roya jusqu’à Vintimille pour prendre l’autoroute. En che­min, l’agriculteur est d’abord sui­vi de près par une voi­ture de police ita­lienne. Arrivé au péage, il remarque la pré­sence de poli­ciers en civil et d’une voi­ture bana­li­sée d’où on le filme. « Je me suis tout de suite dit que cette livrai­son allait mal tour­ner », avoue le citoyen soli­daire, sans se cacher d’avoir eu peur de finir, cette fois-ci, en pri­son. Quelques kilo­mètres après Menton, pas moins de dix poli­ciers lui sont tom­bés des­sus, le fai­sant sor­tir de son véhi­cule, le pla­quant contre un camion et lui pas­sant les menottes dans le dos.

« On a ten­du un piège à mon client, s’insurge Zia Oloumi, l’avocat de Cédric Herrou. Il avait fait par­ve­nir un fax à la pré­fec­ture pour pré­ve­nir qu’il était obli­gé de suivre cette route suite aux ébou­le­ments de la semaine der­nière et avait déjà eu affaire aux gen­darmes mobiles la semaine pré­cé­dente. » Mais les poli­ciers ont omis d’en infor­mer la juge d’instruction qui a reçu Cédric le len­de­main de son arres­ta­tion. « Ils ont éga­le­ment adap­té leur dépo­si­tion à la mienne pour me coin­cer, déclare l’agriculteur. Leurs décla­ra­tions ont chan­gé pen­dant la nuit de mon pla­ce­ment en réten­tion. » La jus­tice n’est heu­reu­se­ment pas tom­bée dans le pan­neau et a fina­le­ment ordon­né la libé­ra­tion du pay­san. Depuis le 5 décembre, ce der­nier attend une réponse à sa demande de nul­li­té dans la pro­cé­dure qui a ouvert la voie à ce contrôle judiciaire.

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