Accessibilité pour les handicapés :
Non aux régressions de la loi ELAN !
L’esplanade devant le monument Jean Moulin à Chartres connait bien des événements, depuis les cérémonies officielles avec dépôt de gerbes jusqu’aux manifestations syndicales. Celui qui s’est déroulé le mercredi 26 septembre, s’il était revendicatif comme ces dernières, avait un caractère inhabituel par la participation de près d’une cinquantaine de personnes à mobilité réduite avec leur canne ou dans leur fauteuil roulant (plus une vingtaine d’accompagnants solidaires). Dans le cadre d’une journée nationale « pour une meilleure accessibilité », la délégation départementale d’APF-France Handicap avait appelé à ce rassemblement. Table de documentation, banderoles et panneaux accrochés aux poteaux ou déposés sur la végétation interpellaient les passants à l’heure de la pause de midi. Nombre de participants, brandissant une pancarte, agitant une crécelle ou tapant sur un tambourin contribuaient aussi à attirer l’attention.
Gérard Prier, au nom du Conseil départemental de l’association expose la situation : « La loi de 2005[1], qui est un peu la bible pour nous tous, avait prévu, dans un délai de 10 ans, que la totalité du parc de logement, nouveaux notamment, soit accessible […] Le gouvernement actuel met à mal la loi de 2005. » Alors que cet objectif est très loin d’être atteint, la loi ELAN, en discussion, prévoit de fixer à seulement 20% le taux des logements neufs équipés pour les personnes handicapées.
Des villes importantes d’E&L qui n’ont pas déposé de plan de travaux d’accessibilité
Concernant la mobilité, il y a nécessité d’un aménagement de la cité. Gérard Prier, prend l’exemple d’Épernon où beaucoup de trottoirs ne sont pas assez larges pour permettre le passage des fauteuils roulants. « Pour les travaux de mise en accessibilité des ERP (établissements recevant du public), les collectivités locales avaient des obligations de déposer des dossiers d’Ad’AP[2] en Préfecture, nous sommes actuellement à 50% seulement de dépôts (voir texte en vert ci-après). […] Il y a de très grosses communes qui n’ont pas fait l’obligation de prévoir et déposer… Châteaudun, Vernouillet, Nogent-le-Roi, cela malgré les relances. […] Il faut donc intensifier l’action, il faut maintenir la mobilisation sur les pouvoirs publics ».
Pour les transports publics, pour les communes historiques de la « vieille » agglomération (Chartres et ses villes-banlieues) « la situation est à peu près maîtrisée pour ce qui est du transport intra muros, les bus ont été aménagés […] dès lors qu’il s’agit d’aller au-delà, c’est compliqué […] il faut s’inscrire longtemps à l’avance pour le transport à la demande, 8 à 15 jours… et vous ne pourrez pas aller très loin. […] C’est moins bien à Dreux, Nogent-le-Rotrou et Châteaudun et c’est la cata en milieu rural ». Cela entraîne l’isolement des personnes qui ne peuvent participer, par exemple, aux activités de l’association ou les empêche d’avoir un emploi. L’orateur cite le cas d’un jeune de Maintenon, formé, qui obtient un CDI dans une gosse entreprise de l’agglomération chartraine et qui ne peut se rendre sur son lieu de travail faute de transport adapté.
“Tout ce qu’on croyait acquis est en train de se détricoter”
Gérad Prier conclut : « Il ne faut jamais croire que les choses sont acquises […] la loi de 2005 avait créé l’espoir que nous avions tout gagné : l’entrée à l’école, l’entrée à l’université, l’accès à l’emploi, l’accès à la ville, la participation aux équipements sportifs… mais là, on est dans une période où tout ce qu’on croyait acquis est en train de se détricoter… Reprenons de l’élan, reprenons la rue pour faire valoir qu’il y a des renoncements qui ne sont pas acceptables, que l’un des enjeux de notre société c’est de vivre ensemble, c’est la participation des personnes quelle que soient leur nature, leur condition ».
Les manifestants entament alors une ronde en fauteuils en criant à l’adresse des pouvoirs publics « Accès pour tous ! »
________
Eure-et-Loir
Accessibilité des Établissements recevant du Public (ERP) et des transports publics
Données de la Préfecture d’E&L communiquées par la délégation d’E-&-L de APF-France Handicap
- 50% des ERP ont fait l’objet d’une démarche d’accessibilité (25% sont déclarés accessibles / 25% sont inscrits dans une Ad’AP)
- 60% des communes (pour leurs ERP) ne sont pas entrées dans une démarche Ad’AP)
- Des SD’AP[3] toujours non déposées par les autorités organisatrices de transport.
________
Notes
[1] Loi pour l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées a été votée le 11 février 2005.
[2] Agendas d’accessibilité programmée. Ils ont été introduits par le gouvernement en 2014 et peuvent durer jusqu’à 3 ans.
[3] Schéma directeur d’accessibilité programmée. Il concerne les services publics de transports.