Ce que la colère des “gilets jaunes” révèle

Rond-point de Margon à l’entrée de Nogent-le-Rotrou, le 24 novembre
Ce mouvement atypique touche l’Eure-et-Loir autant que les autres départements. Des groupes occupent des ronds-points à Chartres-Barjouville, à Dreux-St Rémy et au giratoire des Fenots, à Châteaudun, à Nogent-le-Rotrou-Margon, etc. En tout, neufs lieux de blocage ou de barrages filtrants recensés le 23 novembre.
Salariés, retraités, chômeurs, précaires ont de vrais motifs de colère, qu’ils habitent les métropoles ou les villages.
Leur mobilisation autour du prix de l’essence, auquel s’ajoute souvent la dénonciation d’un pouvoir d’achat en berne, obtient de la part du gouvernement des réponses hautaines et dérisoires. De son côté, Macron espère le pourrissement. Le mouvement social a connu cela dans de nombreux combats syndicaux menés depuis plusieurs années. Ce qui manque, c’est la convergence des luttes que pourrait rendre possible une analyse des causes, compatible et consciente. Car les injustices sont nombreuses : c’est la suppression de l’ISF au profit des 5% les plus riches qui s’accaparent les richesses créées par les salariés, c’est le contrôle accru des chômeurs au lieu des fraudeurs fiscaux, c’est la destruction des services publics au profit du privé, c’est le tout-camion et le tout-voiture, etc. Mais cette analyse globale du libéralisme capitaliste fait défaut.
Pour le mouvement des « gilets jaunes », obtenir la seule baisse du prix de l’essence par celle de la taxe intérieure sur les produits énergétiques (la TICPE) ne serait qu’une petite victoire sans lendemain.
Pour lutter contre les taxes et impôts indirects (qui sont les prélèvements les plus inégalitaires), pour gagner des améliorations de salaires substantielles, pour donner du travail et un logement décent à tous, pour enrayer la crise climatique sans pénaliser les salariés modestes, pour que les jeunes générations aient un avenir enviable, il faut que se construise une lutte commune de toutes les forces populaires, sans exclusive (d’âges, de sexe, d’origines, militants ou non, etc.)
Alors, que faire de ces mouvements, de ces colères ?
Imaginer, en commun, une autre politique devient urgent. Entre autres solutions, portées par les syndicats et les organisations politiques de gauche et écologistes :
- Le rétablissement de l’impôt sur la fortune,
- L’augmentation des salaires, des pensions, des minimas sociaux,

Rond-point de Margon à l’entrée de Nogent-le-Rotrou, le 24 novembre
- La baisse de la TVA sur tous les produits de première nécessité,
- Le développement des zones urbaines et rurales à l’abandon,
- Des transports en commun en zones rurales et urbaines, en allant vers la gratuité ; le maintien, l’entretien et l’ouverture de petites lignes SNCF,
- La taxation des grands pollueurs (aviation, poids lourds, grosses entreprises, sans oublier Total !),
- L’abandon des grands projets inutiles imposés : dans notre département, abandon de la construction de l’A154, coûteuse, privée, polluante, mangeuse de terres agricoles,
- La création d’emplois, notamment nécessaires dans les domaines environnementaux…
Les mouvements gagneraient à se rapprocher, afin d’imposer un changement radical de politique
Avec ou sans drapeau, avec ou sans gilet jaune,
Mais par le débat démocratique et populaire.
ASSEZ D’INJUSTICES !
Ensemble28.forum28.net
Le 23 nov. 2018
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