Chartres, 14 décembre : Deux
cortèges pour une colère partagée
Vendredi 14 décembre, la manifestation intersyndicale CGT-FO-FSU-Solidaires de Chartres était une réplique unitaire de l’appel national de la CGT. Cette mobilisation mettait au premier plan les revendications salariales mais aussi les retraites, les réformes du lycée et Parcoursup… À Chartres, avant 14h30, de nombreux Gilets jaunes, venus de tout le département, se sont regroupés devant le monument à Pasteur, sans désir évident de se mêler aux syndiqués et autres manifestants amassés juste devant la Préfecture. Les habitués des manifs se retrouvaient, discutaient, mais on en voyait peu aller serrer la main des Gilets jaunes. C’était pourtant le moment de faire connaissance. Quelques participants au regroupement syndical avaient toutefois revêtu leur gilet car depuis trois semaines, des rencontres du 3ème type ont malgré tout lieu sur les ronds-points et quelques adhérents des syndicats y sont actifs, sans chercher à « récupérer » mais avec l’espoir de faire converger les actions.
Malgré les différences, ces deux mondes découvrent peu à peu qu’ils ont en commun la condamnation des politiques d’austérité, de la galère au travail et sur les routes, des fins de mois difficiles et de l’accaparement du capital par une minorité de millionnaires.
Les retraités, nombreux dans les deux groupes, dénoncent aussi les attaques à répétition qu’ils subissent depuis des années, leur appauvrissement programmé que les sections syndicales de retraités, ne cessent de faire remonter jusqu’à la Préfète d’E & Loir. La colère est bien partagée.
Des combats syndicaux persévérants
Les prises de parole des responsables des syndicats ont été à la hauteur du moment de crise que vit le monde du travail. Bernard Vinsot, pour la CGT, dénonce la paupérisation des salariés, la dégradation des services publics, la rémunération des patrons du CAC 40 (plus de 280 années de SMIC). Il propose une autre répartition des richesses. Et il défend le principe de l’impôt progressif, l’abaissement de la TVA à 5,5% pour les produits de première nécessité. Il appelle à se réunir dans les entreprises. Éric Jarry, de FO, appelle à l’unité des travailleurs avec leurs syndicats et à la grève générale pour paralyser l’économie, faire reculer le gouvernement. Solidaires28 rappelle son soutien aux Gilets Jaunes. Le syndicat accuse le pouvoir d’enfumage et condamne les violences notamment contre la jeunesse. Pour la FSU28, Julien Jaffré condamne une « éducation utilitariste au service de l’employabilité » et l’objectif de la seule « maîtrise de la dépense publique ». Il parle des Gilets jaunes, des lycéens et d’écologie. L’Intersyndicale des retraités évoque le gel des pensions et l’augmentation de 25% de la CSG dont elle exige la suppression, ainsi que l’abandon du gel des pensions et leur indexation sur les salaires et la prise en charge de la perte d’autonomie à 100% par la Sécu.
La Marseillaise et l’Internationale !
Le délégué CGT des pompiers (qui sont en grève ce jour-là) est le plus remarqué quand il dénonce le manque d’effectifs, les heures supplémentaires payées 6h sur 24h, dimanche, jours fériés et nuits non majorés, les suppressions de postes dans le public, notamment les hôpitaux. Il ajoute : « Nous, en intervention, nous voyons la misère du peuple et la souffrance sociale et nous ne l’acceptons pas ». Il défend les valeurs de la Fonction publique et de la CGT et ajoute : « On comprend très bien la grogne des Gilets Jaunes et on la soutient ». Applaudissements fournis. Il rappelle que l’union fait la force. Il passe alors la parole à une représentante des Gilets Jaunes. L’oratrice se contente de remercier les pompiers et d’appeler les Gilets Jaunes à leur faire une haie d’honneur au départ de la manifestation. Une liste de revendications aurait été accueillie comme une véritable information utile à tous, même réduite à ce qui peut faire accord, mais nous n’en sommes pas là en Eure-et-Loir.
Les 150 Gilets Jaunes prennent alors la tête du cortège, précédés par les pompiers CGT. Place des Épars, une Internationale surgit de l’arrière du groupe Gilet Jaune « C’est la lutte finale… »… mais bientôt l’avant du cortège entonne La Marseillaise… les deux chants révolutionnaires sont en concurrence… Les Gilets Jaunes laissent alors passer le cortège syndical, qui compte 300 personnes et une trentaine de lycéens, puis reprennent leur marche… à bonne distance, toujours avec les pompiers CGT à leur tête… Illustration de cette journée paradoxale…