Eure-&-Loir :
Une “rentrée scolaire” qui interroge
Le gouvernement a fait connaître la carte définitive du « déconfinement ». La région Centre- Val de Loire était en orange, elle a basculé dans le vert. Même notre département d’Eure-&-Loir qui était et reste encore le plus touché de la région par l’épidémie. Toutefois, il était clair dès le 4 mai que le critère de l’activité du virus était en baisse alors que le second critère concernant le taux d’occupation des lits de réanimation restait trop fort : entre 60 et 80% pour le département. On ne répétera jamais assez qu’avec une politique publique respectueuse des besoins de la population en matière de santé et avec les entreprises capables de fabriquer les composants des tests en quantité, nous n’en serions pas là.
LES ÉCOLES PEUVENT ROUVRIR A PARTIR DU LUNDI 11 MAI, MAIS…
Ce n’est pas sans interroger sur la sécurité sanitaire des enfants et des personnels, sur les réactions des enfants et les possibles effets psychologiques selon l’âge, sur les conditions réelles (enseignement ou garderie) et l’égalité entre les élèves, puisque tous ne pourront pas être reçus dans les lieux. Les enseignants ont déjà observé dans la phase précédente (confinement) que des élèves n’ont pas pu travailler à domicile dans de bonnes conditions et ce ne sont pas forcément ces jeunes-là qui seront présents dans les classes. Cette « crise sanitaire » accentue les inégalités et l’enseignement à distance n’est pas la panacée.
54 PAGES DE CASSE-TÊTE ET UNE REPRISE SELECTIVE !
Depuis une semaine, se sont tenus des groupes de travail autour de responsables de la DSDEN (Direction départementale de l’Education Nationale) et de la Préfecture, avec des représentants des collectivités (maires, département, région) et les syndicats. Les chefs d’établissements, les associations de parents d’élèves, les syndicats enseignants du département, planchent sur le protocole de 54 pages (pour les écoles et le secondaire) et 10 fiches, communiqué par le Ministère de l’E.N (Il y a un paragraphe du protocole qui s’adresse aux parents). La même chose se fera dans chaque école dès le 11 mai et dans les établissements de second degré les 18, 25 mai et début juin. Des maires, comme à Chartres, semblent avoir choisi la prudence, les enfants reçus en premier seront ceux dont les parents travaillent dans les secteurs prioritaires : soignants, pompiers, agroalimentaire…, des enfants porteurs d’un handicap. Et les autres ? Ce sera variable selon les décisions des maires et des directeurs d’écoles et, il faut l’espérer, avec l’accord de l’équipe éducative. Quant à la désinfection des locaux avant la réouverture et chaque soir et les nettoyages tout au long de la journée de classe, ils vont nécessiter des recrutements. Le problème de la responsabilité des collectivités est aussi à traiter dans l’urgence.
Les professeurs préparent une rentrée hors normes, non sans angoisse. Non seulement ils et elles mettent en jeu leur santé et celle de leur famille, mais il leur faudra faire double travail, en classe en « présentiel », et aussi à distance, ce que l’on appelle dans le langage techno-élitiste « en distanciel », la surcharge de travail est garantie. Les professeurs des écoles accueillant de très jeunes enfants sont certainement aussi inquiets que le seront les parents quand ceux-ci découvriront les consignes et interdictions qui vont s’imposer : la distanciation physique sera répétée en tous lieux, les enfants ne seront pas en vis-à-vis dans la classe et devront rester éloignés dans la cour, les parcours seront souvent modifiés, il faudra chercher les marques à ses pieds plus que les visages des camarades de classe, l’appel à nettoyage des mains, du matériel, sera permanent !
POUR LES SALARIÉS RIEN NE VA PLUS
La précocité de l’ouverture des écoles, des maternelles et des crèches, le fait que les adolescents ne soient concernés que plus tard, la fermeture des Universités qui a invisibilisé les étudiants ne laissent aucun doute, il s’agit de permettre à l’économie de redémarrer. L’heure est, pour les travailleurs et les syndicats, à la réactivité au sujet des conditions de travail dans les entreprises, les commerces, les plateformes, les chantiers. Après les atteintes aux droits des travailleurs (horaires de travail accrus jusqu’à 48 h. et même 60 h., abandon de jours de congés, entre autres mesures régressives) portées par l’ordonnance du 26 mars 2020, et la prorogation de l’état d’urgence, la protection de leur santé au travail et les risques prévisibles dans les transports publics sont grandement préoccupants. Par voie de conséquence, le devenir de l’épidémie. Le débat citoyen sur le « jour d’après » devient urgent pour que l’après-Covid-19 ouvre la voie à une société juste et fraternelle!