Allocation aux adultes handicapés :
“Ce calcul est injuste !”
Le rendez-vous lancé par les associations de personnes handicapées, le 16 septembre à Chartres, a rassemblé, symboliquement devant le monument au résistant Jean Moulin, une soixantaine de personnes. Outre les concernés, des soutiens étaient venus en solidarité. On remarquait ainsi des enseignants autour du drapeau de la FSU.
Gérard Prier, figure emblématique de l’APF-FH1 dans le département, explique en substance : 300 000 allocataires voient leur AAH2 réduite en tout ou partie parce qu’elles sont en couple et que le revenu du conjoint est pris en compte au moment du versement. Cette pratique que nous combattons depuis longtemps est inacceptable
“L’enjeu est bien celui du droit à la dignité”
Nous pensions avoir été entendus : un amendement transpartisan (gauche et droite) discuté au Parlement (députés / sénateurs) devait mettre fin à cette manière de faire. Mais, en seconde lecture, le groupe macroniste LREM de l’Assemblée nationale, a balayé cette proposition de progrès.
Deux autres responsables d’associations de handicapés se succèdent ensuite au micro :
- Pour Voir ensemble (aveugles et malvoyants), « le texte nie le droit de tous les handicapés à avoir des ressources qui lui sont propres, à être reconnu comme une personne indépendante et autonome. »
- L’ADAPEI3, précise « Vous n’êtes pas seuls, aujourd’hui, partout les associations et les parents manifestent », « L’enjeu est bien celui du droit à la dignité ».
“Ce calcul fait également des morts”
Suivent plusieurs témoignages poignants de personnes victimes de la loi actuelle, lus par des animatrices de l’APF 28 :
- Marie-Pierre , par exemple, affirme « Être dépendante de l’être cher est trop injuste… c’est la déchéance, la frustration, la honte, la nullité, malade encore plus que je ne le suis déjà. Je me sens en infériorité, constamment angoissée à l’idée de ne servir à rien. »
- Un monsieur a écrit comment son ancienne compagne depuis deux ans, atteinte de sclérose en plaques, et enceinte s’est vue réclamer par la CAF un trop perçu de 2500 euros, entraînant l’impossibilité de payer le loyer et le placement du nouveau-né pour absence « d’équilibre moral et financier ». Cela a entraîné la séparation du couple, l’hospitalisation de l’épouse en psychiatrie où elle s’est suicidée. Le monsieur conclut son témoignage ainsi : « ce calcul est injuste et des plus inégalitaires, il ne produit pas que des pauvres ou des SDF, il fait également des morts. »
Interpellation des parlementaires
Un employé de la CAF a aussi envoyé un témoignage accablant pour ce système discriminatoire. Quand les personnes découvrent la baisse de leur allocation, « c’est un sentiment d’exclusion, d’incompréhension ». Pour ma part, « j’ai honte quand je dois expliquer aux allocataires un non droit ou une créance ».
En fin de meeting, Gérard Prier reprend la parole pour annoncer que les associations vont multiplier les interventions auprès des parlementaires : rencontre en visio avec le député de Châteaudun4, entrevue avec le député de Chartres5 qui a voté contre la « déconjugalisation » de l’AAH avec la majorité présidentielle dont il fait partie. Les associations vont presser les sénateurs d’E&L et espèrent qu’ils vont maintenir leur position initiale. Elles vont aussi contacter les organisations politiques et syndicales pour que sujet deviennent un sujet partagé.
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- Association des paralysés de France-France Handicap.
- Allocation aux Adultes Handicapés.
- Association départementale des amis et parents d’enfants inadaptés (Papillons blancs).
- Philippe Vigier, apparenté MODEM.
- Guillaume Kasbarian.