Les exilé·e·s ukrainien·ne·s ont commémoré le Holodomor

Le ras­sem­ble­ment heb­do­ma­daire des Ukrainien·ne·s  exilé·e·s à Chartres ou en Eure-et-Loir était consa­cré ce 25 novembre au Holodomor1. Au total, une qua­ran­taine de per­sonnes se sont regrou­pées sur la place Châtelet.

Le géno­cide du peuple ukrai­nien dans les années 1932–33”

Inna a tra­duit en fran­çais un texte dit par Olena, toutes deux membres de l’Association des Ukrainiens et Amis de l’Ukraine en Centre-Val de Loire : « On va consa­crer notre mani­fes­ta­tion à l’anniversaire de Holodomor, c’est le géno­cide du peuple ukrai­nien dans les années 1932–33 […] Nous com­mé­mo­rons la mémoire de mil­lions de gens inno­cents. Les gens étaient assas­si­nés parce qu’ils n’ont pas vou­lu se sou­mettre aux lois de la dic­ta­ture sovié­tique qui vou­lait broyer l’histoire de l’Ukraine, sa culture et sa reli­gion. […] Ce n’était pas la pre­mière fois et ce n’est pas la der­nière fois que les Russes exercent un géno­cide sur notre peuple. […] C’est la même tac­tique qu’ils appliquent aujourd’hui qu’il y a 90 ans. […] Ils font tout pour anéan­tir notre peuple. […] Ils ne pour­ront pas atteindre leur but. »

Témoignages fami­liaux

Avant, d’écouter plu­sieurs témoi­gnages sur la grande famine basés sur des sou­ve­nirs de parents ayant vécu cette période (mais d’autres parents sont morts de la famine), un chant de com­pas­sion dédié aux vic­times est dif­fu­sé. Une Ukrainienne évoque sa grand-mère qui vivait dans un petit vil­lage sépa­ré de la Biélorussie par seule­ment une rivière. « Il n’y avait rien dans le vil­lage. Tout était pris par le pou­voir parce qu’il fal­lait don­ner ailleurs, alors que der­rière la rivière, les gens avaient tout, du blé, du riz, tout sur le mar­ché, et les habi­tants du vil­lage cre­vaient de faim alors que c’était une année des plus favo­rables pour le blé. Les Biélorusses qui essayaient d’aider les Ukrainiens étaient fusillés. »

Une autre fait le paral­lèle entre les agis­se­ments du pou­voir sovié­tique sta­li­nien dans ces années 1931–32 et le com­por­te­ment du pou­voir russe de Poutine : aujourd’hui, ce der­nier, qui est en échec dans son agres­sion, fait bom­bar­der les res­sources vitales en élec­tri­ci­té et eau.

Alors que la nuit com­mence à tom­ber et que les bou­gies, sym­bo­liques des morts du pas­sé et du pré­sent, ins­tal­lées sur les marches de la Maison du Département prennent plus d’éclat, le ras­sem­ble­ment s’achève par la dif­fu­sion de l’hymne natio­nal ukrai­nien, repris, par certain·e·s, la main sur le cœur.

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  1. Grand famine ou exter­mi­na­tion par la famine, consé­quence de la col­lec­ti­vi­sa­tion for­cée des cam­pagnes et de la dékou­la­ki­sa­tion. On pour­ra lire l’article de Wikipedia sur le sujet.