Le témoignage de Michel Daviet, victime des pesticides

Chartres 06-03-2025 Film Victimes Pesticides Michel Daviet

Michel Daviet

*

Michel Daviet, Eurélien que nous avons plu­sieurs fois enten­du témoi­gner lors de débats sur les pes­ti­cides, a livré une bou­le­ver­sante inter­view au site reporterre.net. Nous en repro­dui­sons de courts extraits et vous conseillons de vous rendre sur le site d’in­for­ma­tion éco­lo­giste pour en lire l’inté­gra­li­té.

*

Graines de bet­te­rave sucrière encap­su­lées et à l’é­tat naturel

Lymphome de Burkitt

Ces frag­ments lui reviennent comme des fan­tômes. L’odeur des cou­loirs asep­ti­sés de l’hôpital de Chartres, s’étirant comme des veines bla­fardes sous une peau de néon. Et ces cris, que dix années n’ont pu effa­cer de sa mémoire. « Je hur­lais. Jamais je n’avais res­sen­ti une telle dou­leur », mur­mure Michel Daviet.

[…]

« Le diag­nos­tic est tom­bé une poi­gnée d’heures plus tard : lym­phome de Burkitt. » Un can­cer consi­dé­ré, à ce jour, comme le plus agres­sif de tous.

[…]

Manipulation de gly­pho­sates et autres substances…

Trente-quatre années durant, le tech­ni­cien agri­cole a tra­vaillé pour un même groupe semen­cier du ter­ri­toire. Sa tâche prin­ci­pale : culti­ver des semis — de maïs, de blé et de tour­ne­sol — et par­ti­ci­per à l’évolution géné­tique de ces spé­ci­mens. « Un métier pas­sion­nant », à ceci prêt qu’il fal­lait, pour ce faire, mani­pu­ler des sachets de semences enro­bées de rési­dus toxiques de toute sorte. Pesticides, fon­gi­cides, cor­vi­cides, anti­li­maces… « Et bien sûr, du gly­pho­sate, énu­mère l’ex-employé. J’avais le nez dedans toute la jour­née. Alors for­cé­ment, j’en inha­lais les pous­sières. »

[…]

…sans aucune protection

Ni gants, ni masque. « Personne ne s’imaginait — ou ne vou­lait s’imaginer — le risque que l’on encour­rait […] bien des des­cen­dants d’agriculteurs peinent encore à sai­sir la dan­ge­ro­si­té de ces conne­ries. »

[…]

Un  “mon­sieur beau­coup trop douillet”

Ce mal insi­dieux a conti­nué à ron­ger son corps — deve­nu ver­dâtre — jusqu’à le rendre inca­pable de mar­cher, dor­mir et par­ler. Christine*, sa com­pagne, le trans­por­ta aux urgences et sup­plia les pra­ti­ciens d’intervenir. Agacée par les hur­le­ments de la vic­time à l’introduction d’une sonde dans son tube diges­tif, la gas­tro-enté­ro­logue deman­da aux aides-soi­gnantes de tenir « ce mon­sieur beau­coup trop douillet ». Jusqu’à tout stop­per, et bru­ta­le­ment chan­ger de ton : « Rentrez immé­dia­te­ment chez vous faire vos valises. Nous devons vous hos­pi­ta­li­ser sans tar­der. »[…] Cchi­mio­thé­ra­pie express.

[…]

« J’étais à deux doigts de quit­ter cet hôpi­tal par la petite porte. » Par miracle, le trai­te­ment médi­ca­men­teux a stop­pé les cel­lules cancéreuses.

[…]

Une héca­tombe dans la famille

Sa tante et son grand-père pay­san ont eux aus­si suc­com­bé à la mala­die. Et l’hécatombe se pour­suit chez les Daviet. En octobre 2024, Patrick, l’un des frères de Michel, est mort d’un can­cer des voies biliaires. Quatre mois plus tard, en février, c’était au tour de Claude, un autre fran­gin, de décé­der d’un can­cer de l’estomac.

[…]

Je suis un mira­cu­lé du lym­phome de Burkitt, mais si une autre patho­lo­gie m’est diag­nos­ti­quée demain, ce sera la der­nière. Mon corps a trop subi pour une vie.

[…]

Qu’attendez-vous pour arrê­ter de nous empoisonner ?”

Jusqu’ici, Michel se disait « ni de gauche, ni de droite ». Il le dit encore, mais ajuste : « Les cen­tristes me déçoivent. Les méde­cins pro­jettent une épi­dé­mie de can­cers affec­tant les enfants. Le lien avec les pes­ti­cides est désor­mais avé­ré scien­ti­fi­que­ment. Bon sang, qu’attendez-vous pour arrê­ter de nous empoi­son­ner ? » Quant aux dépu­tés de droite et d’extrême droite men­tant éhon­té­ment et cra­chant au visage des vic­times pour mieux pro­té­ger les lob­bies de l’agrobusiness, « eux sont des vieux cons… pour res­ter poli ».

_____________

* Le pré­nom a été changé.