Le témoignage de Michel Daviet, victime des pesticides
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Michel Daviet, Eurélien que nous avons plusieurs fois entendu témoigner lors de débats sur les pesticides, a livré une bouleversante interview au site reporterre.net. Nous en reproduisons de courts extraits et vous conseillons de vous rendre sur le site d’information écologiste pour en lire l’intégralité.
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Lymphome de Burkitt
Ces fragments lui reviennent comme des fantômes. L’odeur des couloirs aseptisés de l’hôpital de Chartres, s’étirant comme des veines blafardes sous une peau de néon. Et ces cris, que dix années n’ont pu effacer de sa mémoire. « Je hurlais. Jamais je n’avais ressenti une telle douleur », murmure Michel Daviet.
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« Le diagnostic est tombé une poignée d’heures plus tard : lymphome de Burkitt. » Un cancer considéré, à ce jour, comme le plus agressif de tous.
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Manipulation de glyphosates et autres substances…
Trente-quatre années durant, le technicien agricole a travaillé pour un même groupe semencier du territoire. Sa tâche principale : cultiver des semis — de maïs, de blé et de tournesol — et participer à l’évolution génétique de ces spécimens. « Un métier passionnant », à ceci prêt qu’il fallait, pour ce faire, manipuler des sachets de semences enrobées de résidus toxiques de toute sorte. Pesticides, fongicides, corvicides, antilimaces… « Et bien sûr, du glyphosate, énumère l’ex-employé. J’avais le nez dedans toute la journée. Alors forcément, j’en inhalais les poussières. »
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…sans aucune protection
Ni gants, ni masque. « Personne ne s’imaginait — ou ne voulait s’imaginer — le risque que l’on encourrait […] bien des descendants d’agriculteurs peinent encore à saisir la dangerosité de ces conneries. »
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Un “monsieur beaucoup trop douillet”
Ce mal insidieux a continué à ronger son corps — devenu verdâtre — jusqu’à le rendre incapable de marcher, dormir et parler. Christine*, sa compagne, le transporta aux urgences et supplia les praticiens d’intervenir. Agacée par les hurlements de la victime à l’introduction d’une sonde dans son tube digestif, la gastro-entérologue demanda aux aides-soignantes de tenir « ce monsieur beaucoup trop douillet ». Jusqu’à tout stopper, et brutalement changer de ton : « Rentrez immédiatement chez vous faire vos valises. Nous devons vous hospitaliser sans tarder. »[…] Cchimiothérapie express.
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« J’étais à deux doigts de quitter cet hôpital par la petite porte. » Par miracle, le traitement médicamenteux a stoppé les cellules cancéreuses.
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Une hécatombe dans la famille
Sa tante et son grand-père paysan ont eux aussi succombé à la maladie. Et l’hécatombe se poursuit chez les Daviet. En octobre 2024, Patrick, l’un des frères de Michel, est mort d’un cancer des voies biliaires. Quatre mois plus tard, en février, c’était au tour de Claude, un autre frangin, de décéder d’un cancer de l’estomac.
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“Je suis un miraculé du lymphome de Burkitt, mais si une autre pathologie m’est diagnostiquée demain, ce sera la dernière. Mon corps a trop subi pour une vie.”
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“Qu’attendez-vous pour arrêter de nous empoisonner ?”
Jusqu’ici, Michel se disait « ni de gauche, ni de droite ». Il le dit encore, mais ajuste : « Les centristes me déçoivent. Les médecins projettent une épidémie de cancers affectant les enfants. Le lien avec les pesticides est désormais avéré scientifiquement. Bon sang, qu’attendez-vous pour arrêter de nous empoisonner ? » Quant aux députés de droite et d’extrême droite mentant éhontément et crachant au visage des victimes pour mieux protéger les lobbies de l’agrobusiness, « eux sont des vieux cons… pour rester poli ».
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* Le prénom a été changé.


