Caroline Darroquy :
Défi de solidarité pour les mineurs étrangers

Le 28ème Lundi des Sans-Papiers, le 5 octobre, à Chartres aux Enfants du Paradis, a pré­sen­té le docu­men­taire de Caroline Darroquy et Anne Richard « Défi de soli­da­ri­té ». Une qua­ran­taine de spec­ta­teurs ont assis­té à cette reprise des pro­jec­tions orga­ni­sées par le col­lec­tif AERéSP281, inter­rom­pues en mars par la pandémie.

Défi de solidarité 05-10-2020 Caroline Darroquy aux Enfants du Paradis [avec masque]

Caroline Darroquy, coréa­li­sa­trice, aux Enfants du Paradis

« Super beau film », « Très émou­vant », « Très tou­chant », tels sont les cris du cœur expri­més par les spec­ta­teurs lors du débat qui a sui­vi la pro­jec­tion en pré­sence d’une des réa­li­sa­trices, Caroline Darroquy, et d’une mili­tante du col­lec­tif euré­lien, Céline Le Gay. Il est vrai que ce film sub­til, qui pré­sente les miltant·e·s et les héber­geuses (sur­tout) et héber­geurs de Paris d’Exil2 dans leur aide aux jeunes mineurs étran­gers iso­lés, ne cherche pas à impo­ser un mode de com­por­te­ment uni­voque. Il montre modes­te­ment les expé­riences de per­sonnes soli­daires pétries d’humanité.

Céline Le Gay explique qu’en Eure-&-Loir aus­si : « On a mis en place un petit réseau d’hébergeurs soli­daires » des­ti­né à mettre à l’abri les jeunes qui sont à la rue. Elle tient à les remer­cier : « C’est cou­ra­geux. » Elle informe que les jeunes, à l’instar des Sans-Papiers, peuvent enchaî­ner des périodes sous le dis­po­si­tif de pro­tec­tion de l’enfance et en être sor­tis ensuite. Cela néces­site de les héber­ger, puisque l’État et le Département ne le font pas, et de dépo­ser des recours (par exemple, auprès du juge des enfants). Elle lance un appel pour que de nou­veaux héber­geurs se fassent connaître3 dans notre département.

Pour ras­su­rer ceux-ci, Caroline Darroquy ajoute : « Il est vrai qu’il est dif­fi­cile d’ouvrir sa porte, mais ce que j’ai vu chez tous les héber­geurs que j’ai sol­li­ci­tés pour ce film, c’est que c’est beau­coup, beau­coup de belles his­toires. » Toutefois, pour les mili­tants : «C’’est beau­coup plus dif­fi­cile pour orga­ni­ser l’hébergement et le sui­vi de ces jeunes.»

Les deux inter­ve­nantes sou­lignent le vide juri­dique qui concerne les jeunes en attente de recon­nais­sance de leur mino­ri­té : ils n’ont pas droit à l’hébergement d’urgence (« 115 ») car mineurs selon leurs papiers (s’ils en ont) et ne sont pas sous la pro­tec­tion de l’ASE4. Dans cette situa­tion, ils n’ont pas non plus l’accès à la san­té, aux démarches admi­nis­tra­tives, à la sco­la­ri­té. La réa­li­sa­trice pré­cise que les mineurs iso­lés étran­gers relèvent des Droits de l’Enfant et non du droit de l’immigration.

Défi de solidarité [Photo 11]

Chez une hébergeuse

Céline Le Gay évoque le cas des jeunes qui se retrouvent à la rue après pas­sage à la majo­ri­té, « les dépar­te­ments restreignent de plus en plus les contrats jeunes majeurs et l’hébergement. »

À une ques­tion sur  la réa­li­té de la prise en charge par l’ASE des recon­nus mineurs, Caroline Darroquy  répond que c’est sou­vent à mini­ma (chambre d’hôtel, quelques euros pour les repas…). À Paris, des jeunes sont par­fois retour­nés chez leurs héber­geurs ce qui entraîne la perte de leurs droits.

Enfin, la cinéaste, suite à une ques­tion d’un spec­ta­teur gêné, jus­ti­fie l’anonymisation des jeunes (prise de dos, flou de mise au point…) dans ce docu­men­taire pour plu­sieurs raisons :

  • La légis­la­tion exige une auto­ri­sa­tion des parents ou du tuteur légal pour fil­mer un mineur.
  • Certains jeunes n’avaient aucune idée de ce que c’était qu’un docu­men­taire et de ce dans quoi ils s’engageaient, ils ne com­pre­naient pas que leur image serait exposée.
  • Pour ne pas nuire à leurs démarches de recon­nais­sance de minorité.

Une soi­rée donc, comme à chaque fois, riche d’informations et d’émotions dont le redé­mar­rage est bienvenu.

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  1. Accueil des Exilés et gula­ri­sa­tion des Sans-Papiers d’Eure-et-Loir.
  2. Association qui accom­pagne les per­sonnes exi­lées et milite pour leur accès à leurs droits, quelques soit leur statut.
  3. Envoyer un cour­riel à aeresp28@protonmail.com
  4. Aide sociale à l’enfance.