N.-D.-des-Landes : Vers quelle issue ?

Dès l’ar­ri­vée sur le site, same­di en début d’a­près-midi, notre petit col­lec­tif d’Eure-et-Loir éprouve une sen­sa­tion de paix et de détente. Les pré­cé­dents ras­sem­ble­ments étaient accom­pa­gnés de pré­sence poli­cière, de crainte et de ten­sion. À l’en­trée, un flyer décline les 6 points pour l’avenir de la ZAD, d’après le mani­feste rédi­gé en 2015. Il éveille dans nos mémoires les mul­tiples luttes, toutes plus com­plexes et ori­gi­nales les unes que les autres, qui  ont été menées ces der­nières années par les groupes d’op­po­sants, pay­sans, zadistes, élus, rive­rains, comi­tés de soutien…

 Un ras­sem­ble­ment 2017 dans la sérénité

 Et l’on pense à toutes les ten­ta­tives d’un pou­voir poli­ti­co-éco­no­mique qui veut à tout prix impo­ser bien plus que le béton­nage de 1650 hec­tares de terres agri­coles, à savoir, gon­fler le leurre du pro­duc­ti­visme, agi­ter la carotte des pré­ten­dus emplois redres­seurs de courbe de chô­mage trem­plins de plus d’i­né­ga­li­té sociale et de dés­équi­libres environnementaux.

 Ce pou­voir ne par­vient pas à stop­per la contes­ta­tion des pay­sans et des citoyens de l’ACIPA, des élus de la CEDPA, ni la petite musique de la ZAD où des nou­veaux habi­tants peu conven­tion­nels, jeunes ou plus âgés, por­teurs de pro­jets et d’ex­pé­riences variées,  indiquent une autre voie que le pro­duc­ti­visme néo­li­bé­ral, que la pour­suite d’un tou­risme nan­ti-bour­geois  et que la voie royale offerte aux lobbies.

 On se sou­vient que l’an­née 2016 avait été émaillée, dans un cli­mat répres­sif per­ma­nent, par des annonces inces­santes d’é­va­cua­tion de la ZAD, de mise en route des tra­vaux, par les coups de men­tons de Valls et l’instrumentalisation de NDDL à des fins élec­to­rales, par des revers judi­ciaires aus­si et par un vote contes­table par le péri­mètre choi­si et le résul­tat peu relui­sant pour le gou­ver­ne­ment (55,17%, seule­ment 50,06 % sur la ville de Nantes).

 Ouverture sur les autres grands pro­jets inutiles

 Cependant, après les der­nières élec­tions, est arri­vé un nou­veau pou­voir, guère ras­su­rant, celui d’Emmanuel Macron.  Mais il sur­prend par l’an­nonce de la nomi­na­tion de trois média­teurs ouvrant une nou­velle voie de dia­logue et de concer­ta­tion [voir ci-contre]. Que cherche le pou­voir ? La ques­tion hante tous les esprits mais ce jour-là, dans le bocage, l’espoir domine.

 Nous voi­ci donc près de 20 000 au cœur de la mobi­li­sa­tion fes­tive, sous la cani­cule, heu­reux de cette bonne humeur et de cette cha­leur humaine. Intéressés par les ani­ma­tions inno­vantes ou connues des habi­tués, on s’in­forme, on échange dans “le vil­lage des asso­cia­tions”, on pro­fite des pro­duits locaux pour se nour­rir ou se désal­té­rer. Forts de ce nou­vel espoir, on se tourne main­te­nant davan­tage vers les autres luttes. Notre-Dame-des-Landes, comme pré­cé­dem­ment le Larzac, montre le che­min avec ce nou­veau slo­gan “De nos terres à la Terre”. Invités d’honneur : Europa-city, Les Mille Vaches, Bure, la LGV Lyon-Turin, l’A45, le GCO, grand contour­ne­ment ouest de Strasbourg ou encore le col­lec­tif contre les gaz de couche en Lorraine et… notre petit groupe qui est le porte- parole de l’opposition des Euréliens au pro­jet de l’A154 ! 

 J.-D. A.

Macron a missionné trois médiateurs

Fin juillet une soixan­taine d’auditions ont été réa­li­sées, avec les asso­cia­tions autant qu’avec des experts, les élus et les syn­di­cats. Les sujets étu­diés concernent les impacts de l’installation sur la zone en litige, l’état des sols et sous-sols, la bio­di­ver­si­té, mais aus­si l’extension éven­tuelle de l’aéroport de Nantes-Atlantique, le bruit des avions, les emplois, les com­pen­sa­tions qui pour­raient être récla­mées par Vinci en cas d’abandon du pro­jet, etc.

Des études com­plé­men­taires peuvent être deman­dées par les asso­cia­tions. Le deve­nir des habi­tants actuels de la Zad reste une pré­oc­cu­pa­tion majeure. Les asso­cia­tifs et autres oppo­sants au pro­jet à l’aéroport de NDDL sont donc de nou­veau sur la brèche et se refusent à envi­sa­ger, pour les quelque 200 habi­tants de la zone, une autre issue que le déve­lop­pe­ment de ce lieu de vie alter­na­tif et inven­tif d’une socié­té col­la­bo­ra­tive et pro­tec­trice de l’environnement. Les audi­tions reprennent fin août et la déci­sion est annon­cée pour début décembre.