La menace de Le Pen dans toutes les têtes
La CGT et la FSU avaient décidé, cette année, d’organiser le défilé du 1er Mai à Dreux dont la région est particulièrement victime de la dégradation des conditions économiques et sociales.
Située entre les deux tours de la présidentielle, cette manifestation, forte de 400 personnes, se devait d’être aussi une mobilisation « contre l’extrême-droite ».
Cette thématique fut présente dans les discours des responsables départementaux.
Pas une voix pour le Front National
Ainsi, Pierre Licout (FSU) termina son intervention, axée sur le rôle central du travail qui ne se dément pas dans nos sociétés (« pas une seule richesse n’existerait sans notre travail ») et sur la reconnaissance des qualifications qui doivent augmenter encore, par cette affirmation : « Tous ces mandats, toutes ces idées du mouvement syndical et de la FSU ne peuvent être portés que dans un cadre démocratique car celui-ci permet l’expression de l’organisation des salariés. Liberté pour le mouvement syndical, pas une voix le Front National ».
Faire barrage à l’extrême-droite
Guylaine Raffin, secrétaire départementale de la CGT, après avoir rappelé l’historique de la journée internationale de lutte des travailleurs et avant de rappeler les principales revendications de son syndicat a déclaré à propos du contexte électoral : « Nous sommes une organisation syndicale de salariés, pas une organisation politique… cependant, nous ne sommes pas neutres. … chacune et chacun est libre de son choix en l’assumant pleinement en libre conscience. Il est pourtant intéressant de rappeler sur quelles valeurs a été fondée la CGT : des valeurs de paix, anticolonialistes, contre la guerre, pour l’émancipation de la classe ouvrière et de tout le salariat, pour l’émancipation par le progrès social, la transformation et le changement de société. »
Mais, c’est surtout James Bourgeois, de l’Union locale CGT, qui a consacré l’essentiel de sa prise de parole à la présence de Le Pen au second tour : « C’est un danger pour la démocratie, la cohésion sociale et le monde du travail. Les gouvernements qui, depuis 2002, se sont succédé, sans jamais répondre aux aspirations légitimes à plus de justice sociale, sans ouvrir de perspectives d’avenir meilleur, en portent une lourde responsabilité. Pour Dreux, cela s’est traduit par des milliers de licenciements.
La CGT n’aura de cesse de faire barrage à l’extrême-droite. Pas une voix ne doit se porter sur sa candidate.
Quand nous luttons pour l’égalité des droits, aux côté des sans-papiers et demandeurs d’asile, contre l’injustice, pour la sécurité et la santé au travail, pour une amélioration concrète de nos droits et une meilleure répartition des richesses, nous luttons réellement contre la montée du fascisme et l’instrumentalisation de la misère sociale. »
Tempête sous les crânes
Mais, étrangement, aucune banderole, aucune pancarte ne faisait allusion au danger Le Pen. Celui-ci alimentait pourtant la plupart des conversations où s’échangeaient des arguments entre ceux qui ne pouvaient voter Macron en raison de son passé au gouvernement Hollande et de son projet libéral et ceux qui voulaient utiliser le bulletin Macron pour faire barrage à la représentante du parti de descendance fasciste, menace pour les libertés.
Ces conversations étaient alimentées par les militants politiques (Parti Communiste Français, Lutte Ouvrière, Parti Socialiste hamoniste, Ensemble!, EÉLV) et les tracts ou la presse qu’ils diffusaient.
Solidarité universelle
Le 1er Mai est, traditionnellement, le moment où les différents courants souhaitant l’amélioration et la transformation sociale se retrouvent autour des valeurs de solidarité universelle bien représentées cette année par le Collectif pour la Régularisation des Sans-papiers d’Eure-et-Loir et le Centre Culturel des Alévis1 basé à Dreux.
Empruntons la conclusion aux pancartes rédigées par les Alévis1 de Dreux :
- en kurde : « Vive le 1er Mai ! »,
- en turc : « Vive l’humanité ! Nous sommes tous égaux ! »
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- Alévis : minorité religieuse de Turquie (parmi les Turcs et les Kurdes) aux idées laïques et souvent progressistes, régulièrement brimées voire persécutées entraînant une émigration.