Action à l’Hôpital de Chartres :
Non aux tests osseux !
Les collectifs CRSP 28[1] et Eure-&-Loir Terre‑d’Accueil ont réussi à mobiliser une dizaine de militants à 9 h. 30 ce jeudi 6 septembre devant le tourniquet de l’Hôpital de Chartres. Ceux-ci portent des pancartes où l’on peut lire notamment « Mineurs isolés : Non aux tests osseux », « Médecins : refusez les tests osseux ».
Cette action, dans la continuité de celles des 13 juin et 4 juillet derniers visant à faire respecter les droits et la dignité des mineurs étrangers isolés dans notre département, avait été décidée à l’occasion d’une nouvelle vague de tests osseux demandés par l’ASE[2] pour trois jeunes[3].
Des tests osseux pour… mettre les jeunes à la rue
Céline Le Guay, au nom des deux collectifs explique le sens de cette action : « On est là pour dénoncer ces pratiques qu’on trouve vraiment indignes et qui ont pour conséquence de mettre des jeunes à la rue […] qui sont installés dans des parcours d’insertion ». Les collectifs euréliens, à l’instar de nombreuses associations nationales dénoncent la fiabilité de ces tests d’âge osseux qui ont été mis en cause par plusieurs instances[4]. « C’est un outil pour faire des sélections en fonction de problèmes budgétaires ». Le Conseil départemental « refuse de plus en plus de prendre en charge les jeunes (qui ont été pris en charge avant comme mineurs isolés) à partir de 18 ans. Il est en train d’interrompre les Contrats Jeunes majeurs, c’est-à-dire une prise en charge globale ». Or, souligne Céline Le Guay, la responsabilité des jeunes majeurs qui ont des problèmes d’insertion lui incombe pourtant.
La militante rappelle aussi que, selon la loi, les tests doivent être réalisés dans des unités médico-judiciaires ce qui n’est pas le cas du service radiologie de l’hôpital de Chartres, qu’une double lecture doit avoir lieu et que la marge d’erreur doit être mentionnée, ce qui n’apparaît pas dans les documents dont le CRSP 28 a eu connaissance.
Rappel à l’Ordre…
Lorsque trois mineurs étrangers conduits par une employée de l’ASE arrivent à l’hôpital, les militants entrent dans le hall et encadrent l’entrée du service radiologie brandissant leurs pancartes. Au bout d’un moment le directeur de garde, Pascal Dufour, aborde les militants, bientôt rejoint par le Directeur des usagers et de la communication, Yvon Le Tilly, et la chargée de communication. Pour demander aux militants de quitter le lieu, ils arguent que l’hôpital est un espace privé et qu’aucune autorisation n’a été sollicitée. Une longue discussion s’engage où l’on perçoit que ce qui chagrine les responsables hospitaliers c’est que « l’image » de l’hôpital pourrait être ternie par les porteurs de pancartes. Les militants répondent que l’action ne vise en rien la structure de soins. Le directeur propose que les militants puissent discuter avec des radiologues volontaires ou avec l’Ordre des Médecins[5] sur la fiabilité des tests et… conseille aux journalistes présents (L’Écho et France 3), qui ont fait des images dans les locaux, de ne pas les rendre publiques. Pendant ce temps, les jeunes migrants, après leur examen radiologique, ont quitté l’hôpital par une porte arrière…
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[1] Collectif d’Eure-&-Loir pour la Régularisation des Sans-Papiers.
[2] Aide Sociale à l’Enfance, service du Conseil départemental dont la mission est de venir en aide aux enfants et à leur famille par des actions de prévention individuelle ou collective, de protection et de lutte contre la maltraitance. Depuis 2013, les départements ont, dans ce cadre, la responsabilité des mineurs isolés étrangers.
[3] Outre l’ASE, le juge des enfants peut demander à l’autorité judiciaire d’ordonner ce genre de tests.
[4] Dès 2005, le Comité consultatif national d’éthique (CCNE) en soulignait « l’inadaptation ». En 2007, l’Académie de médecine jugeait même que la méthode ne permettait pas de distinction nette entre seize et dix-huit ans. Et, en juin 2014, la Commission nationale consultative des droits de l’homme (CNCDH) préconisait de mettre fin aux pratiques actuelles d’évaluation de l’âge.
[5] Le CRSP 28 a déjà demandé à rencontrer l’Ordre sur cette question mais n’a pas reçu de réponse… peut-être en sera-t-il différemment après cette action.