Dans les rues de Chartres
Retraité.e.s en colère

Le slo­gan de la ban­de­role de tête de la mani­fes­ta­tion, Retraité.e.s en colère, reflé­tait bien le sen­ti­ment des près de 500 mani­fes­tants réunis devant la Préfecture en cet après-midi enso­leillé du 18 octobre. Lors de la décla­ra­tion com­mune des quatre orga­ni­sa­tions dépar­te­men­tales à l’origine de l’appel (CGT, FO, CFE-CGC et FSU)1, ils ont bruyam­ment réagi à l’évocation de la poli­tique macro­nienne à leur égard. Ainsi quand Joël Silly, l’orateur dési­gné, cite la dépu­tée En Marche Aurore Bergé : « Nous pou­vons légi­ti­me­ment deman­der un effort aux retrai­tés parce qu’ils en ont la capa­ci­té », ce sont pro­tes­ta­tions et sif­flets qui s’élèvent. Le porte-parole rap­pelle que la pen­sion moyenne est de 1 376 euros et que, après la ponc­tion CSG2 en 2018, de nou­velles baisses sont pro­gram­mées avec une reva­lo­ri­sa­tion limi­tée à 0,3% en 2019 ain­si qu’en 2020, ce qui cor­res­pond à une perte d’un demi mois chaque année. Il appelle à la lutte contre le pro­jet de retraite par points (voir  ci-après).

Le cor­tège s’est ensuite enga­gé dans la rue Danièle-Casanova, a fait un tour de la place des Épars, puis, par le bou­le­vard de la Résistance et l’avenue Jehan-de-Beauce, a gagné la Gare avant de reve­nir à son point de départ par la rue Pierre-Nicole.

Lancés par la sono, une dizaine de slo­gans ont été repris, par­mi les­quels on retiendra :

« Rétraités.e.s — Essoré.es — Pillé.e.s – Dévalisé.e.s – Mais déterminé.e.s »

« Notre retraite — Nous avons tra­vaillé — Et coti­sé — Pour la gagner — La retraite à points — On n’en veut point ! »

« Macron change de ton – Tu nous parles pas comme ça ! »

À l’issue de la mani­fes­ta­tion, une délé­ga­tion inter­syn­di­cale a été reçue en Préfecture.

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  1. L’appel natio­nal compte 9 orga­ni­sa­tions, voir ici.
  2. Contribution sociale généralisée.

Retraites : le coup de bou­toir de la réforme Macron

L’histoire des retraites est mar­quée, depuis le début du XXème siècle, grâce aux actions des sala­riés et de cer­tains syn­di­cats, par une pro­gres­sion vers une meilleure recon­nais­sance de la qua­li­fi­ca­tion et, à par­tir de 1945, par une soli­da­ri­té inter­gé­né­ra­tion­nelle. La réforme Macron à venir a au contraire pour objec­tif de bais­ser le niveau des pen­sions et de les indi­vi­dua­li­ser. L’enjeu est de taille pour les sala­riés actuels, du public comme du pri­vé : manque de visi­bi­li­té car la valeur du point serait variable, insé­cu­ri­sa­tion, cal­cul péna­li­sant (sur l’ensemble de la car­rière et non sur les der­niers mois ou les meilleures années), pen­sion de réver­sion pla­fon­née, etc. Des ques­tions majeures risquent d’être occul­tées par ces aspects tech­niques : que signi­fie être « en retraite » ? Peut-on oublier la qua­li­fi­ca­tion acquise par chacun.e avant la retraite ? Quel est le rôle recon­nu aux retraité.e.s dans la société ?