Une première : Manifestation commune
CGT – Gilets Jaunes à Chartres
En cette journée de grève nationale interprofessionnelle du 5 février appelée par la CGT (et ralliée par Solidaires) sous le mot d’ordre de l’urgence sociale et de la fin de l’austérité, le rassemblement de rue, à Chartres, se fait devant la Préfecture. Il n’y a pas une très grosse participation (300 au moment le plus fort). On a connu plus large unité syndicale (l’appel départemental n’était signé que par la CGT), la grève dans le département ne concerne pratiquement que des militants ou très proches. Rien d’exceptionnel donc. Et pourtant, la manifestation, qui va parcourir le centre-ville pendant 1 h. 30, a un caractère inédit : c’est la première fois que Gilets Jaunes et travailleurs appelés par des syndicats forment un défilé commun. Le 14 décembre, les deux cortèges avaient cohabité, plus sur le registre de la concurrence que sur celui du partage. Cette fois, la convergence est assumée après l’appel de plusieurs porte-paroles nationaux des Gilets Jaunes à la « grève générale » ce jour-là.
Convergences assumées
Pour autant, des réticences demeurent chez les uns et les autres. Des militants et sympathisants syndicaux craignent l’infiltration des idées de l’extrême-droite sur les ronds-points. Des Gilets Jaunes redoutent de passer sous le leadership des syndicats… mais, ceux qui sont présents ce mardi, soit une bonne cinquantaine, acceptent le rapprochement, voire le mélange au point de contact entre les deux entités. Fait inimaginable avant Noël, alors que les syndicalistes ont l’habitude un peu ronronnante de faire traîner le départ, les Gilets Jaunes décident de former le cortège aux cris de « La CGT avec nous ! »
La marche démarre, bruyante, et se fait entendre en écho au mégaphone des Gilets Jaunes :
« Macron démission ! », souvent repris
« Benala en prison, Christophe à la maison » (1)
« Caca Pipi Ca-pi-talisme ! »
Ou encore « On n’est pas fatigués », parmi d’autres slogans .
Aux questions de la sono CGT :
« Contre la précarité ? Pour récupérer notre pognon ? Pour le Service public ? Pour la dignité des retraités ? Pour nos enfants et les leurs ? Pour un monde meilleur ? Contre la politique de Macron ? »
Le chœur répond « On est là ! »
Salarié-e‑s du CCAS et des Impôts dans l’action
Au cœur du cortège, une vingtaine d’assistantes de vie et d’aides à domicile du CCAS (2) de Chartres sont remarquées avec deux grandes banderoles qui dénoncent les contrats précaires, les temps partiels imposés, les services irréguliers et réclament des salaires respectant leurs diplômes et des retraites décentes. Elles se sont mises pour la journée en service minimum.
Un groupe de salariés de Solidaires-Finances avait procédé à un blocage de la plate-forme téléphonique des impôts avant de rejoindre le cortège pour dénoncer une surcharge de travail avec le prélèvement à la source.
Revenue à son point de départ, la manifestation se termine par une prise de parole de Bernard Vinsot, secrétaire départemental de la CGT, qui rappelle les revendications de son syndicat (voir tract) et conclut « Il est indispensable de construire un rapport de force par la grève. C’est pourquoi la CGT appelle à tenir partout où c’est possible des assemblées générales ». Aucun Gilet Jaune ne semble avoir été invité à prendre la parole.
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- Christophe Dettinger, gilet jaune emprisonné suite à un affrontement avec la police.
- Centre communal d’action sociale.