”Issue de secours” a été projeté
et débattu au CinéParadis
Un public nombreux, environ 300 personnes, en majorité de jeunes et de lycéens s’est rassemblé pour la projection du court métrage Issue de secours du réalisateur eurélien Fabien Piccinin. Ce film est issu d’une collaboration (10–2017 / 12–2018) entre le réalisateur, la responsable de la médiathèque de Lucé et la responsable des cours de français langue d’intégration (1).
“Issue de secours” a été construit avec un groupe de migrants de quinze pays, de cultures, de langues différentes, réunis en ateliers. Sept jeunes se sont investis comme acteurs, les autres ont participé tout autant comme accessoiristes, preneurs de son, figurants. Il y a eu des discussions, des exercices de théâtre, d’expression (chants et musique), mais aussi des goûters où chacun apportait un gâteau de son pays d’origine…
« Une histoire imaginaire issue de toutes leurs vies »
Suite à ces échanges, une fois dépassées les difficultés de communication, il en est sorti une très belle création, une « histoire imaginaire issue de toutes leurs vies, de tous leurs témoignages » explique Fabien Piccinin. Au départ, poursuit-il « Il y a eu beaucoup de parcours de vie comme celui de Mamadou et je n’avais pas envie de filmer ça… avec de la musique… alors on s’est dirigé vers quelque chose d’inventé mais toujours avec l’émotion qu’ils ont pu vivre. Et le public peut s’identifier et ne pas regarder simplement la vie des migrants avec de la pitié ».
Le filmage a eu lieu dans l’unique décor de la médiathèque de Lucé où les signalisations « Issue de secours » sont omniprésentes. Le réalisateur précise son intention : « Chez nous en cas de problème, tout est prévu, plan d’évacuation, pompier… Et d’évoquer, entre autres, la Libye où n’existent pas d’issues de secours mais des gens vendus, l’esclavage, plein de choses terribles, des murs pour bloquer tout ! »
Le beau résultat est là : ce groupe agglutiné sur une table au milieu d’une grande salle communale devenue “Méditerranée”, nous fait vivre leurs atroces périples. Avec leurs postures, leurs expressions et de simples bruitages, les jeunes migrants restituent beaucoup de situations de violence, de pouvoir, de détresse.
Un débat trop limité
Le débat a principalement porté sur les divers processus de création et les expériences bénéfiques, individuelles ou collectives, acquises au cours de ce travail. Les protagonistes de ce film ont pu répondre malgré leur difficulté à s’exprimer en français.
Une spectatrice disant avoir beaucoup apprécié le film, conclut par ces mots : « La fin est moins idyllique qu’il n’y parait, il manque un petit morceau de la partie du voyage qui se passe en France, il y a encore un très très long parcours pour ces gens qui ont réussi à traverser la Méditerranée, et quelques fois des années avant de commencer à dire qu’il va falloir s’intégrer ».
Gabriel Sebban, qui à connu le réalisateur en participant au tournage de Trajectoire (1) s’interroge : « Question en suspens ! La finalité de l’émotion, va-elle suffire à transformer la représentation possible et négative que l’on a de l’étranger ? »
Ces deux interventions n’ont pas permis la progression du débat sur le problème, si préoccupant et critique, de l’accueil et de l’intégration des migrants en France et en Europe. Plusieurs le regrettaient après la séance, d’autant qu’il y avait du beau monde, Madame la Préfète, des élus dont un conseiller départemental dont les collectivités (État, département…) ont financé ce projet.
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- En amont, ces équipes avaient déjà travaillé avec des migrants sur la création d’un livre de contes et déjà un film: Trajectoire tourné en 2013, court métrage qui avait comme projet de faire se rencontrer des migrants et des lycéens.