Annonces de Macron :
L’art du prestidigitateur
Emmanuel Macron est fidèle à lui-même : il s’écoute parler, adore répondre à tout, pense éclairer le peuple qui s’égare et affirme que la route qu’il avait tracée reste la bonne. Rien sur la délinquance financière, la fraude fiscale. On ne touche pas à l’exit-taxe* ni à l’ISF. Rien pour les salaires des fonctionnaires, maintien des suppressions massives de postes. Certaines des mesures annoncées ne sont que des rattrapages (« réindexation » des retraites) ou des formulations trompeuses (prime de 1000 € par exemple). Les autres mesures continuent d’installer le privé et de garantir un avenir à l’enrichissement, au libéralisme. Les urgences climatiques sont dramatiquement oubliées, quant aux migrants, l’Etat veille aux frontières. Tentons un premier décryptage. En regard, à titre d’exemple, les revendications des Gilets jaunes de Nogent-le-Rotrou.
- Augmenter le SMIC : NON !
- Réindexation sur l’inflation des retraites inférieures à 2000 €. Promesse de réindexation de toutes les retraites en 2021 (pour une carrière complète). ENFUMAGE : L’indexation de toutes les retraites pour 2021 était déjà prévue. Rappel : il n’y a eu aucune revalorisation en 2018 alors que l’inflation a été de 1,6 %. En 2019 les retraites ont été gratifiées d’une hausse de 0,3% pour une inflation de 1,4%. En conséquence, les syndicats demandent une revalorisation immédiate de 3% ce qui est plus ambitieux que le simple retour à l’indexation sur l’inflation.
- Annonce de l’augmentation de la retraite minimum à 1000€ en 2020, mais uniquement pour une carrière complète.
- Prime dite « de 1000€ » pérennisée… C’EST UN ABUS DE LANGAGE. En réalité cette prime a atteint en moyenne 450€, versée à 3 salarié.e.s sur 10. Et Macron affiche une mesure, sans concertation avec les chefs d’entreprises. Mesure qui dépendra de la bonne volonté ou des possibilités des patrons ! Certains commerçants et petits entrepreneurs ont déjà réagi négativement.
Macron ne touche pas aux 35 heures mais se dit favorable à une hausse du temps de travail, à négocier entre partenaires sociaux. Il confirme sa conception des négociations dans le cadre de l’entreprise instituée par la loi Travail de 2016 et les ordonnances Macron de 2017.
- Travailler davantage (bis) : + d’heures supplémentaires. Le rapprochement avec les 6 millions de chômeurs ne frappe pas son esprit attaché au libéralisme économique qui vise le profit maximum. Le plein emploi a été évoqué comme l’objectif du quinquennat, mais on n’est pas obligé d’y croire.
- Femmes seules avec enfants : prélèvement par la CAF des pensions alimentaires dues par l’ex-conjoint. Mesure qui ne coûtera pas cher à l’Etat et ignore l’insolvabilité de certains ex-conjoints.
- Réformes à venir confirmées :
- du système de retraite (retraites par points) qui incitera ou plutôt contraindra à travailler plus longtemps (par les décotes et surcotes). D’où le non-recul officiel de l’âge de la retraite, le recul deviendra inutile.
- de l’assurance chômage. L’accroissement de la pression sur les chômeurs a déjà été annoncée clairement cet hiver.
Impôts et fiscalité :
- Rétablir l’ISF : NON !
- Baisse de la TVA : NON !
- Baisse de l’impôt sur le revenu. Macron se refuse à envisager la création de tranches supplémentaires ainsi que la hausse du taux d’imposition des tranches touchant les revenus les plus élevés.
- Fraude fiscale : Macron prend son temps en créant une mission d’étude de la Cour des comptes.
- « Aucune fermeture d’école ni d’hôpital sans l’accord du Maire » … mais regroupements scolaires et fermetures de lits ne vont pas manquer!
- GS Maternelles, CP, CE ne doivent pas dépasser 24 élèves ; poursuite des dédoublements. Il est clair que ces objectifs nécessitent de créer des postes d’enseignants, des salles, des moyens financiers. C’est l’inverse qui est prévu.
- Une « Maison des services publics » (« France-Services ») dans chaque canton. Pas de financement précisé, mais ouverture aux opérateurs privés.
- Suppression de 120 000 fonctionnaires : chiffre à revoir à la baisse, dit-il, …peut-être…
- Réorganisation de la Fonction publique : davantage sur le terrain que dans les bureaux parisiens, on ignore ce que cela signifie. Les personnels des institutions nationales n’ont pas les mêmes formations et fonctions que les personnels des services publics des petites villes.
- Suppression de l’ENA (Ecole nationale d’administration). Refonte du recrutement des hauts fonctionnaires. Mais le président prévoit des « passerelles » pour le privé, loin de la nécessaire défense de l’intérêt général.
- RIC : NON !
- Réforme du référendum actuel, le référendum d’initiative partagée (élus + société civile), en abaissant le nombre de signatures exigé actuellement (4,5 millions !!) à 1 million, mais maintien de l’accord nécessaire d’1/5ème des parlementaires. Et priorité à l’avis des parlementaires. Le président réaffirme sa défense de la démocratie pseudo-représentative, il n’entend pas la demande de référendums à l’initiative des citoyens. Il se sait sûr de sa majorité à la chambre.
- Au niveau de la commune les électeurs auront un droit de pétition local, ils adresseront une simple « requête » aux élus locaux.
- Vote blanc : NON !
- Un « nouvel acte de décentralisation dans les territoires » (sans précision : un danger de perte d’égalité entre les citoyens),
- Le CESE (Conseil économique social et environnemental) : introduction de 150 citoyens tirés au sort. Ce Conseil est uniquement consultatif, l’impact de cette mesure sera sans effet majeur.
- Diminution de 30% (ou de 25%) du nombre des parlementaires,
- 20% de députés élus à la proportionnelle.
- Macron cherche des idées …et du temps : il crée une commission ! Une convention de 250 citoyens tirés au sort réfléchira à des solutions « concrètes » pour la transition énergétique.
Migrations :
- Il court sur les pas de Marine Le Pen en annonçant une fermeté sans faille pour fermer les frontières, accepter le moins de migrants possible
[Toutes les photos correspondent à la manifestation régionale des Gilets Jaunes à Chartres, le 13 avril 2019]