Lors des 1000 Bornes
Réactions et témoignages
Les manifestants des Finances publiques que nous avons interrogés veulent tous démontrer l’ampleur des coupes réalisées ou programmées dans le service.
Les emplois disparaissent régulièrement : Olivier Lasne, responsable CGT Finances publiques 28, indique que 5800 emplois doivent être supprimés d’ici 2022 à Bercy. Jean-Marc Augros Secrétaire départemental adjoint FO résume : « chaque département perd environ 20 emplois chaque année ».
Sophie et ses collègues venues du Perche, ont déjà vu fermer des postes. A Nogent-le-Rotrou, 3 postes ont fermé depuis 6 ans. Les trésoreries les plus proches de Nogent, à Authon-du-Perche, Thiron-Gardais, Brou ont fermé aussi.
La fermeture des sites des Trésoreries est mieux connue par les usagers. Dans les 3 ans à venir les trésoreries de Bonneval, La Loupe, Châteauneuf-en-Thymerais, Maintenon, Courville, Les Villages-Vovéens, sont visées pour une fermeture.
De son côté, Jean-Marc Augros, rappelle que depuis 1998, donc en 20 ans, les Finances publiques ont fermé 14 sites dans le département, il n’en reste que 11. Laurent Archenault précise que 9 fermetures de trésoreries ont eu lieu en 2015 et 2016, et à Brou fin 2018. Le but est de conserver uniquement les plus gros centres, dit-il. Lui-même a vécu deux fermetures. “Bonneval, La Loupe, Châteauneuf sont les prochaines trésoreries devant fermer, en 2020. Pour Maintenon c’est prévu pour 2022”, tout en faisant remarquer que « 400 000 € ont pourtant été investis par la Mairie pour restaurer la Trésorerie ». C’est cette situation globale que la marche de ce jour a voulu dénoncer.
Pour faire connaître leurs craintes et leurs analyses, les syndicats ont envoyé des courriers aux élus. Ils ont reçu une dizaine de délibérations de conseils municipaux en faveur du maintien de ce service public dont les collectivités apprécient généralement le professionnalisme.
Mais alors, que penser des Maisons de Services au public (MSAP) ou France-Services que le Président E.Macron a présentées comme une solution moderne, de proximité, adaptée aux besoins des territoires ? Les professionnel.le.s ne comprennent pas que leurs postes soient de moins en moins nombreux alors que, dans les MSAP, les employé.e.s ne pourront pas répondre aux usagers sur les nombreux sujets concernés : emploi, retraite, famille, social, santé, logement, énergie, accès au droit, etc. En réalité, explique Olivier Lasne, les Maisons de Services au Public sont en partie de la « poudre aux yeux ». Les agents et agentes sont unanimes : les personnels, probablement des contractuels recrutés par les collectivités, n’auront pas les compétences nécessaires. Leur rôle sera d’« aiguiller les usagers vers les administrations compétentes. » Ce qui est confirmé par le Portail Internet des MSAP* : elles devront permettre aux habitants de « connaître les conditions à satisfaire et les démarches à réaliser pour […] obtenir [différentes prestations.] », « Être orienté vers l’agence partenaire adéquate ».
Et le numérique ?
Thierry, adhérent de Solidaires, pense que l’informatisation va s’imposer mais il est persuadé que « les gens ont encore besoin d’un contact humain ». Pour Brigitte, de la CFDT Finances Publiques 28, « la population, rurale, âgée, va en pâtir ». « Tout le monde n’est pas informatisé et même des jeunes sont en difficulté dans ce domaine ». De plus, selon Emmanuelle, adhérente CGT, par l’usage de l’informatique, la « simplification annoncée est de façade », « les agents sont déjà sur-sollicités à cause d’anomalies, des cas particuliers qui ne sont pas traités automatiquement mais sont listées » et compliquent le travail des personnels. Elle aussi conclut que l’accueil par les agent.e.s était plus efficace, mieux adapté et finalement plus rapide. Mais la qualité du service public s’est déjà dégradée, ajoute le responsable CGT, et dès l’an prochain le Centre de Chartres sera fermé tous les après-midis.
Dans les Centres, réception des usagers sur rendez-vous. Chez les buralistes, paiement en liquide.
Emmanuelle note que les centres, même les plus gros, vont perdre des périodes d’ouverture, qu’il faudra passer par une demande de rendez-vous. Tous les salarié.e.s dénoncent la disparition de missions : bientôt, pour payer en espèces, ce sera uniquement dans les bureaux de tabac. Les personnes en difficulté seront les plus concernées et cette responsabilité est risquée pour les buralistes. Pour les trois collègues syndiqués à FO, l’État trompe les usagers par des promesses de proximité et d’aide. Quand les gens viennent aux guichets, ils découvrent la réalité et les conséquences du manque de personnel, concluent-ils. Il faut poursuivre l’action. Rodolphe Stiegelmann déplore la division qui est entretenue entre les catégories professionnelles, alors que la solidarité est nécessaire. Les agents et agentes des Finances publiques continueront à se faire entendre.
[Toutes les photos illustrant cet article ont été prise lors de l’Opération Mille Bornes. Voir notre article avec d’autres photos et deux vidéos.]
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