Retraites : 1 000 un samedi à Chartres !
Une manifestation un samedi ! Les organisateurs s’interrogeaient : les travailleurs répondraient-ils à une journée d’action non associée à une journée de grève ? Et encore une fois, le défi a été relevé puisque c’est au moins un millier de manifestants qui sont partis de la place Morard à Chartres en ce 11 janvier. Non sans avoir auparavant assisté à un « mini-concert » (musique / chants /slogans) par des Gilets jaunes de Nogent-le-Rotrou dont certains sont des musiciens professionnels aux sein du Théâtre Buissonnier (1).
Bruyante détermination
Le cortège a ensuite pris ses aises sur le large boulevard de la Courtille dans un tintamarre où l’orchestre était largement concurrencé par les sonos syndicales installées sur des autos, les mégaphones individuels, les trompes, cornes et autres sifflets. Ce ne sont pas des détails anecdotiques car, si les textes ne varient guère par rapport au précédentes manifestations (La retraites, elle est à nous…, Les jeunes dans la galère, les vieux dans la misère…, Retraite à points, retraite en moins…) leur infatigable reprise marque la détermination des participants.
Le volume sonore se trouve encore amplifié par l’étroitesse des rues quand les protestataires parcourent le centre-ville où un nombreux public, attiré par les soldes, observe la manifestation, assez souvent avec un sourire approbateur.
L’heure est grave
Puis, après avoir longé la médiathèque et la place Châtelet, la manifestation vient se masser devant la Préfecture, symbole du pouvoir, pour écouter les porte-paroles. Les bavardages cessent et on écoute avec une particulière attention. C’est que l’heure est grave, après plus d’un mois de grèves et défilés, le gouvernement méprisant reste campé sur sa volonté de destruction du système de retraite solidaire.
FSU : Les différentes formes d’action se complètent
Premier orateur, Pierre Licout (FSU) rappelle que c’est le 5è samedi et le 38e jour de grève des cheminots. Il dénonce le projet Macron « qui serait en fait le contraire d’un régime universel » et l’absence de négociation, contrairement à ce que laisse croire le pouvoir. Il poursuit : «Ce mouvement est exceptionnel par son ampleur, par sa durée, sa qualité, sa forme. » Il reconnaît des différences de conception de la lutte entre les syndicats, le choix de différentes formes d’action « mais nous sommes tous mobilisés » et les actions se complètent. Il appelle les manifestant.e.s à discuter avec leurs collègues qui s’étaient mobilisés en décembre, pour les convaincre de rejoindre le mouvement « Rejoignez-nous, lance-t-il, ne restez pas, chers collègues, avec ceux qui ne voient que leurs profits et que des coûts dans les dépenses de solidarité ».
CGT : Les créateurs des richesses sont les travailleurs
Bernard Vinsot, pour la CGT, cite Ambroise Croizat, ministre fondateur de la Sécurité sociale « C’est la seule création de richesse sans capital, la seule qui ne va pas dans la poche des actionnaires mais qui est directement investie pour le bien-être des citoyens. » De l’argent, il y en a. Il cite le record des versements de dividendes en 2019 pour les entreprises du CAC 40 et rappelle que les créateurs de ces richesses sont les travailleurs. « Ils sont violents et sûrs d’eux mais nous sommes nombreux et nombreuses déterminé.e.s et solidaires ».
FO : Grève générale
Éric Jarry de FO affirme que ce projet n’est ni amendable, ni négociable. « Faire céder Macron, c’est possible. Mais cela impose de ne pas avoir peur d’appeler à la grève générale. » Il explique que la puissance des grèves en cours et des manifestations « démontre que les salariés sont prêts. » Il appelle au « retrait total du régime par points, maintien des 42 régimes ».
Solidaires : Nous ne devons pas perdre
David Boilet (Solidaires28) salue d’abord les cheminots grévistes et invite à alimenter la caisse de grève. Il reconnaît qu’il y a encore des salariés à convaincre mais il considère positif le fait que le mouvement ait réussi à remobiliser après les congés. Il défend « le droit pour chacun et chacune de partir en bonne santé avec une pension digne, le droit à une pension qui garantisse de ne pas sombrer dans la misère. » C’est une lutte pour un modèle de société que les salariés défendent ensemble, avec les cheminots. Une société de solidarité qui n’exclut pas les plus fragiles. « Nous ne devons pas perdre ! À défaut ce gouvernement néo-libéral achèvera de dépecer ce qui reste de protection et de Sécurité sociale, après avoir démoli le Code du travail, l’assurance chômage, après avoir détruit une grande partie de ce qui reste encore des services publics » Il appelle à ne pas renoncer maintenant mais à généraliser une lutte totale partout. Il ajoute que « ceux qui négocient sont des traîtres aux travailleurs », « des collaborateurs zélés du pouvoir libéral, au profit d’une minorité, de l’oligarchie financière. »
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- Le Théâtre Buissonnier a coproduit plusieurs spectacles avec la Compagnie Jolie Môme qui donnera une soirée jeudi 16 janvier à 19 h. en solidarité avec les grévistes. Le lieu, sur l’agglomération chartraine, reste à déterminer. Suivez notre site ou l’information sera publiée dès que connue.
L’intégrale de la manifestation en vidéo
Pour voir les belles photos de cette manifestation captées par Willy Proust, cliquez ici.