Chartres :
Crèches en colère

Ce mar­di 14 jan­vier, les pro­fes­sion­nelles de la petite enfance des crèches de Chartres avaient ren­dez-vous devant la crèche de la rue des Comtesses , dans le cadre d’une nou­velle jour­née natio­nale de mani­fes­ta­tion contre les mesures d’application de la loi ESSOC (1). Elles s’étaient déjà mobi­li­sées plu­sieurs fois en 2019 à l’i­ni­tia­tive du col­lec­tif Pas de bébés à la consigne. Soutenues par la CGT-Santé, plus de 50 per­sonnes ont donc quit­té leur poste, conscientes de la gêne occa­sion­née aux parents mais inquiètes et même en colère devant les consé­quences pré­vi­sibles des ordon­nances qui seront connues en février. Toutes les crèches publiques de Chartres étaient fermées.

Loi ESSOC

Cette loi, au nom ron­flant, a été adop­tée en juillet 2018. Elle pré­voit, selon les per­son­nels mécon­tents interrogés :

- un pro­fes­sion­nel pour 8 bébés qui marchent contre 7 à par­tir de 18 mois actuellement ,

- un espace de 5,5 m² pour chaque enfant contre 7m² aujourd’hui,

- un accueil en sur­nombre plus impor­tant ( déjà consé­quent du fait de la pénu­rie de places en crèches) et 16 bébés en micro-crèche contre 10 actuellement,

- une prise en charge insuf­fi­sante des demandes de for­ma­tion et de réflexion sur les pratiques,

- moins de per­son­nels qualifiés.

La couche est pleine”

La mani­fes­ta­tion s’est ren­due à l’hô­tel de ville en s’arrêtant au gui­chet unique de la mai­rie, à la CAF (caisse d’allocations fami­liales) puis à la pré­fec­ture. Défilé déter­mi­né, inven­tif, sonore, ani­mé inlas­sa­ble­ment par les reven­di­ca­tions de la pro­fes­sion et ryth­mé par les sons des hochets, gre­lots, boites de lait en poudre per­cu­tées en cadence .

Encadré Pénurie de crèchesLa porte parole annonce la par­ti­ci­pa­tion à cette jour­née d’action des six crèches de la ville de Chartres. Elle explique leur mis­sion : veiller à la san­té, à la sécu­ri­té, au bien-être et au déve­lop­pe­ment des jeunes enfants . Elle dénonce la volon­té, par cette loi, de pri­vi­lé­gier la pro­duc­ti­vi­té. Elle cri­tique la dimi­nu­tion pro­gram­mée du nombre des pro­fes­sion­nels les plus qua­li­fiés. Idée reprise par le slo­gan «  Non à la quan­ti­té, Oui à la qua­li­té » cla­mé lon­gue­ment devant la CAF.

Léa, qui tra­vaille depuis de nom­breuses années, est sen­sible à la dégra­da­tion des condi­tions de tra­vail résu­mé par la pan­carte « On n’est pas des poulpes » ou « La couche est pleine ».

Sylvia , qui tra­vaille en centre ville dans une crèche rece­vant une cin­quan­taine d’enfants, évoque les listes d’attente. Une jeune femme poly­va­lente explique qu’elle fait des rem­pla­ce­ments et qu’elle est ame­née à s’occuper des enfants mais aus­si du ménage. Ce qui est aus­si le cas des auxi­liaires de puériculture.

Plusieurs sala­riées se disent inquiètes à pro­pos des for­ma­tions aux­quelles il n’est pas attri­bué suf­fi­sam­ment de temps. Toutes consi­dèrent comme cho­quante la réduc­tion pré­vue de l’espace dédié aux enfants, ce qui se tra­duit par des slo­gans et des pan­cartes tels « Les bébés ne sont pas des sar­dines ».

L’idée d’une péti­tion a été évo­quée par certain·es avec l’objectif d’obtenir le sou­tien des parents.

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1. Loi ESSOC :  Pour un état au ser­vice d’une socié­té de confiance.