Chartres, 24 janvier : Plus de manifestants que le 16 !
1200 manifestants à Chartres, ce 24 janvier, contre 900 le 16, et la tendance est la même dans toutes les villes de France, la réponse est donnée au gouvernement et à beaucoup de médias qui pariaient sur un essoufflement du mouvement. Le cortège a emprunté le même parcours que le 16, le dynamisme était tout aussi marqué comme en témoignent nos photos.
Les prises de paroles finales devant le théâtre étaient très attendues au 51ème jour du conflit. Elles ont été suivies avec une particulière attention et ponctuées de réactions bruyantes et expressives.
Prochaine manif à Chartres : le 29 janvier
Pierre Licout, pour la FSU est le premier à parler. D’emblée, il annonce « Nous étions plus de 1200 cet après-midi dans les rues de Chartres. C’est un nouveau succès de notre mobilisation. Au même moment, le gouvernement présente son sinistre projet de loi. [sifflets prolongés] Oui, vous pouvez siffler car il refuse totalement d’entendre que la majorité des jeunes, des salariés, des retraités sont opposés au projet de retraite à points. » Il rappelle, sous les applaudissements, la kyrielle de manifestations depuis le 5 décembre. « Et, en face, on refuse de nous entendre, c’est inacceptable […] Alors, nous allons continuer le combat, dès la semaine prochaine, le mercredi 29 janvier. »
Un projet anti-ouvrier, anti-femmes
La porte-parole de la CGT réaffirme que le projet à l’ordre du jour de la réunion du gouvernement est « dicté de A à Z par les exigences du capital financier. » Elle évoque, notamment, dans son intervention, le « massacre du droit des femmes » par le projet Macron-Philippe, un projet « anti-ouvrier, anti-femmes ». « Un exemple : le calcul de la pension sur toute la carrière, donc des périodes de temps partiel, de temps d’éducation, de maternité. » Sur le dialogue avec le pouvoir, elle remarque « Depuis bientôt deux ans, la confédération CGT a participé aux conférences, réunions bilatérales sur cette réforme des retraites. Les propositions de la CGT pour financer, améliorer et pérenniser le système existant sont connues, alors pourquoi aller à la conférence de financement ? » Elle conclut par un « Préparons la grève générale ! » bien applaudi.
Fini de courber l’échine
L’orateur de Solidaires s’exclame « Nous ne faiblissons pas depuis une cinquantaine de jours face à un gouvernement qui a décidé de nous ignorer […] Demain, après-demain, nous continuerons les actions jusqu’à ce que ce gouvernement entende raison. […] Nous défendons un système qui a plus de 70 ans d’existence construit par des hommes pétris d’humanisme et d’humanité. Nous avons décidé de nous lever et de nous battre. Fini de courber l’échine. » [Ouiiii, applaudissements]
Négocier, oui ! Co-gérer, non !
Éric Jarry lit la résolution de la Commission administrative de FO qui pointe « l’article64 du projet de loi, il organise ouvertement la généralisation des fonds de pension contre les droits acquis des travailleurs et les 42 régimes de retraite. Il étend la capitalisation et la spéculation contre les régimes de solidarité issus de la Sécurité sociale de 1945. […] L’objectif avoué est de faire augmenter de 20% en un an l’emprise des fonds de pension spéculatifs sur les salaires des travailleurs […] un véritable hold-up. » Le leader départemental fustige « La fausse sortie de la CFDT d’un conflit où elle n’est jamais entrée. » [Ouhhhh] […] Négocier, oui ! Cogérer, non ! Retrait du plan Macron-BlackRock-Berger. […] L’heure est grave, les confédérations syndicales doivent prendre leurs responsabilités » en appelant à la grève générale. Dans la foule, des voix s’exclament « Grève générale ! »
Les cheminots passent en mode guérilla
Bertrand Clavelier (CGT-Cheminots-Chartres) dénonce le déploiement policier lors de la venue, la veille, de Laurent Nuñez, secrétaire d’État à l’Intérieur, à Chartres (voir notre fil d’info) : « Les contrôles d’identité qui ont été réalisés par la police macronienne à la sortie de notre local sont une véritable déclaration de guerre. Le mouvement débuté le 5 décembre montre la vérité des prix : une classe dominante fascisante qui repose sur les forces de police. » Il annonce « Au 51ème jour de grève, les cheminots de Chartres ont suspendu la grève reconductible par périodes de 24 heures. Néanmoins, nous tenons à être très clairs : On continue, les cheminots seront dans la grève dans les temps forts interprofessionnels […] Les cheminots de Chartres proposent de passer en mode guérilla. » [Ouiii, applaudissements] Ils prévoient notamment une action « Athéna pour mettre à l’honneur l’implication de nos camarades féminines dans ce mouvement ».
La parole aux Gilets Jaunes
À la fin des interventions syndicales, malgré le désaccord de certains responsables FO et CGT, un représentant des Gilets Jaunes a pu s’exprimer. Ceux-ci étaient encore bien visibles dans le cortège avec leur banderole « Qui sème la misère, récolte la colère », leur batucada et leurs chants repris au fil des semaines par de plus en plus de manifestants. Le porte-parole Gilets Jaunes déclare : «Merci à l’Intersyndicale de nous donner la parole. […] On est contents de pouvoir être ensemble avec les organisations syndicales. […] Depuis un an et deux mois, notre mouvement perdure. On vient de loin, de gens qui méprisaient les syndicats ou qui en avaient peur […] mais aussi de certains militants syndicaux qui ne comprenaient pas ce mouvement. […] Aujourd’hui, on est en progrès, on manifeste ensemble dans la rue. […] Un an et deux moi… mais pour les syndicalistes, c’est depuis des décennies qu’ils militent dans leurs entreprises… […] Être ensemble dans la rue, c’est une richesse, aujourd’hui. » [Bravos].
Ainsi s’est conclue cette belle manifestation.
Et cliquez pour voir les belles photos de Willy Proust