Gilets Jaunes : Manifestation
et débat Retraites à Dreux
Les Gilets Jaunes s’étaient donné rendez-vous sur leur rond-point historique des Fenots pour aller en cortège jusqu’à la Maison Proximum Sainte-Ève. Ils étaient une grosse vingtaine (voir notre vidéo) à suivre et, pour certains, à tenir ou à pousser deux peintures ambulantes reproduisant « La Liberté guidant le peuple » et la statue de la Liberté, réalisations d’un Gilet Jaune avocat rouennais qui ont déjà circulé dans les manifestations parisiennes. Une fois arrivées à destination et installées devant l’entrée de la salle, la conférence-débat Retraite en danger a pu commencer.
Il y a un air de remise en cause de ce monde
Fabienne Lauret, ancienne ouvrière de Renault, évoque ses luttes dans l’industrie automobile et dit retrouver les mêmes problématiques qu’en 1968 (condition ouvrière, inégalité salariale hommes-femmes et Français-immigrés, droits…) dans le mouvement social actuel et celui des Gilets Jaunes. « Il ya un air de remise en cause de ce monde qui restera dans l’Histoire […] Ceux qui se sont mis en grève et qui se battent ont utilisé ce qu’avaient apporté les Gilets Jaunes. » Elle cite, par exemple, les assemblées de lutte. « C’est un mouvement de fond qui ne va pas s’arrêter comme ça. »
Les Gilets Jaunes : un mouvement non négociable
Patrick, ancien salarié syndiqué de Renault précise « Les Gilets Jaune,s c’est une partie des gens d’en bas […] ceux qui n’ont pas de boulot, qui sont précaires… la précarité de la campagne souvent… les handicapés (par le travail notamment) qui vivent avec 800 €… Ce mouvement, il a fait peur et il a déstabilisé tout le monde… » l’État comme les syndicats. « Un mouvement non négociable qui refuse les représentants. » Selon lui, un rapprochement est en train de se construire entre syndicats et Gilets jaunes et il s’en félicite.
La retraite, c’est une solidarité entre travailleurs
Gérard Filoche rappelle des idées simples trop peu connues. « La retraite n’est pas une épargne. Ce sont les salariés qui versent en temps réel à ceux qui ne peuvent plus travailler. C’est une solidarité entre travailleurs. C’est à ça principalement qu’ils veulent s’attaquer. Le fond de l’opération est d’arriver à ce que la part de financement des retraites baisse pour qu’elle puisse aller aux grandes entreprises, à la grande finance.»
“Bien qu’ayant emmerdé la population…”
Éric Bezou , cheminot syndicaliste, parle notamment de la casse de la SNCF et demande « Quest-ce qui détruit les routes ? Ce ne sont pas nos voitures, ce sont les camions. Un camion ça détruit la route comme mille voitures… alors que les marchandises pourraient passer par le rail. » Il ajoute : « Les émissions de gaz à effet de serre du transport (en Europe) c’est à 95% la route, le ferroviaire c’est 0,3%. » Évoquant la grève à la SNCF depuis le 5 décembre, il remarque « Bien qu’ayant emmerdé la population depuis un moi, 70 % soutiennent notre mouvement. »
La grève générale ne se décrète pas
Dans la salle, un homme prend timidement la parole : « Nous ne sommes plus en 68, nous sommes dans un monde mondialisé… ce ne sont plus les patrons qui sont maîtres, ce sont les financiers internationaux et bloquer les entreprises ça ne les gêne pas. Le faire c’est participer à la casse de la France engagée par les gouvernements successifs. » Tous les orateurs balayent ce point de vue et s’accordent sur le fait que des victoires d’ampleur ne pourront être obtenues que par la grève générale dans les entreprises … « mais on n’appuie par sur un bouton, ça ne se décrète pas ! » ajoute Gérard Filoche.