Les « manuels pour Jean-Michel »
ont obstrué la DSDEN
Une semaine après « La coupe est pleine » organisée par la FSU devant la DSDEN1, une nouvelle manifestation d’exaspération des enseignants a eu lieu au même endroit mercredi 29 janvier. Lancée par une assemblée générale réunissant des militants de SUD-Éducation (Solidaires), de la CGT-Éduc’action et des non-syndiqués, elle a rassemblé plus de 80 profs du primaire et du secondaire. Des militants de la FSU s’étaient aussi joints à l’opération.
Ce nouveau happening s’intitulait « Des manuels pour Jean-Michel »… Blanquer, ministre de l’Éducation nationale, bien entendu ! Les enseignants venus des quatre coins du département pour protester à la fois contre la politique éducative du ministre (nouveau bac avec contrôle continu contesté, baisse des moyens dans les établissements et les écoles à la rentrée 2020…) et la réforme des retraites qui frapperait durement les professeurs.
Un mur symbolique
Ils ont monté un mur de manuels scolaires devant l’entrée de leur administration pour symboliser ceux qu’ils rencontrent face à eux, tant de la part du ministre de l’éducation concernant leur profession que du gouvernement concernant les retraites. Ils ont aussi voulu exprimer leur indignation en reprenant les termes d’une une lettre ouverte au ministre2 rédigée par des enseignants issus du comité Grévistes Interpro Grand Melun regroupant différents secteurs (enseignants, cheminots, raffineurs, travailleurs sociaux, de la santé, de La Poste…) après les propos de J.-M. Blanquer le 19 janvier sur France-Inter. Lu à deux voix, ce courrier déclare : « Nous, personnes mobilisées contre cette réforme des retraites, contre la réforme du Bac, contre la tenue des E3C3, sommes des professeurs, des fonctionnaires de l’État. Nous portons au quotidien les valeurs de la République auprès des futurs citoyens de ce pays. Beaucoup parlent de notre profession comme d’un sacerdoce. Les principes de démocratie, la liberté, l’égalité, la fraternité, la solidarité, la laïcité sont au centre de nos vies professionnelles et personnelles. Nous traiter d’ennemis de la démocratie et de la République revient à mépriser notre engagement auprès des élèves et mépriser notre place dans la société. »
Lettre ouverte au ministre
La lettre poursuit « Chacune de nos actions donne lieu à de très longs échanges entre nous, tous motivés par notre volonté de rester dans le cadre de notre fonction, sans jamais froisser l’opinion publique. En nous accusant du contraire, vous jouez sur notre corde sensible. En quoi jeter de vieux manuels sur le sol est-il anti-démocratique ? En quoi occuper un rectorat est-il anti-démocratique ? En quoi questionner la pertinence d’une réforme pour l’avenir de la nation est-il anti-démocratique ?
[…] Non, lancer des manuels ne fait pas de nous des totalitaristes puisque c’est ce que vous sous-entendez. Ces manuels sont obsolètes, issus de programmes révolus. Leurs contenus pédagogiques et scientifiques sont inexploitables dans de nombreuses disciplines. Parfois à cause de vos réformes. Aucun roman n’a atterri sur le sol, aucun auteur n’a été souillé, aucune idée, aucune pensée n’a été détruite. Ces manuels ne manqueront à personne, ils ne nous empêcheront pas de continuer à faire notre travail.
À vous d’écouter, à vous d’entendre, à vous d’agir
Nous accuser de jeter et piétiner le savoir et la culture, c’est faire semblant d’ignorer nos luttes quotidiennes pour obtenir des budgets d’achats, organiser des sorties, permettre à nos élèves d’élargir leur horizon. Combien sommes-nous à partager nos ouvrages personnels avec nos élèves, à acheter des livres sur nos deniers personnels pour eux, à les prêter, à les donner ? »
La conclusion interpelle le ministre : « Nous faisons tout ce que nous pouvons. À vous d’écouter, à vous d’entendre, à vous d’agir POUR l’avenir de l’Education Nationale, POUR l’avenir de nos élèves, POUR l’avenir de notre République. »
Cette lettre a été déposée par chacun·e des présents dans la boîte de la DSDEN.
________
- Direction départementale de l’Éducation nationale (ex Inspection académique), 15 place de la République à Chartres.
- Épreuves communes de contrôle continu.
- Pour lire l’intégralité de la lettre, cliquez ici.