Chartres : Les Sans-Papiers interpellent l’État
Deuxième étape en Eure-et-Loir de la marche des Sans-Papiers, après celle qui ralliait Nogent-le-Rotrou, la veille. Cette fois, il s’agissait de marcher de La Taye (hameau de Saint-Georges-sur-Eure) à Chartres. Pourquoi La Taye ? Parce que c’est le lieu où Jean Moulin, préfet du département en juin 1940, fut torturé par les Allemands afin d’obtenir sa signature à un protocole mensonger accusant des tirailleurs sénégalais d’atrocités. Étienne Janci, habitant de la commune et militant chenu, rappela ce fait historique de résistance et d’antiracisme.
Un lieu de départ symbolique
Après avoir pris leur repas sur le parking de la petite gare, repas préparé par la cantine qui les suit en camionnette, les Sans-Papiers, accompagnés d’une quinzaine de solidaires locaux, se sont mis en route à 14 h. sous la pluie. Mais quand ils arrivèrent vers 17 h. 30 sur la place des Épars à Chartres, le soleil était revenu.
Ils furent accueillis par quelques mots de Céline Le Gay, du collectif AERéSP 28, qui rappela que celui-ci apportait de l’aide aux Sans-Papiers d’Eure-et-Loir mais aussi aux jeunes mineurs étrangers isolés scandaleusement laissés à la rue et réclamait, comme la marche, la régularisation de tous les Sans-Papiers.
Monsieur le Président, nous vous faisons une lettre…
Des marcheurs prirent la parole pour informer la grosse centaine de participants des objectifs de la marche (voir compte-rendu de l’étape de Nogent-le-Rotrou). L’un d’entre eux lut une lettre ouverte au président de la République : « Nous marcherons en hommage à nos anciens et anciennes, ces femmes et hommes venus d’Algérie tués par centaines le 17 octobre 1961… », « Nous marcherons en hommage à nos milliers de frères et sœurs qui meurent chaque année sur la route des migrations alors qu’ils et elles marchent avec l’espoir d’une vie meilleure et plus juste. », « Nous ne marcherons pas pour demander un cadeau…, Nous marcherons pour gagner l’égalité. » [Texte intégral ici]
C’était alors l’heure de prendre la direction de la salle des fêtes de Mainvilliers où un repas chaud avait été préparé par les militantEs de l’AERéSP. Non sans s’arrêter devant la Préfecture pour dire à l’État : « Qu’est-ce qu’on veut ? / L’égalité ! », « Qu’est-ce qu’on veut ? / La liberté ! », « Qu’est-ce qu’on veut ? / Des papiers ! / Pour tous ! »