À Nogent-le-Rotrou les femmes sont là, et bien là !

Nogent-le-Rotrou 30-01-2021 Pour un Après pas comme Avant Acte 10 Lecture d'un poème de Desnos au son d'une contrebasseAu théâtre de Verdure, l’Acte 10 de Pour un Après pas comme Avant était une pre­mière : les participant·e·s avaient choi­si d’approfondir un thème, celui des inéga­li­tés entre les femmes et les hommes. Les femmes étaient majo­ri­taires devant le kiosque ce jour-là et elles ont été nom­breuses à prendre la parole, avec ou sans notes.

 

DANS LE MONDE DU SPECTACLE

 

Grâce à C‑A il a été ques­tion de pro­fes­sions res­tées majo­ri­tai­re­ment mas­cu­lines, autant chez les comédien·ne·s que chez les technicien.n.es.

Les exemples d’inégalités ne manquent pas : femmes exclues des postes les plus pres­ti­gieux, peu de centres régio­naux diri­gés par des femmes (10%). Les textes sont majo­ri­tai­re­ment écrits par des hommes alors que les femmes sont nom­breuses à être pro­duc­trices et à créer des com­pa­gnies. Chez les intermittent·e·s, les femmes artistes et tech­ni­ciennes sont mino­ri­taires, leurs salaires sont infé­rieurs à ceux des hommes. Quant à la femme de 50 ans, elle est très peu repré­sen­tée dans les fic­tions, donc peu visible dans la société.

 

SORCIÈRES !

 

Nogent-le-Rotrou 30-01-2021 Pour un Après pas comme Avant Acte 10 Un participant s'exprime devant le kiosque à musiqueRemarque qui per­met à M‑S d’enchaîner sur l’image de la sor­cière, d’après un livre de Mona Chollet : de la femme qui connais­sait les plantes, soi­gnait, aidait à accou­cher, à la femme qui dérange et que les auto­ri­tés mas­cu­lines et reli­gieuses ont mise à l’é­cart, réduite au silence. Violence qui s’est déve­lop­pée du 15ème au 18ème siècle.

 

LES VIOLENCES SEXUELLES EN FRANCE ET DANS LE MONDE sont pré­sen­tées par M. Les chiffres sont impres­sion­nants et condamnent des modèles de socié­té insup­por­tables. Triste situa­tion, en France d’abord : meurtres de 146 femmes tuées par leur par­te­naire ou ex-conjoint en 2019. Violences sexuelles : le plus sou­vent, atteintes répé­tées qui se déroulent dans le cadre de l’entourage et de la famille dans 91% des cas. Peu de dépôts de plaintes, que sou­vent l’on retire.

Dans cer­tains pays, jusqu’à 70% des femmes sont vic­times de vio­lences sexuelles et de conta­mi­na­tions. Elles subissent des muti­la­tions, les dépres­sions, le VIH. Durant cette pan­dé­mie les appels sont mul­ti­pliés par 5 dans cer­tains pays, la France est concer­née aus­si. Victimes d’isolement social, peu demandent de l’aide auprès de la police. Les lois, là où elles existent, ne sont pas tou­jours mises en appli­ca­tion. M. attire l’attention sur le fait qu’en milieu rural, donc dans le Perche, les aides sont rares, les femmes ont du mal à oser dénon­cer les vio­lences qu’elles subissent et même à être écoutées.

Relations for­cées pour des filles mineures, les muti­la­tions géni­tales et les exci­sions sont légion. Ajoutons les unions et les gros­sesses pré­coces. Et, sur les réseaux sociaux en par­ti­cu­lier, les inti­mi­da­tions et les menaces sont fréquentes.

Pour l’OMS, c’est un pro­blème de san­té publique, il est urgen­tis­sime de faire évo­luer les men­ta­li­tés par l’éducation, par la pro­mo­tion de l’égalité.

LES DISCRIMINATIONS SALARIALES

 

M‑C. pré­sente les inéga­li­tés de rému­né­ra­tions que les femmes subissent encore mal­gré les dix textes de lois et les décrets rédi­gés depuis 1972. Elles connaissent la pré­ca­ri­té et le temps par­tiel, la ségré­ga­tion pro­fes­sion­nelle en res­tant enfer­mées dans un nombre de pro­fes­sions réduit. Le prin­cipe du salaire égal pour un tra­vail de valeur égale n’est pas appli­qué. En moyenne les hommes touchent un salaire supé­rieur de 20,3% à celui des femmes. Les temps par­tiels sont le lot de 28% des femmes contre 6% pour les hommes. Les primes aus­si concernent moins les femmes et elles accèdent moins aux res­pon­sa­bi­li­tés. Quant à l’index créé en 2019 pour mettre fin à ces inéga­li­tés sur les lieux de tra­vail, il n’a rien réglé. Enfin, le bilan pour les retrai­tées est affli­geant : elles ont les plus faibles pen­sions, qui peut l’ignorer ?

UN PEU DE POÉSIE

 

Texte du poème Nuits de Robert DesnosSabine dit un poème de Robert Desnos, NUITS. Puis, Mathieu et sa contre­basse racontent l’histoire de Clémence qui “ne fait plus rien” dans le foyer conjugal…sans aucun remords !

 

VIVE LA LIBRE DISCUSSION !

 

Echange de témoi­gnages qui confirment la réa­li­té des dis­cri­mi­na­tions en entre­prises, l’infériorisation des femmes, réduites au tra­vers de blagues et d’interpellations à des objets de fan­tasmes. Et la dis­cus­sion aborde aus­si la notion de repré­sen­ta­tion des métiers qui pèse encore sur les mentalités.

« Les mots ont un zizi » nous affirme A., un album à la main. Plaisir par­ta­gé de recher­cher le fémi­nin des mots qui dési­gnent plus sou­vent un objet qu’une femme : une chauf­feuse, une jar­di­nière, une mari­nière, une man­da­rine, une tri­bune, une veilleuse, une limousine…dessins à l’appui. Les débatteurs.ses se pas­sionnent quand il est ques­tion de la fémi­ni­sa­tion des mots, « pro­blème sys­té­mique » sur lequel il faut agir en même temps que dans les domaines sociaux. Il est urgent de s’é­le­ver contre le condi­tion­ne­ment, contre l’oppression qui invi­si­bi­lise, qui exclut.

Réunion pas­sion­nante qui conforte l’idée de pour­suivre des ren­contres à thème, selon une régu­la­ri­té à trouver.