À Nogent-le-Rotrou les femmes sont là, et bien là !
Au théâtre de Verdure, l’Acte 10 de Pour un Après pas comme Avant était une première : les participant·e·s avaient choisi d’approfondir un thème, celui des inégalités entre les femmes et les hommes. Les femmes étaient majoritaires devant le kiosque ce jour-là et elles ont été nombreuses à prendre la parole, avec ou sans notes.
DANS LE MONDE DU SPECTACLE
Grâce à C‑A il a été question de professions restées majoritairement masculines, autant chez les comédien·ne·s que chez les technicien.n.es.
Les exemples d’inégalités ne manquent pas : femmes exclues des postes les plus prestigieux, peu de centres régionaux dirigés par des femmes (10%). Les textes sont majoritairement écrits par des hommes alors que les femmes sont nombreuses à être productrices et à créer des compagnies. Chez les intermittent·e·s, les femmes artistes et techniciennes sont minoritaires, leurs salaires sont inférieurs à ceux des hommes. Quant à la femme de 50 ans, elle est très peu représentée dans les fictions, donc peu visible dans la société.
SORCIÈRES !
Remarque qui permet à M‑S d’enchaîner sur l’image de la sorcière, d’après un livre de Mona Chollet : de la femme qui connaissait les plantes, soignait, aidait à accoucher, à la femme qui dérange et que les autorités masculines et religieuses ont mise à l’écart, réduite au silence. Violence qui s’est développée du 15ème au 18ème siècle.
LES VIOLENCES SEXUELLES EN FRANCE ET DANS LE MONDE sont présentées par M. Les chiffres sont impressionnants et condamnent des modèles de société insupportables. Triste situation, en France d’abord : meurtres de 146 femmes tuées par leur partenaire ou ex-conjoint en 2019. Violences sexuelles : le plus souvent, atteintes répétées qui se déroulent dans le cadre de l’entourage et de la famille dans 91% des cas. Peu de dépôts de plaintes, que souvent l’on retire.
Dans certains pays, jusqu’à 70% des femmes sont victimes de violences sexuelles et de contaminations. Elles subissent des mutilations, les dépressions, le VIH. Durant cette pandémie les appels sont multipliés par 5 dans certains pays, la France est concernée aussi. Victimes d’isolement social, peu demandent de l’aide auprès de la police. Les lois, là où elles existent, ne sont pas toujours mises en application. M. attire l’attention sur le fait qu’en milieu rural, donc dans le Perche, les aides sont rares, les femmes ont du mal à oser dénoncer les violences qu’elles subissent et même à être écoutées.
Relations forcées pour des filles mineures, les mutilations génitales et les excisions sont légion. Ajoutons les unions et les grossesses précoces. Et, sur les réseaux sociaux en particulier, les intimidations et les menaces sont fréquentes.
Pour l’OMS, c’est un problème de santé publique, il est urgentissime de faire évoluer les mentalités par l’éducation, par la promotion de l’égalité.
LES DISCRIMINATIONS SALARIALES
M‑C. présente les inégalités de rémunérations que les femmes subissent encore malgré les dix textes de lois et les décrets rédigés depuis 1972. Elles connaissent la précarité et le temps partiel, la ségrégation professionnelle en restant enfermées dans un nombre de professions réduit. Le principe du salaire égal pour un travail de valeur égale n’est pas appliqué. En moyenne les hommes touchent un salaire supérieur de 20,3% à celui des femmes. Les temps partiels sont le lot de 28% des femmes contre 6% pour les hommes. Les primes aussi concernent moins les femmes et elles accèdent moins aux responsabilités. Quant à l’index créé en 2019 pour mettre fin à ces inégalités sur les lieux de travail, il n’a rien réglé. Enfin, le bilan pour les retraitées est affligeant : elles ont les plus faibles pensions, qui peut l’ignorer ?
UN PEU DE POÉSIE
Sabine dit un poème de Robert Desnos, NUITS. Puis, Mathieu et sa contrebasse racontent l’histoire de Clémence qui “ne fait plus rien” dans le foyer conjugal…sans aucun remords !
VIVE LA LIBRE DISCUSSION !
Echange de témoignages qui confirment la réalité des discriminations en entreprises, l’infériorisation des femmes, réduites au travers de blagues et d’interpellations à des objets de fantasmes. Et la discussion aborde aussi la notion de représentation des métiers qui pèse encore sur les mentalités.
« Les mots ont un zizi » nous affirme A., un album à la main. Plaisir partagé de rechercher le féminin des mots qui désignent plus souvent un objet qu’une femme : une chauffeuse, une jardinière, une marinière, une mandarine, une tribune, une veilleuse, une limousine…dessins à l’appui. Les débatteurs.ses se passionnent quand il est question de la féminisation des mots, « problème systémique » sur lequel il faut agir en même temps que dans les domaines sociaux. Il est urgent de s’élever contre le conditionnement, contre l’oppression qui invisibilise, qui exclut.
Réunion passionnante qui conforte l’idée de poursuivre des rencontres à thème, selon une régularité à trouver.