Petits salaires et grand mépris
Lors de la manifestation des personnels du médico-social et de l’action sociale du 1er février dernier à Chartres, nous avons interrogé des participant·e·s.
La revendication qui provoque une vive colère, c’est l’exclusion de ces personnels du bénéfice de la prime Ségur accordée aux catégories de la santé pour leur investissement dans la lutte contre la pandémie. Comme nous l’avons déjà noté, cette exigence est inscrite sur les blouses, les pancartes ou les banderoles et clamée : ‘’Le Ségur pour tous !’’
Les salarié.e.s du DITEP1 de Morancez, sont venu·e·s en nombre. Des éducatrices expliquent : « Le DITEP est un institut thérapeutique pour enfants ayant des troubles de l’attention ». Il est géré par les PEP282 et les personnels sont payés par l’ARS3.
Toutes les catégories de personnel n’ont pas bénéficié des 183€ du Ségur. Une éducatrice et ses collègues précisent : « On accompagne le même public », « durant la crise Covid on a été très présentes auprès des familles ».
« Les infirmières de l’établissement ont reçu la prime Covid, mais pas les assistantes sociales ni les psychologues » explique Laurent, psychologue. Il regrette cette mise en concurrence des personnels d’un même établissement.
DES SALAIRES SCANDALEUSEMENT BAS
Les salaires sont aussi au cœur des témoignages. Les manifestant·e·s demandent la revalorisation de tous les métiers du secteur social. La dernière revalorisation du point d’indice, datant de septembre dernier, a été fixée à 0,1 point, c’est-à-dire 10€ net nous a précisé une salariée. La comparaison avec la hausse actuelle du coût de la vie est éloquente ! Elle estime que les diplômes des éducateurs « ne sont pas reconnus à leur juste valeur ».
Laurent explique qu’à bac +5, un psychologue gagne autour de 1500€, avec 20 ans d’expérience, il compare avec les salaires du privé de niveau master, « autour de 4000€ » et ajoute que l’on constate de plus en plus de difficultés à recruter dans les professions médico-sociales du fait de cette faiblesse salariale. Le nombre des jeunes accueillis au DITEP est de plus en plus important alors que les demandes de créations de postes demandées à l’ARS ne sont pas entendues.
Ainsi, nous sommes bien devant les conséquences de choix politiques. C’est ce qu’a dénoncé fortement Christine Sénéchaux, porte-parole CGT, en parlant d’austérité budgétaire et en rappelant les revendications : « de vraies augmentations de salaires sans condition » et « des embauches de personnels qualifiés. »
DES MÉTIERS INDISPENSABLES
De nombreux établissements étaient représentés. Des salariées d’un pôle d’insertion socio-professionnel de Chartres travaillent dans des structures qui accueillent soit des adultes, de 16 ans jusqu’à l’âge de la retraite, soit de la naissance jusqu’au grand âge. Des adolescents devront être accompagnés dans leur insertion professionnelle.
Dans le cadre du DAME4 de Nogent-le-Rotrou, Sandrine explique qu’une quarantaine de salarié·e·s accompagnent des enfants déficients intellectuels, des jeunes en accueil de jour ou, pour certains, en inclusion totale dans un établissement scolaire.
Parmi leurs préoccupations, ces professionnelles s’inquiètent de la perspective de refonte des conventions collectives en une convention unique qui risque d’être tirée vers le bas. (cf. la vidéo de la prise de parole de la CGT).
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- Dispositif institut thérapeutique, éducatif et pédagogique.
- Pupilles de l’enseignement public d’Eure-et-Loir.
- Agence régional de santé.
- Dispositif d’accompagnement médico-éducatif.