Mer (L&C) : Manifestation contre les projets inutiles du Centre-Val de Loire
Sous le titre “Autoroutes, entrepôts : dans le Centre, des terres agricoles coulées sous le béton”, Reporterre a publié un compte rendu de la manifestation contre les projets inutiles et imposés du 20 février à Mer où des opposants au projet de l’A154 en Eure-et-Loir étaient présents.
Nous reproduisons des extraits de cet article signé par Emmanuel Clévenot dont vous pouvez retrouver l’intégralité sur le site écologiste.
Sur le site de Saint-Prest Environnement retrouvez les prises de paroles de la délégation d’Eure-et-Loir et d’autres photos.
« La dernière fois qu’autant de monde s’est rassemblé ici, ça devait être à la Libération ! » Dimanche 20 février, la petite commune de Mer, dans le Loir-et-Cher, a été tirée de sa paisible routine. Devant le café de la gare, dont la vitrine exhibe une fresque mettant en scène Johnny Hallyday, une foule de près de deux cents militants s’est formée. […]
L’horloge de la place indique 11 heures passées. Emmitouflés sous leurs capuches, les manifestants sont venus de toute la région. Ils attendent que passe l’averse pour dévoiler leurs pancartes et banderoles les plus colorées. L’une dit non à la construction d’un pont. Une autre à celle d’un hangar. Une autre encore dénonce la privatisation d’une route. Une, enfin, appelle à protéger la Loire.
Un jeune homme empoigne le micro et saute sur la plus haute marche d’un escalier. Sur son manteau, est dessiné le visage du révolutionnaire Che Guevara : « Combien de temps va-t-on continuer à produire toujours plus en détruisant la planète ? lance Noé Petit, 18 ans. Nous sommes nombreux, dans la région, à lutter contre des projets inutiles et écocides, qui ne sont bons qu’à soutenir le tout-logistique, le e‑commerce et les grandes multinationales. Alors rassemblons-nous et faisons nous entendre ! »[…] Quelques minutes plus tard, la première grande marche des luttes locales du Centre-Val de Loire peut commencer.
« Ce chantier détruira pas moins de 660 hectares de terres fertiles »
En queue de cortège, Nicole, septuagénaire, affiche un large sourire. Décoiffée par le vent, cette ancienne institutrice a parcouru plus de 130 kilomètres depuis son village d’Eure-et-Loir pour participer à ce rassemblement. « J’étais militante avant même 1968, alors il en faut plus pour me dissuader. » Avec quatre amis, elle est venue crier sa colère concernant la transformation en autoroute de la nationale RN 154, qui relie Orléans à Rouen. « Ce chantier détruira pas moins de 660 hectares de terres fertiles. Qu’est-ce qu’il lui prend, à Jean Castex, de vouloir refaire tout plein d’autoroutes ? »
Jean-Paul partage le même combat que Nicole : « Les céréaliers ont leur part de responsabilité. Ils vendent leurs terres pour tirer le pactole à court terme, mais ne pensent plus à l’importance de préserver les espaces agricoles », s’agace-t-il avec sa compagne. Depuis de longues années, il lutte pour la réouverture de la ligne Chartres-Orléans, fermée en 1942. « La liaison ferroviaire existe. Il suffirait de la remettre en état et, terminé ! Plus besoin d’autoroute. »
Escorté par la gendarmerie, le cortège poursuit son chemin dans le centre du village. Ancien directeur d’un petit hôpital de jour, Paul-Albert combat la construction d’un projet de pont sur la Loire, à Mardié, à l’est d’Orléans. […]
Troisième lutte, la plus locale, née à Mer même : Une première plateforme logistique, c’est-à-dire un lieu où convergent les colis de différents fournisseurs avant d’être expédiés, a déjà été construite. Trois autres projets similaires menacent. Ils seraient synonymes de dizaines d’hectares de terres bétonnés et près de 3 000 camions défileraient alors chaque jour dans la ville. […]
La quatrième lutte représentée dans le cortège, portée par la voix de Jean-Michel Garibal : « Au nord de Vierzon, un terrain de 20 hectares a été vendu à un opérateur qui compte y construire un grand hangar logistique. Évidemment, la communauté de communes lui ouvre les bras puisqu’il assure pouvoir créer entre 300 et 400 emplois. Le fric à tout prix ! » […]
En façonnant cette coopération régionale inédite des luttes locales du Centre-Val de Loire, les différents collectifs entendent remporter ensemble des batailles et lancer un signal aux élus locaux : « Nous n’attendons plus de discours et de délais, d’accusation de vos prédécesseurs et de renvois à vos successeurs, mais des actions concrètes. »