Tribune : ‘’Avec le peuple ukrainien’’

Nous repro­dui­sons cette tri­bune publiée sur le blog “Les Invités de Mediapart” le 3 avril et ain­si pré­sen­tée : « Nous devons pour­suivre un objec­tif unique : contri­buer à recher­cher une issue démo­cra­tique et paci­fique à ce conflit. » Alors que la machine mise en branle par Poutine pour­suit son œuvre de des­truc­tion en Ukraine, un col­lec­tif d’é­co­lo­gistes issu·es de dif­fé­rents par­tis prône un « cap poli­tique clair choi­sis­sant la paix, la démo­cra­tie et l’écologie comme ave­nir de notre monde et de notre conti­nent. » Pour empê­cher toute nou­velle esca­lade du conflit, ils et elles s’op­posent à toute impli­ca­tion directe de l’OTAN dans les opé­ra­tions militaires.

 

Tribune col­lec­tive d’écologistes et de membres de GénérationS, d’Ensemble!, du PCF et d’EÉLV co-signée par : 

Christophe Aguiton,
Manu Arvois,
Emmanuelle Becker,
Patrice Cohen-Séat,
Alain Coulombel,
Elsa Faucillon (dépu­tée des Hauts de Seine), 
David Flacher,
Jérôme Gleizes,
Pierre-Francois Grond,
Ingrid Hayes,
Pierre Khalfa,
Marie Luchi,
Raymonde Poncet Monge (séna­trice du Rhône)
Barbara Romagnan

 

 

Chartres 05-03-2022 Rassemblement Ukraine

Chartres, le 5 mars 2022, Rassemblement de soli­da­ri­té avec l’Ukraine

Les villes et les cam­pagnes ukrai­niennes sont sous les bombes. Les civils sont pris pour cibles et jetés sur les routes de l’Europe, entraî­nant la mort de dizaines d’hommes, de femmes et d’en­fants tous les jours. L’invasion menée par l’armée russe, sur ordres de Vladimir Poutine, réveille les pires sou­ve­nirs de notre conti­nent trau­ma­ti­sé par deux guerres mon­diales. La soli­da­ri­té avec le peuple ukrai­nien et les réfu­giés fuyant cette guerre, quelles que soient leurs ori­gines, va de soi pour nous, qui nous recon­nais­sons dans les com­bats de la gauche et de l’é­co­lo­gie poli­tique. Cela nous fait devoir de nous ras­sem­bler, dans la diver­si­té de nos enga­ge­ments poli­tiques, pour nous his­ser à la hau­teur de la vio­lente crise inter­na­tio­nale qui gronde et gran­dit à nos portes. Nous devons pour­suivre un objec­tif unique : contri­buer à recher­cher une issue démo­cra­tique et paci­fique à ce conflit.

 

Rechercher une issue démo­cra­tique et paci­fique à ce conflit (1)

 

Vladimir Poutine, l’a­gres­seur, cherche à la fois à construire une puis­sance impé­riale et à étouf­fer les aspi­ra­tions démo­cra­tiques qui s’expriment en Ukraine, en Biélorussie et éga­le­ment en Russie. Pour y par­ve­nir, il exa­cerbe le natio­na­lisme grand-russe par une poli­tique de puis­sance agres­sive. Il cherche à res­tau­rer le sta­tut de puis­sance mon­diale et impé­riale de la Russie et à écra­ser les gou­ver­ne­ments et les peuples qui lui tiennent tête, dans ce qu’il estime être sa zone d’influence, en n’hésitant pas à reprendre la vieille thèse anti-démo­cra­tique de « sou­ve­rai­ne­té limi­tée » émise en son temps par le diri­geant sovié­tique Leonid Brejnev. Pour par­ve­nir à ses fins, il va jusqu’à bran­dir la menace nucléaire et à mettre en dan­ger l’humanité entière. À l’heure où tous les efforts devraient être concen­trés dans la lutte contre le réchauf­fe­ment cli­ma­tique et les injus­tices sociales, Poutine choi­sit la guerre, le chaos et le sang.

L’OTAN, outil de guerre froide, aurait dû être dis­soute à la fin de l’affrontement est-ouest en 1991 pour lais­ser place à des méca­nismes de sécu­ri­té col­lec­tive, incluant l’ensemble des pays d’Europe, dont la Russie, afin d’éviter le revan­chisme et la para­noïa du pou­voir russe. Quels qu’aient été  les jeux de puis­sance mal­sains et dan­ge­reux joués par les USA et leurs alliés de l’OTAN qui ont contri­bué à désta­bi­li­ser la région, Vladimir Poutine porte la res­pon­sa­bi­li­té des évé­ne­ments dra­ma­tiques en cours.

 

Résistances des socié­tés en Ukraine et dans une moindre mesure en Russie

 

Pour l’heure, l’offensive mili­taire ren­contre une double résis­tance : résis­tance mili­taire ukrai­nienne et résis­tance de la socié­té civile qui luttent pour pré­ser­ver l’indépendance et les liber­tés de leur peuple. En Russie, la mobi­li­sa­tion citoyenne force elle aus­si l’ad­mi­ra­tion en sur­pas­sant elle aus­si ce que le Kremlin pou­vait envi­sa­ger. La répres­sion fait tout pour asphyxier les mul­tiples actes de contes­ta­tion, d’autant plus qu’elle s’appuie sur des lois liber­ti­cides adop­tées dans la pré­ci­pi­ta­tion, la cen­sure et une mani­pu­la­tion média­tique outran­cière. Les mani­fes­tantes et mani­fes­tants anti-guerre contre­carrent sa volon­té de pas­ser en force, de même des réti­cences fortes des sol­dats russes à s’engager dans le conflit se mani­festent, obli­geant Poutine à aller cher­cher des mer­ce­naires syriens pour faire le sale bou­lot… Ces élé­ments sont autant de témoins d’un rejet pro­fond de l’invasion jusque dans la popu­la­tion russe. Ce sont des signes de fai­blesses du pou­voir en place, qui peuvent jouer un rôle impor­tant dans la construc­tion d’une issue à cette très grave crise internationale.

 

Une vic­toire de Vladimir Poutine serait catas­tro­phique pour la paix mon­diale et la démocratie

 

La répro­ba­tion de l’opinion inter­na­tio­nale et l’isolement de Poutine sont désor­mais mani­festes sur le plan diplo­ma­tique. Pour autant, la machine qu’il a mise en branle pour­suit son œuvre de des­truc­tion en Ukraine.

Une vic­toire de Vladimir Poutine serait catas­tro­phique pour la paix mon­diale et la démo­cra­tie. Elle lais­se­rait libre cours à son pro­jet, ouvrant ain­si une phase d’instabilité lourde de dan­ger pour l’Europe et le monde, dans un contexte de fortes ten­sions entre impé­ria­lismes amé­ri­cain, russe et chi­nois et de sur­ar­me­ment nucléaire. La guerre en cours encou­rage déjà un ren­for­ce­ment de l’OTAN, qui appa­raît comme la seule issue pour beau­coup de petits États en mal de pro­tec­tion. De ce point de vue, l’agression de Poutine risque de nous pré­ci­pi­ter dans un dan­ge­reux cercle vicieux. À l’opposé de cette dyna­mique régres­sive, nous, femmes et hommes de gauche, éco­lo­gistes, sou­hai­tons fixer un cap poli­tique clair refu­sant la guerre, choi­sis­sant la paix, la démo­cra­tie et l’écologie comme ave­nir de notre monde et de notre continent.

C’est en ce sens que :

  • Nous récla­mons l’arrêt immé­diat de l’offensive de la Russie en Ukraine, un ces­sez-le feu et le retrait de l’armée russe, per­met­tant l’ouverture de négo­cia­tions dans des condi­tions équitables.
  • Nous affir­mons que l’issue de cette guerre doit être diplo­ma­tique et que toutes les par­ties qui s’opposent sur le ter­ri­toire ukrai­nien doivent en faire la prio­ri­té absolue.
  • Nous nous oppo­sons à l’annexion de l’Ukraine ou à une par­ti­tion qui serait obte­nue par la guerre, en ver­tu du droit du peuple ukrai­nien à dis­po­ser de lui-même. Aucun réfé­ren­dum d’autodétermination ne peut avoir lieu avec un pis­to­let sur la tempe.
  • Nous défen­dons le droit à l’auto-défense de la socié­té civile et du gou­ver­ne­ment ukrai­nien, sous toutes ses formes, tant que l’agression se pour­suit. Tout en étant pro­fon­dé­ment paci­fistes, nous com­pre­nons que la livrai­son d’armes à l’Ukraine et la consti­tu­tion de bri­gades inter­na­tio­na­listes sont la condi­tion néces­saire de sa résistance.
  • Pour empê­cher toute nou­velle esca­lade du conflit, tout risque d’embrasement géné­ra­li­sé, nous nous oppo­sons à toute impli­ca­tion directe de l’OTAN dans les opé­ra­tions mili­taires de l’Ukraine contre l’armée russe.
  • Nous sou­te­nons toutes les sanc­tions éco­no­miques qui frappent les oli­garques et le gou­ver­ne­ment russes. Nous vou­lons un plan de sor­tie coor­don­né à l’échelle euro­péenne des hydro­car­bures et du nucléaire dou­ble­ment nocives, sur un plan envi­ron­ne­men­tal comme sur le plan stra­té­gique vis à vis des régimes dic­ta­to­riaux dont elles nous rendent dépen­dants. Nous deman­dons au gou­ver­ne­ment fran­çais d’exiger le retrait, ou pour le moins la sus­pen­sion, des acti­vi­tés de Total Energie en Russie y com­pris en matière gazière.
  • Nous affir­mons l’urgence de déve­lop­per en France des mobi­li­sa­tions paci­fistes en soli­da­ri­té avec la résis­tance ukrai­nienne et avec les mobi­li­sa­tions de la socié­té civile russe contre la guerre.
  • Nous deman­dons l’annulation immé­diate de la dette ukrainienne.
  • Nous sou­te­nons les poli­tiques d’aide huma­ni­taire, sani­taire, ali­men­taire, aux popu­la­tions ukrai­niennes, menées par les États et col­lec­ti­vi­tés locales.
  • Nous sou­te­nons toutes les ini­tia­tives, de ras­sem­ble­ment, de mani­fes­ta­tion, de jume­lage, par­rai­nage, d’action cultu­relle, de col­lecte huma­ni­taire, venant du mou­ve­ment asso­cia­tif ou syn­di­cal et des ini­tia­tives citoyennes.
  • Nous défen­dons une poli­tique d’accueil digne des mil­lions de réfugié·es quelle que soit leur origine.
  • Nous défen­dons la mise sur pied, sur des fon­da­tions démo­cra­tiques authen­tiques, d’une alliance défen­sive euro­péenne indé­pen­dante de l’OTAN, qui assu­re­rait la pro­tec­tion de toutes et tous, y com­pris les États qui ne sont ni membres de l’Otan ni de l’UE.

 

Pacte de sécu­ri­té col­lec­tive et dis­so­lu­tion des alliances militaires

 

Au-delà, et à plus long terme, nous exi­geons une confé­rence de paix euro­péenne sous l’é­gide de l’OSCE incluant tous les États euro­péens, y com­pris la Russie, et devant débou­cher sur un pacte de sécu­ri­té col­lec­tive. Un tel pacte doit abou­tir à la dis­so­lu­tion de toutes les alliances mili­taires (OSTC, OTAN) et doit être garan­ti par l’ONU. Dans ce cadre, il faut enga­ger un pro­ces­sus de négo­cia­tion abou­tis­sant à un désar­me­ment nucléaire dont l’absolue néces­si­té est à nou­veau tra­gi­que­ment mise en lumière.

____________

  1. Les inter­titres sont de la rédac­tion d’ensemble28.forum38.net