Kasbarian déclare la guerre aux pauvres

Le pro­jet de loi des dépu­tés macro­nistes  Guillaume Kasbarian et Aurore Bergé est très cri­ti­qué par les asso­cia­tions de loca­taires. Elles consi­dèrent que ce texte cri­mi­na­lise les loca­taires  qui ne peuvent plus payer leur loyer et « les squat­teurs de loge­ments vides ». Les uns et les autres font par­tie de la popu­la­tion la plus pauvre du pays. La colère est justifiée.

Vous avez dit squatteurs ?

ImmeubleImaginé il y a un an par le dépu­té de la 1ère cir­cons­crip­tion d’Eure-&-Loir, ce texte vise à don­ner des garan­ties aux  pro­prié­taires de loge­ments. En 2021, la loi ASAP1 avait per­mis de mettre dehors  170 squat­teurs  sans recours à un juge. Les squat­teurs sont donc, pour la majo­ri­té macro­niste, un petit pro­blème vite réglé : on mul­ti­plie par trois l’amende, qui passe à 45 000 €, et la peine de pri­son monte à trois ans ! Traités comme des cri­mi­nels, les squat­teurs fran­çais ou étran­gers de loge­ments vacants en seraient calmés !

Guillaume Kasbarian, dépu­té de Chartres, le recon­naît dans une inter­view de France Info du 28 novembre. « En véri­té c’est une loi qui pro­tège les pro­prié­taires petits et moyens. » En consé­quence, ce pro­jet de loi pré­voit d’accélérer les pro­cé­dures d’ex­pul­sion sans relo­ge­ment des loca­taires, au risque de fabri­quer de nou­veaux S.D.F. C’est une cri­mi­na­li­sa­tion des pré­caires. Cependant, d’après Manuel Domergue, de la Fondation Abbé-Pierre: « Il n’y a que 2 à 3 % de loyers impayés en France ».

L’Eure-et-Loir n’y échappe pas !

Maisons ChâteaudunLe mal-loge­ment en France c’est d’abord des gens à la rue : de plus en plus nombr/eux/ses autour des camion­nettes de la Croix-Rouge et des Restos du Cœur à Chartres et des militant·e·s  de l’humanitaire. Au moins 80 chaque soir3. Ce sont aus­si des per­sonnes, en famille ou non, qui se retrouvent sans emploi ou si mal payées qu’elles ne peuvent plus vivre nor­ma­le­ment : il faut rogner sur la nour­ri­ture, le chauf­fage, les loi­sirs évi­dem­ment, l’habillement.  Avec ou sans indem­ni­té chô­mage la pau­vre­té s’installe et mène rapi­de­ment au non-paie­ment des loyers. Ces per­sonnes pré­ca­ri­sées réus­si­ront-elles à évi­ter d’être jetées hors de leur loge­ment ? Les asso­cia­tions sont leur seul recours. Et pour­tant Chartres regorge de loge­ments vides… À ce jour, dans le pays, 280 000 ménages sont en situa­tion d’impayés de loyer, 4 mil­lions sont mal-logés, 6 000 per­sonnes, dont près de 2 000 enfants, n’obtiennent pas d’hébergement tem­po­raire tous les jours, 300 000 sont sans-domi­cile2. Et 3,1 mil­lions de loge­ments sont  vacants !

Bien avant la crise des prix de l’énergie, due à la spé­cu­la­tion autant qu’à la guerre en Ukraine, payer les fac­tures était déjà un pro­blème. Aujourd’hui, pour beau­coup de loca­taires du parc social, la hausse des loyers est deve­nue dif­fi­ci­le­ment sup­por­table, du fait de la hausse des prix des éner­gies et des demandes de cer­tains bailleurs sociaux, comme à Nogent-le-Rotrou, de payer durant plu­sieurs mois un sup­plé­ment qui anti­cipe les hausses pos­sibles ! À tel point que certain·e·s loca­taires ont déci­dé de quit­ter leur loge­ment HLM où le chauf­fage n’est pas individuel.

Evidemment, les député·e·s  redres­seurs de torts ont le sou­tien du groupe Les Républicains (LR) et du Rassemblement natio­nal (RN).

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  1. Loi d’ac­cé­lé­ra­tion et de sim­pli­fi­ca­tion de l’ac­tion publique.
  2. humanité.fr le 19 novembre : ‘’ Vers une cri­mi­na­li­sa­tion des loca­taires et des squat­teurs’’.
  3. L’Écho Républicain du 28 novembre, pp. 2–3.