C’était la soirée NousToutes28 contre les violences gynécologiques et obstétricales
Après la manifestation contre les violences sexistes et sexuelles du 19 novembre à Chartres, le collectif NousToutes28 présentait le documentaire « Tu enfanteras dans la douleur » de Ovidie aux Enfants du Paradis le 25 de ce même mois.
Cette séance a eu le mérite de mettre en lumière une réalité peu connue du grand public et bien souvent niée par ceux qui en sont les auteurs : les violences gynécologiques et obstétricales.
Les droits des patient·e·s
En introduction à la projection, Marine Verdière, co-créatrice du collectif eurélien, a rappelé qu’ont été identifiées six catégories générales de violences faites aux femmes : « violences physiques, violences psychologiques, administratives, économiques, violences sociales et violences gynécologiques et obstétricales. » Concernant ces dernières, objet du film, elle souligne que la loi Kouchner de 2002 précise les droits des patient·e·s : « Article L 1110–2 : La personne malade a droit au respect de sa dignité. Article 1111–4 Le médecin a l’obligation de respecter la volonté de la personne après l’avoir informée des conséquences de ses choix et de leur gravité. […] Aucun acte médical ni aucun traitement ne peut être pratiqué sans le consentement libre et éclairé de la personne et ce consentement peut être retiré à tout moment. »
L’accouchement sans douleur
Le film, justement, est largement consacré à des témoignages de femmes ayant subi des maltraitances durant leur grossesse et leur accouchement : épisiotomie non-consentie, expression abdominale, césarienne à vif, suture du périnée sans anesthésiant, remarques sexistes ou infantilisantes, voire chantage. Il rappelle aussi la lutte historique pour l’accouchement sans douleur, technique importée d’URSS et pratiquée dès les années 1950 dans la maternité CGT des Bluets à Paris sous la direction du docteur Fernand Lamaze, puis par le docteur Max Ploquin à la maternité Montaigne à Châteauroux.
Reconnaissance des violences et recommandations
Le film montre aussi le combat féministe pour faire apparaître au grand jour les dérives de certains gynécologues et la longue résistance du Collège national des Gynécologues et Obstétriciens français (CNGOF) à accepter le rapport et les 24 recommandations établis par le Haut Conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes et rendus en 2018 à Marlène Schiappa, secrétaire d’État chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes. Le recul des moyens (techniques et en personnel) accordés à l’hôpital public est aussi identifié comme une cause des maltraitances.
Le débat qui a suivi la projection évoque d’ailleurs cette question. Dominique Prier-Chéron, de la FSU, pense qu’il faut mener les deux combats « philosophique et politique. Si on veut accéder à une amélioration des soins et des droits des femmes, il faut militer pour les moyens nécessaires. » Une personne travaillant en milieu hospitalier témoigne de propos « hallucinants » de la part de médecins « hommes ou femmes » et s’interroge sur la formation des personnels médicaux. Est évoqué aussi l’accouchement à domicile comme pratique moins traumatisante.