C’était la soirée NousToutes28 contre les violences gynécologiques et obstétricales

Chartres 19-11-2022 Marche féministe NousToutes Contre les violences sexistes et sexuelles

Chartres, 19-11-2022 : Marche fémi­niste NousToutes28 contre les vio­lences sexistes et sexuelles

Après la mani­fes­ta­tion contre les vio­lences sexistes et sexuelles du 19 novembre à Chartres, le col­lec­tif NousToutes28 pré­sen­tait le docu­men­taire « Tu enfan­te­ras dans la dou­leur » de Ovidie aux Enfants du Paradis le 25 de ce même mois.

Cette séance a eu le mérite de mettre en lumière une réa­li­té peu connue du grand public et bien sou­vent niée par ceux qui en sont les auteurs : les vio­lences gyné­co­lo­giques et obstétricales.

20_ans_loi_Kopuchner du_4_mars_2002 Droits des malades [visuel]

Affiche d’un col­loque à l’oc­ca­sion des 20 ans de la loi Kouchner

 

Les droits des patient·e·s

En intro­duc­tion à la pro­jec­tion, Marine Verdière, co-créa­trice du col­lec­tif euré­lien, a rap­pe­lé qu’ont été iden­ti­fiées six caté­go­ries géné­rales de vio­lences faites aux femmes : « vio­lences phy­siques, vio­lences psy­cho­lo­giques, admi­nis­tra­tives, éco­no­miques, vio­lences sociales et vio­lences gyné­co­lo­giques et obs­té­tri­cales. » Concernant ces der­nières, objet du film, elle sou­ligne que la loi Kouchner de 2002 pré­cise les droits des patient·e·s : « Article L 1110–2 : La per­sonne malade a droit au res­pect de sa digni­té. Article 1111–4 Le méde­cin a l’o­bli­ga­tion de res­pec­ter la volon­té de la per­sonne après l’a­voir infor­mée des consé­quences de ses choix et de leur gra­vi­té. […] Aucun acte médi­cal ni aucun trai­te­ment ne peut être pra­ti­qué sans le consen­te­ment libre et éclai­ré de la per­sonne et ce consen­te­ment peut être reti­ré à tout moment. »

L’accouchement sans douleur

Couverture d'un livre autobiographique de Max Ploquin

Couverture d’un livre auto­bio­gra­phique de Max Ploquin

Le film, jus­te­ment, est lar­ge­ment consa­cré à des témoi­gnages de femmes ayant subi des mal­trai­tances durant leur gros­sesse et leur accou­che­ment : épi­sio­to­mie non-consen­tie, expres­sion abdo­mi­nale, césa­rienne à vif, suture du péri­née sans anes­thé­siant, remarques sexistes ou infan­ti­li­santes, voire chan­tage. Il rap­pelle aus­si la lutte his­to­rique pour l’accouchement sans dou­leur, tech­nique  impor­tée d’URSS et pra­ti­quée dès les années 1950 dans la mater­ni­té CGT des Bluets à Paris sous la direc­tion du doc­teur Fernand Lamaze, puis par le doc­teur Max Ploquin à la mater­ni­té Montaigne à Châteauroux.

Israël Nisand, CNGOG [Image du film d'Ovidie]

Israël Nisand, CNGOF [Image du film d’Ovidie]

Reconnaissance des vio­lences et recommandations

Le film montre aus­si le com­bat fémi­niste pour faire appa­raître au grand jour les dérives de cer­tains gyné­co­logues et la longue résis­tance du Collège natio­nal des Gynécologues et Obstétriciens fran­çais (CNGOF) à accep­ter le rap­port et les 24 recom­man­da­tions éta­blis par le Haut Conseil à l’é­ga­li­té entre les femmes et les hommes et ren­dus en 2018 à Marlène Schiappa, secré­taire d’État char­gée de l’Égalité entre les femmes et les hommes. Le recul des moyens (tech­niques et en per­son­nel) accor­dés à l’hôpital public est aus­si iden­ti­fié comme une cause des maltraitances.

Le débat qui a sui­vi la pro­jec­tion évoque d’ailleurs cette ques­tion. Dominique Prier-Chéron, de la FSU, pense qu’il faut mener les deux com­bats « phi­lo­so­phique et poli­tique. Si on veut accé­der à une amé­lio­ra­tion des soins et des droits des femmes, il faut mili­ter pour les moyens néces­saires. » Une per­sonne tra­vaillant en milieu hos­pi­ta­lier témoigne de pro­pos « hal­lu­ci­nants » de la part de méde­cins  « hommes ou femmes » et s’interroge sur la for­ma­tion des per­son­nels médi­caux. Est évo­qué aus­si l’accouchement à domi­cile comme pra­tique moins traumatisante.