Alençon : Des mineurs isolés à la rue pris en charge par RESF 61

À Alençon, la semaine der­nière, des mineurs non accom­pa­gnés (‘’iso­lés’’) ont été ins­tal­lés par RESF 61 (Réseau Education sans Frontières de l’Orne) dans la basi­lique Notre-Dame d’Alençon, en centre-ville. 17 jeunes n’avaient pas été recon­nus mineurs par l’ASE (Aide sociale à l’Enfance)de l’Orne, qui dépend du Conseil dépar­te­men­tal. Cette situa­tion est fré­quente sur tout le ter­ri­toire fran­çais mais tend à se dur­cir dans la période d’intransigeance actuelle à l’égard des per­sonnes en migra­tion et des jeunes en par­ti­cu­lier. Les six jeunes, ori­gi­naires du Mali et de Côte d’Ivoire, qui, fina­le­ment, n’ont pas été mis à l’abri, ont été mieux accueillis par le col­lec­tif RESF61 qui s’est empres­sé de trou­ver une solu­tion afin qu’ils ne soient pas en errance, tota­le­ment dému­nis. Ils ont donc pu être héber­gés à par­tir du 11 mai, pour quatre nuits, dans l’édifice reli­gieux, grâce à l’accord du prêtre de la paroisse, le Père Gicquel des Touches. Une autre struc­ture a pris le relais pour trois autres nuits.

 

La pré­somp­tion de mino­ri­té ignorée !

 

Les membres de RESF 61 n’ont pas chô­mé pour cou­vrir les besoins de base de ces enfants. Chaque soir une assem­blée géné­rale per­met­tait de réunir des sou­tiens maté­riels et finan­ciers avec les per­sonnes soli­daires, de plus en plus nom­breuses. Le col­lec­tif, qui assure l’accompagnement édu­ca­tif du groupe et la pré­sence la nuit, n’a pas ces­sé de s’adresser aux auto­ri­tés qui sont atten­dues sur ce type de situa­tion. La Mairie n’a pas vou­lu que les jeunes soient ins­tal­lés dans ses locaux ; la Préfecture a dénon­cé une ‘’occu­pa­tion illé­gale de la mai­rie puis de la basi­lique’’ ; le Conseil dépar­te­men­tal n’applique pas le prin­cipe de pré­somp­tion de mino­ri­té exi­gé par les­textes inter­na­tio­naux1. Ces jeunes ne sont recon­nus ni adultes, ni enfants, ils sont dans l’attente d’un juge­ment sur leur mino­ri­té, ce qui peut prendre des mois.

 

RESF 61 a deman­dé à s’exprimer jeu­di 25 mai lors du Conseil Municipal

 

Ce mer­cre­di 17 mai, à 18 h. 30, un ras­sem­ble­ment s’est dérou­lé devant les grilles du Conseil Départemental. Deux militant·e·s ont lu, devant un groupe d’une bonne tren­taine de personnes,un texte adres­sé aux trois admi­nis­tra­tions. Des échanges ont eu lieu. Notamment, un méde­cin s’est inter­ro­gé sur l’absence de sur­veillance de la san­té des jeunes. Deux mili­tantes venues du Perche ornais et nogen­tais ont dit connaître des situa­tions iden­tiques en Eure-et-Loir et ont cité l’action des asso­cia­tions pari­siennes pour offrir un héber­ge­ment décent à de nom­breux jeunes à l’abandon dans la capi­tale2.

Dans cet appel aux trois admi­nis­tra­tions de l’Orne, le col­lec­tif annonce aus­si s’adresser au Défenseur des Droits.

RESF 61attend une réponse du maire de la ville à leur demande de prise de parole avant le début du Conseil Municipal, jeu­di 25 mai.

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  1. Conformément à la CIDE (Convention Internationale des Droits de l’Enfant) dont la France est signa­taire, ces jeunes doivent être consi­dé­rés comme des enfants avant d’être des étran­gers. Traité inter­na­tio­nal adop­té par l’Assemblée géné­rale des Nations unies le 20 novembre 1989. Actuellement 196 états en sont signataires.
  2. Les asso­cia­tions et de nom­breux jeunes migrants occupent depuis un mois une école désaf­fec­tée du 16earron­dis­se­ment de Paris.