Chartres : Se loger n’est pas un crime, M. Kasbarian !
70 personnes, au mois de juin, après les manifestations retraites, dans la ville de Chartres, les initiateurs de cette initiative contre la loi Kasbarian-Bergé avaient de quoi être satisfaits. En premier lieu les militant·e·s d’Ensemble! qui n’ont pas ménagé leur peine durant la petite semaine de préparation pour que cette protestation ait lieu dans la ville du député macroniste. Micheline Cognard explique : ‘’Depuis le mois de décembre, nous savions que cette loi était inadmissible mais nous avons été pris par d’autres combats mais il n’est jamais trop tard. »
À l’image du large spectre des organisations appelantes, c’est la diversité des participant·e·s qui caractérisait la petite foule rassemblée devant le monument aux Droits de l’Homme. Certain·e·s étant venu·e·s de plus loin et notamment de Dreux.
Pascal Savoldelli : La loi Kasbarian une anti-loi DALO
Le sénateur communiste Pascal Savoldelli, qui doit plaider ce jeudi l’irrecevabilité du texte de loi au Sénat, a qualifié la loi d’anti-locataires et montré que la loi Kasbarian va à l’encontre de la loi DALO1 (2007) : ‘Les expulsions ne seraient plus suivies d’un relogement systématique’’. Il a cité la situation actuelle déjà alarmante : ‘’ 330 000 personnes sans domicile, 642 personnes sans domicile fixe comptabilisées comme mortes dans la rue en 2022 […] malgré l’existence de 3 millions de logements vacants.’’
Micheline Cognard a complété en attirant l’attention sur la carence de l’hébergement d’urgence (1152, géré à Chartres par le FAC3) qui touche de la même façon les SDF et les migrant·e·s, et elle a dénoncé la politique de ‘’desserrement’’ de la capitale qui envoie des sans-abris en régions ce qui y aggrave la situation.
Fanny Dulin : L’emprise de Airbnb
Les manifestant·e·s, par l’esplanade de la Résistance, se sont ensuite rendu·e·s jusqu’au monument Jean-Moulin devant lequel la banderole du DAL4 ‘’Se loger n’est pas un crime, c’est un droit’’ a été déployée. Fanny Dulin, la porte-parole de ce mouvement et présidente du DAL 77, a ajouté aux publics visés par la loi (squatteurs, locataires) ‘’les syndicalistes qui voudraient occuper leur lieu de travail, les écologistes qui occupent des terres agricoles, des cabanes de jardin.’’ Elle a aussi attiré l’attention sur l’emprise de Airbnb pour le tourisme ‘’Il n’y a plus de locations pour les simples gens […] Il y a des campagnes pour l’accession à la propriété mais pour en faire du tourisme !’’
Maryse, une retraitée d’un Office HLM, a expliqué comment, après la loi de 1993, il a été transformé en OPAC5 dans lequel les salariés ne sont plus embauchés sous statut de fonctionnaires : ‘’Quand c’était en Office public, on cherchait toujours a reloger les gens en difficulté dans des logements moins chers […] aujourd’hui, le grand plaisir [d’un cadre] c’est de f… les gens dehors !’’
La CNL : Simulacre de démocratie et de concertation sociale
La déambulation s’est ensuite rendue, occasionnant quelques perturbations à la circulation automobile, au pied de la statue du Général-Marceau, figure de la République révolutionnaire. Ici, s’est exprimée la secrétaire départementale de la Confédération nationale du logement. Elle a notamment dénoncé ‘’le simulacre de démocratie et de concertation sociale, la CNL a été convoquée à réagir jeudi 25 [mai] à une loi qui va permettre d’augmenter les loyers. Pour nous, c’est non !’
Une permanence fermée et bien gardée
Enfin, le cortège a rejoint, par le boulevard Maurice-Viollette, aux cris de ‘’Retrait de la loi Kasbarian-Bergé’’, la permanence du député, toujours hermétiquement fermée depuis le mouvement sur les Retraites et gardée par un cordon de policiers. Alors que les protestations verbales continuaient à fuser, des militant·e·s traçaient des slogans au sol, comme ils l’avaient déjà fait place Châtelet.
‘’Merci Chartres !’’ a conclu la militante du DAL venue avec deux autres de ses camarades d’ïle-de-France.
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- Droit au logement opposable.
- Numéro d’appel pour l’hébergement d’urgence.
- Foyer d’accueil chartrain.
- Association Droit au logement.
- Le Offices publics d’aménagement et de construction sont devenus des OPH, offices publics de l’habitat en 2007.