Cessez-le-feu : Après l’interdiction de la manifestation du 18, report au 25 novembre

Interdiction

Donc, le ras­sem­ble­ment sui­vi d’une mani­fes­ta­tion pour un ces­sez-le-feu immé­diat à Gaza, ce same­di 18 novembre, à l’appel de for­ma­tions poli­tiques et syn­di­cales1 a été inter­dit par le nou­veau Préfet d’Eure-et-Loir, Hervé Jonathan. À l’heure du ras­sem­ble­ment (15 h.), des res­pon­sables des orga­ni­sa­tions appe­lantes se sont ren­dus au point de ras­sem­ble­ment (place Châtelet) pour infor­mer celles et ceux qui n’auraient pas eu connais­sance de l’interdiction et leur évi­ter l’amende de 135 € rap­pe­lée par le Préfet. Mais, les orga­ni­sa­tions ayant don­né l’information par les réseaux sociaux (mails, pages face­book, sites inter­net…) dès qu’elles en avaient été infor­mées (13 h.), cette démarche n’eut pas de vraie uti­li­té mais leur per­mit de ren­con­trer la presse pour lui faire part de leur indi­gna­tion… sous l’œil  d’une hui­taine de poli­ciers en uni­forme et d’autres en civil.

 

Les consi­dé­rants de l’arrêté

 

Dans son arrê­té d’interdiction, le Préfet, avance plu­sieurs arguments :

  • Des ‘’actes anti­sé­mites […] consta­tés […] à Chartres et à Dreux’’.

 

  • ’Des pro­pos pou­vant être consi­dé­rés comme anti­sé­mites et por­teurs de haine raciale’’ lors du ras­sem­ble­ment ‘’à Chartres le 4 novembre 2023’ ’(voir notre compte-ren­du). Nous n’avons pas enten­du de tels pro­pos et la presse n’en a pas rapporté.

 

  • Le ras­sem­ble­ment du 18 novembre ‘’est sus­cep­tible d’être l’occasion d’expressions anti­sé­mites, consti­tuant ain­si un trouble grave à l’ordre public’’.

 

  • ’Les orga­ni­sa­teurs n’apportent pas de garan­ties suf­fi­santes que des slo­gans anti­sé­mites ne seraient pas pro­non­cés durant la mani­fes­ta­tion’’. Ces soup­çons d’antisémitisme envers des orga­ni­sa­tions qui militent depuis tou­jours contre l’antisémitisme et tous les racismes sont par­ti­cu­liè­re­ment choquants.

 

  • ’Ni le par­cours, ni le nombre de mani­fes­tants atten­dus […] ni les éven­tuelles mesures prises […] pour enca­drer la mani­fes­ta­tion ne sont connus […] qu’il en résulte l’impossibilité […] d’anticiper le dis­po­si­tif de sécu­ri­té le plus adap­té.’’ Les orga­ni­sa­teurs de mani­fes­ta­tions devraient-ils sol­li­ci­ter un ins­ti­tut de son­dage pour pré­voir, avec 2% de marge d’erreur, le nombre de per­sonnes répon­dant à leur appel ? Mais l’arrêté, lui, jauge que ‘’le ras­sem­ble­ment est sus­cep­tible d’apporter un nombre impor­tant de per­sonnes au regard de l’actualité’’ et sug­gère que ‘’la forte mobi­li­sa­tion des forces de l’ordre pour […] faire face […] à la menace ter­ro­riste’’ ne per­met pas de déga­ger les forces de sécu­ri­té néces­saires. Devant cette argu­men­ta­tion, on est en droit de se deman­der si la Préfecture a une mémoire objec­tive des mani­fes­ta­tions dans notre dépar­te­ment où les inci­dents furent extrê­me­ment rares dans les der­nières décennies.

 

  • Dernier argu­ment pour l’interdiction : ‘’La décla­ra­tion […] n’a pas été faite dans les délais impar­tis’’. La posi­tion de la Préfecture tranche ain­si avec une pra­tique  moins rigo­riste en usage depuis des années dans le département.

 

Pour le ces­sez-le-feu, les orga­ni­sa­tions ne baissent pas les bras

 

Après récep­tion  de l’arrêté pré­fec­to­ral, les orga­ni­sa­tions ont immé­dia­te­ment dépo­sé un réfé­ré-liber­té auprès du tri­bu­nal admi­nis­tra­tif d’Orléans. Malheureusement, le juge a vali­dé la plu­part des argu­ments avan­cés par le Préfet.  Les orga­ni­sa­tions ont néan­moins déci­dé d’un nou­vel appel à mani­fes­ter same­di pro­chain (25 novembre) à 15 h. et d’en faire l’information  à la Préfecture dès ce lun­di 20. Alors, que des cen­taines de vic­times (dont de très nom­breux enfants) s’ajoutent chaque jour à Gaza, les entraves mises à l’expression de l’exigence d’un ces­sez-le-feu et d’un règle­ment (négo­cié selon les réso­lu­tions de l’ONU) sont par­ti­cu­liè­re­ment scandaleuses.

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  1. PCF, Ensemble!, EELV, LFI, MJCF, Solidaires, CGT, FSU.