Les causes profondes de la colère paysanne
En Eure-&-Loir comme dans toute la France, les agriculteurs ont manifesté, ces derniers jours avec, notamment, des barrages ou filtrages routiers (A154 à Sérazereux, RN 923 au rond-point de Margon, sortie de l’A11 à Luigny…), un meeting sur le péage de l’A11 à Chartres ou encore une intrusion de cinquante tracteurs sur la place des Épars et devant la Préfecture, dimanche soir.
Un revenu garanti pour les agriculteurs et agricultrices
Les paysannes et paysans ont raison de dénoncer leurs faibles revenus, l’augmentation des coûts sans aides ni compensations. L’effet de l’actuelle hausse des prix des matières premières doit être mise à plat, les abus sanctionnés. L’application non contrôlée de la loi Egalim1, au profit de la grande distribution est un scandale. Un revenu garanti est une exigence incontournable ! Les prix de vente doivent intégrer réellement les coûts de production et des niveaux de rémunérations revalorisées… Le nombre de procédures administratives et de normes à appliquer, ressenti comme excessif, doit être étudié.
Victimes des traités de libre-échange
Dans quel contexte se déroule cette crise sociale du monde paysan ? Ces jours-ci, plus de 100 organisations appellent les eurodéputés à voter NON à l’accord de libéralisation du commerce et de l’investissement UE-Chili. De nombreux autres traités commerciaux internationaux ont été signés par l’Union européenne avec l’aval de la France, ou sont encore en discussion.
En 2015, le collectif Ensemble!28 a été à l’origine, avec quelques ami·e·s, de la création, en Eure-et-Loir, du collectif STOP-TAFTA28, rejoint par plusieurs organisations. Ce collectif est devenu ultérieurement STOP-CETA28. Travail difficile mais qui a permis d’initier des actions locales bien visibles (un exemple sur notre ancien site) et de participer à des manifestations nationales de dénonciation d’un commerce international qui détruit des activités au service des besoins réels et protectrices de l’environnement.
Aujourd’hui, la mobilisation des agriculteurs/trices de notre pays met en lumière les dégâts des politiques centrées sur la concurrence et l’enrichissement des plus gros. La libéralisation aux dépens des pays aux plus faibles revenus — mais aux richesses convoitées — ne doit pas être soutenue. Hélas, la loi du plus fort est toujours à l’œuvre, dans notre pays comme à l’international.
Protéger le climat est également incontournable
En même temps, il est vital, pour l’avenir de l’humanité comme pour celui des paysan·ne·s qui sont les premières victimes du réchauffement climatique, de protéger le climat et la santé humaine. Véronique Marchesseau, secrétaire générale de la Confédération paysanne explique : ‘’Si ça va mal dans les fermes, ce n’est pas à cause de la nécessité de prendre en compte l’environnement dans nos pratiques, mais parce qu’on n’a pas assez de revenus pour pouvoir modifier ces pratiques’’. Ce syndicat a une autre revendication centrale pour une agriculture paysanne respectueuse de la nature et des travailleurs/euses : ‘’Priorité à l’installation face à l’agrandissement.’’ On n’y est pas encore !
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- Loi pour l’équilibre des relations commerciales dans le secteur agricole et une alimentation saine et durable. [Elle est issue des Etats généraux de l’alimentation de 2017]