La défaillance de l’État pour la papeterie La Chapelle Darblay expliquée à Dreux
Le 26 novembre, l’Union locale CGT de Dreux avait convié à une soirée de projection du documentaire de Marianne Lère-Laffitte L’Usine, le Bon, la Brute et le Truand au CinéCentre, film consacré à la lutte des salariés de l’usine de fabrication de papier recyclé La Chapelle-Darblay (les ‘’pap’chap’’) à Grand-Couronne en Normandie pour empêcher sa fermeture par le groupe UPM qui en était le propriétaire.
Présence de délégués syndicaux et de secrétaires au CSE de l’usine
C’est Antoine Molinatti, secrétaire adjoint de l’UL qui a présenté la séance et les invités :
Cyril Briffault, délégué syndical CGT (‘’la brute’’), Arnaud Dauxerre, représentant sans étiquette des cadres au CSE (‘’le truand’’), Gérard Senecal (délégué syndical historique de la CGT), père de Julien Senecal, secrétaire CGT du CSE (‘’le bon’’) absent et Philippe Martinez, ancien secrétaire général de la CGT.
Au cours de l’échange avec la quarantaine de personnes présentes, Cyril a indiqué qu’avec ses camarades ils avaient déjà présenté près de cent fois ce documentaire dans toute la France.
Défaillance de l’État pour soutenir la relance
Il a précise qu’en 2019, lors de la fermeture du site, il y avait 217 salariés, ‘’actuellement, nous sommes… 2 et demi !’’ et il ajoute ‘’je vous rassure La Chapelle est toujours debout, elle n’est pas démolie, pas démontée, on se bat toujours contre ça. L’usine a bien été préemptée [par la région Normandie], le papetier Fibre-Excellence est toujours à l’œuvre, essaie toujours de reprendre le site pour redémarrer.’’ Hélas, ‘’il manque un acteur’’ sollicité dès le début, c’est l’État par le biais du Ministère des Finances ‘’On a fait la préemption, vous deviez accompagner, il y avait le montage financier, vous deviez être là… eh bien, ils sont toujours pas là.’’ Arnaud a ajouté ‘’On ne demande pas à l’État de venir raser gratis. Il y a un projet industriel réel, chiffré, simplement, on a besoin de caution, de garantie et seul l’État, aujourd’hui, est en capacité de le faire pour rassurer les marchés.’’ Expression qui a certainement fait se hérisser le poil de beaucoup d’audit·eur/rice·s dans la salle. Mais Cyril a expliqué ‘’Une SCOP c’était pas possible puisqu’une boîte comme la nôtre, c’est 80 millions de francs. On veut bien aller chercher de l’argent dans le PSE [NDLR : plan de sauvegarde de l’emploi] mais 80 millions sur 200 salariés, ça fait quand même beaucoup d’argent donc vous ne pouvez pas, on a essayé une SCIC [Société coopérative d’intérêt collectif], on a été rencontrer des patrons de presse pour leur proposer de nous accompagner, on nous a claqué la porte au nez : ‘’le papier il est moins cher à côté’’ donc on est allé chercher un vrai fabriquant de papier [Fibre Excellence].’’
Enjeu social mais aussi environnemental
Du fait de l’arrêt de l’usine ‘’ce sont des usines allemandes ou étrangères qui bénéficient de notre tri, en quelque sorte de nos taxes d’enlèvement d’ordures ménagères.’’ L’autre scandale, ‘’c’est qu’on nous demande d’être vertueux écologiquement, environnementalement et ce que nous faisons, c’est que nous envoyons des camions qui font 800 km aller-retour supplémentaires pour aller faire recycler nos papiers. Ici, à Dreux, on allait collecter les papiers du centre de tri, eh bien, ces papiers-la arrivaient à l’usine, à une heure et demie de camion, aujourd’hui, ils font 8 heures de camion.’’
Cet enjeu écologique a été développé et élargi par Philippe Martinez. Écoutez un extrait de son intervention :