La défaillance de l’État pour la papeterie La Chapelle Darblay expliquée à Dreux

Dreux 2024-11-26 Soirée CGT Chapelle-Darblay Cyril Briffault et Arnaud DauxerreLe 26 novembre, l’Union locale CGT de Dreux avait convié à une soi­rée de pro­jec­tion du docu­men­taire de Marianne Lère-Laffitte L’Usine, le Bon, la Brute et le Truand au CinéCentre, film consa­cré à la lutte des sala­riés de l’usine de fabri­ca­tion de papier recy­clé La Chapelle-Darblay (les ‘’pap’chap’’) à Grand-Couronne en Normandie pour empê­cher sa fer­me­ture par le groupe UPM qui en était le propriétaire.

Dreux 2024-11-26 Soirée CGT Chapelle-Darblay Gérard SenecalPrésence de délé­gués syn­di­caux et de secré­taires au CSE de l’usine

C’est Antoine Molinatti, secré­taire adjoint de l’UL qui a pré­sen­té la séance et les invités :

Cyril Briffault, délé­gué syn­di­cal CGT (‘’la brute’’), Arnaud Dauxerre, repré­sen­tant sans éti­quette des cadres au CSE (‘’le truand’’), Gérard Senecal (délé­gué syn­di­cal his­to­rique de la CGT), père de Julien Senecal, secré­taire CGT du CSE (‘’le bon’’)  absent  et Philippe Martinez, ancien secré­taire géné­ral de la CGT.

Au cours de l’échange avec la qua­ran­taine de per­sonnes pré­sentes, Cyril a indi­qué qu’avec ses cama­rades ils avaient déjà pré­sen­té près de cent fois ce docu­men­taire dans toute la France.

Défaillance de l’État pour sou­te­nir la relance

Dreux 2024-11-26 Soirée CGT Chapelle-Darblay Philippe Martinez

Antoine Molinatti, Philippe Martinez, Gérard Senecal

Il a pré­cise qu’en 2019, lors de la fer­me­ture du site, il y avait 217 sala­riés, ‘’actuel­le­ment, nous sommes… 2 et demi !’’ et il ajoute ‘’je vous ras­sure La Chapelle est tou­jours debout, elle n’est pas démo­lie, pas démon­tée, on se bat tou­jours contre ça. L’usine a bien été pré­emp­tée [par la région Normandie], le pape­tier Fibre-Excellence est tou­jours à l’œuvre, essaie tou­jours de reprendre le site pour redé­mar­rer.’’ Hélas, ‘’il manque un acteur’’ sol­li­ci­té dès le début, c’est l’État par le biais du Ministère des Finances ‘’On a fait la pré­emp­tion, vous deviez accom­pa­gner, il y avait le mon­tage finan­cier, vous deviez être là… eh bien, ils sont tou­jours pas là.’’ Arnaud a ajou­té ‘’On ne demande pas à l’État de venir raser gra­tis. Il y a un pro­jet indus­triel réel, chif­fré, sim­ple­ment, on a besoin de cau­tion, de garan­tie et seul l’État, aujourd’hui, est en capa­ci­té de le faire pour ras­su­rer les mar­chés.’’  Expression qui a cer­tai­ne­ment fait se héris­ser le poil de beau­coup d’audit·eur/rice·s dans la salle. Mais Cyril a expli­qué ‘’Une SCOP c’était pas pos­sible puisqu’une boîte comme la nôtre, c’est 80 mil­lions de francs. On veut bien aller cher­cher de l’argent dans le PSE [NDLR : plan de sau­ve­garde de l’emploi] mais 80 mil­lions sur 200 sala­riés, ça fait quand même beau­coup d’argent donc vous ne pou­vez pas, on a essayé une SCIC [Société coopé­ra­tive d’in­té­rêt col­lec­tif], on a été ren­con­trer des patrons de presse pour leur pro­po­ser de nous accom­pa­gner, on nous a cla­qué la porte au nez : ‘’le papier il est moins cher à côté’’ donc on est allé cher­cher un vrai fabri­quant de papier [Fibre Excellence].’’

Enjeu social mais aus­si environnemental

Du fait de l’arrêt de l’usine ‘’ce sont des usines alle­mandes ou étran­gères qui béné­fi­cient de notre tri, en quelque sorte de nos taxes d’enlèvement d’ordures ména­gères.’’ L’autre scan­dale, ‘’c’est qu’on nous demande d’être ver­tueux éco­lo­gi­que­ment, envi­ron­ne­men­ta­le­ment et ce que nous fai­sons, c’est que nous envoyons des camions qui font 800 km aller-retour sup­plé­men­taires pour aller faire recy­cler nos papiers. Ici, à Dreux, on allait col­lec­ter les papiers du centre de tri, eh bien, ces papiers-la arri­vaient à l’usine, à une heure et demie de camion, aujourd’hui, ils font 8 heures de camion.’’

Cet enjeu éco­lo­gique a été déve­lop­pé et élar­gi par Philippe Martinez. Écoutez un extrait de son intervention :