Ce qu’a dit Manuel Bompard, coordinateur national de LFI, au Thieulin

Invité par les militant·e·s de La France Insoumise du dépar­te­ment, le dépu­té s’est expri­mé dans la salle com­mu­nale du Thieulin, le 5 décembre, devant une salle de 150 places presque comble. La soi­rée est pré­sen­tée par Nathalie Kleinklauss et Sylvain Chesneau, membres de LFI en Eure-et-Loir. Des témoi­gnages et ana­lyses concer­nant le dépar­te­ment ont été pré­sen­tés par des eurélien·ne·s engagé·e·s : ‘’Agriculture et Eau’’ par Magalie et Tatiana, ‘’Éducation en milieu rural’’ par Kévin. Faute de temps, le sujet ‘’Gaza et le Moyen-Orient’’ par Micheline, n’a pas pu être pré­sen­té. Ces trois sujets feront l’objet d’une paru­tion à part sur ce site.

 

Une jour­née historique

Manuel Bompart entame son tableau de la situa­tion poli­tique par l’événement ‘’his­to­rique’’ qu’est la motion de cen­sure votée la veille qui a entraî­né la démis­sion du pre­mier ministre, Michel Barnier. La der­nière fois où un pre­mier ministre a dû démis­sion­ner à la suite d’une motion de cen­sure c’était en 1962, explique-t-il. Il rap­pelle que ce gou­ver­ne­ment était illé­gi­time depuis le mois de sep­tembre ‘’parce qu’il ne res­pec­tait pas le résul­tat des der­nières élec­tions légis­la­tives […] C’est d’abord une bonne nou­velle pour le pays’’. Il expose les diverses consé­quences néga­tives du finan­ce­ment que pré­voyait le bud­get de la Sécurité Sociale sur le pou­voir d’achat des citoyen·ne·s. Il four­nit aus­si des pré­ci­sions sur le pro­jet de bud­get de l’État de M. Barnier, aban­don­né lui aus­si, qui pré­voyait des aug­men­ta­tions pour les usager·e·s dans de nom­breux domaines.

 

Crise agri­cole et Mercosur

Concernant l’agriculture, il reproche au gou­ver­ne­ment de ne pas avoir tenu ses pro­messes aux agricult·eurs/rices de leur assu­rer des prix mini­mum, contre les inté­rêts des cen­trales d’achat et les marges de la grande consom­ma­tion. Il insiste sur la néces­si­té de refu­ser la concur­rence déloyale que repré­sentent les accords de libre-échange. Si on veut pro­té­ger les agri­cul­teurs, ‘’il faut faire en sorte de ne pas impor­ter des pes­ti­cides’’. ‘’Une entour­loupe se pré­pare’’ dit-il, le pou­voir jouant sur l’ ‘’illu­sion d’optique’’ des clauses miroir1, l’Union euro­péenne, et la France, risquent d’accepter l’accord avec le Mercosur. [Ce qui a en effet été acté le len­de­main par la pré­si­dente de la Commission euro­péenne. NDLR]

 

60 mil­liards d’économie ? C’est pos­sible sans effet néga­tif sur le reve­nu des citoyen·ne·s

Pour illus­trer son pro­pos, Manuel Bompart four­nit deux exemples de pro­po­si­tions des dépu­tés LFI-NFP lors de leur niche par­le­men­taire le 28 novembre 2024. La taxe sur les mil­liar­daires qui a été pro­po­sée aurait concer­né 147 per­sonnes et rap­por­té 40 mil­liards de recettes nou­velles. La taxe Zucman2 pour lut­ter contre l’optimisation fis­cale, dont béné­fi­cient les grands groupes en décla­rant leurs béné­fices dans des para­dis fis­caux, aurait rap­por­té 26 mil­liards d’euros. Il dénonce les trom­pe­ries du RN ’’qui refuse de taxer les 147 mil­liar­daires et pré­fère aug­men­ter les taxes sur l’électricité’’.

Il évoque aus­si les 1000 amen­de­ments dépo­sés par des dépu­tés cher­chant à empê­cher d’en arri­ver au vote pour abro­ger la loi sur la Retraite à 64 ans. Il conclut qu’il est impos­sible de trou­ver un com­pro­mis avec les macro­nistes, ils ne veulent rien changer.

 

Retour sur le refus de Macron de lais­ser gou­ver­ner la gauche

LFI consi­dère que le res­pon­sable de l’instabilité actuelle est Macron ‘’qui a refu­sé de mettre en œuvre une autre poli­tique’’ d’où la pro­po­si­tion qu’elle fait de démis­sion du Président de la République et d’une nou­velle élec­tion pré­si­den­tielle pour sor­tir de l’instabilité qui ne peut que se renou­ve­ler. Il est pos­sible aus­si de prendre acte des résul­tats des Législatives et d’accepter un gou­ver­ne­ment NFP avec Lucie Castets comme pre­mière Ministre et, quand ce serait néces­saire, créer des majo­ri­tés sur cer­tains sujets.

Manuel Bompard appelle à “une mobi­li­sa­tion popu­laire”, notam­ment par le sou­tien aux mou­ve­ments sociaux et à se pré­pa­rer à une élec­tion pré­si­den­tielle anti­ci­pée ou à une future élec­tion législative.

La séance qui ne man­que­ra pas de faire réflé­chir et débattre s’est pour­sui­vie par des ques­tions de l’assistance puis des dis­cus­sions indi­vi­duelles avec le coor­di­na­teur de LFI, très sollicité.

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  1. Les mesures miroirs visent à sou­mettre les pro­duits impor­tés aux mêmes contraintes que celles impo­sées aux agri­cul­teurs euro­péens. Non réa­li­sable en réa­li­té, selon la Confédération Paysanne.
  2. Un impôt mon­dial sur les mil­liar­daires, qui consiste à taxer à hau­teur de 2 % la frac­tion du patri­moine supé­rieure à un mil­liard d’eu­ros. Gabriel Zucman est un éco­no­miste français.