Dreux : Nouveau rassemblement pour Gaza et la Palestine
À Dreux, le 14 décembre, le rendez-vous dans le quartier des Bâtes n’a regroupé qu’une trentaine de personnes qui ont bravé le froid mais elles ont interpelé la France sur ce conflit dont personne ne voit la fin. Les souffrances et la famine imposées aux Palestinien·ne·s étaient dans tous les esprits. Les interventions ont permis d’échanger sur les valeurs qui peuvent être interrogées dans cette guerre hors normes.
La réunion est ouverte par Agnès Cueille de La France Insoumise et un petit chant ‘’On est, on est là, même si Macron ne veut pas… pour l’honneur d’la Palestine et pour ceux qu’on assassine, même si Macron ne veut pas, nous on est là !’’
Un maître-mot : la solidarité
Micheline Cognard d’Ensemble! 28, informe sur une intervention, début décembre, de l’armée israélienne en Cisjordanie occupée. Ont été visés des camps de réfugiés de la région de Bethléem. Ce type d’intervention est fréquent mais la presse européenne en parle peu. Les soldats israéliens sont entrés de force dans de nombreuses maisons et ont enlevé des dizaines de jeunes gens de ces camps pour les emmener dans les locaux de la Société culturelle et artistique qui a été saccagée, selon les témoins et les responsables culturels. Micheline C. fait remarquer que la ville de Bethléem est jumelée à la ville de Chartres. Qui en parle ? Ne serait-ce pas le moment d’être solidaires avec la population de Bethléem ?
Gisèle Quérité, au nom du PCF, appelle au cessez-le-feu. Elle trace un bilan des ‘’massacres de masse’’, ‘’crimes de guerre’’ et ‘’crimes contre l’humanité’’ à Gaza, ‘’alors que sévissent la famine et les épidémies’’. ‘’Ni les attaques du Hezbollah, ni les crimes du Hamas du 7 octobre ne peuvent justifier les actes de guerre d’Israël’’. Elle dénonce le blanc-seing que donnent les Etats- Unis et l’Union européenne à Israël. Le PCF se déclare aux côtés des députés communistes israéliens ‘’menacés de destitution’’ et ‘’de la presse de gauche israélienne, menacée de censure.’’
Un plaidoyer d’associations chrétiennes
Christian Canac (président de l’AFPS de Dreux) a choisi de présenter les prises de position des religions sur ce conflit. Il mentionne le plaidoyer commun d’associations chrétiennes — catholiques et protestantes — qui exhortent ‘’les pouvoirs civils à s’attaquer à la fois aux causes profondes et aux urgences immédiates des conflits en cours. Ce plaidoyer déplore l’enfer à Gaza, les exactions en Cisjordanie où les colonies illégales continent de s’étendre avec des colons qui accroissent un environnement coercitif, les violations du droit international au Liban.’’ C. Canac note que cette position qui évoque la nécessité d’ ‘’amener les responsables des crimes à rendre des comptes’’ rejoint les positions de la CIJ1 et de la CPI2. Il souhaite que la Conférence de juin 2025, annoncée par l’ONU, dont le but est de faire appliquer la résolution du 18 septembre 2024, relative à la libération des colonies par Israël et aussi de parvenir à la solution à deux États, ne soit pas un ‘’simulacre pour une ultime tentative de sauver ce régime d’apartheid’’ qu’est Israël.
Le pays des Lumières est-il atteint de cécité ?
Dans sa prise de parole, Nafissa, adhérente de l’AFPS, s’adresse aux dirigeants de la France, pays toujours présenté comme celui des Lumières et de la Raison. Elle fait référence aux valeurs déclarées — la liberté, l’égalité, la fraternité — et interroge sur leur non-application dans le cas de cette guerre. “Pourquoi laissez-vous un peuple mourir sous des bombes, mourir de faim, être déplacé, exterminé, femmes et enfants, sous les yeux de tous, sans même accepter d’arrêter les acteurs de ce génocide ?”
‘’Dans le pays de la Liberté, pourquoi voulez-vous empêcher les témoins de ce massacre, une fois revenus en France, de témoigner de ce qu’ils ont vu là-bas ? Pourquoi laissez-vous l’intimidation opérer contre les voix sociales et politiques qui dénoncent la manipulation sioniste ?’’ ; ‘’L’antisionisme n’est certainement pas de l’antisémitisme’’. Elle termine par ces mots : ‘’La France, la Palestine, la solidarité et Non à l’idéologie sioniste !’’
‘’Il n’y a pas de plus grande force que la force de l’union’’
Nous citerons aussi l’intervention d’un ami drouais de la cause palestinienne, Badr Eddine, qui considère que les personnes qui se mobilisent et s’inquiètent du devenir du peuple palestinien ne doivent pas se laisser entraîner par le découragement. ‘’Les petites inflexions ne sont pas dérisoires.’’ Il veut insister sur le fait que les actions menées depuis plus d’une année ont un effet sur les positions de l’État. Il cite certains votes de la France à l’ONU. Il pense que les élus locaux sont parfois prudents dans leurs déclarations, en tenant compte du contexte local. Comme Olivier Marleix, par exemple. Badr Eddine invite à continuer de partager des images et des informations sur les événements de Palestine.
Défendre les droits des êtres humains
José Delgado, pour la CGT-Dreux, évoque la mise en concurrence des êtres humains par un détour historique par l’Andalousie. Les Morisques, musulmans d’Espagne convertis au catholicisme au 16ème siècle, restaient considérés comme étrangers. Quand l’Espagne a décidé de les chasser, au début du 17ème siècle, son économie s’est effondrée.
Concernant Gaza, il cite les atteintes prioritaires sur les services publics, les hôpitaux et les écoles. Il condamne le génocide et prédit qu’il faudra se mobiliser quand la paix sera venue, ce sera le moment de discuter des lois sociales.
Agnès Cueille conclut en insistant sur la volonté des pouvoirs publics de nous faire taire : ‘’Jamais on n’arrêtera de défendre les droits des êtres humains sur cette terre.’’ Les suites de ces actions seront étudiées au mois de janvier.
__________
- Cours internationale de justice.
- Cours pénale internationale.