Boycott d’Israël : Une soirée instructive
La soirée Comment agir pour Gaza organisée par l’AFPS1-Chartres, le 3 octobre au restaurant Altin Döner, a connu un véritable succès : une soixantaine de personnes ont suivi, pendant près de deux heures, les explications de Marie-France (AFPS-Paris-sud) et Olivier (AFPS-Versailles).
Rappel historique
La militante commence par rappeler l’historique du mouvement de boycott-désinvestissement-sanctions (BDS). C’est en 2005 que 170 organisations palestiniennes représentant les Palestinien·ne·s de l’extérieur (réfugiés), de Cisjordanie occupée et de Gaza ont appelé la société civile mondiale à boycotter Israël alors que Israël et les États ne mettaient pas en œuvre la demande de la CIJ2 de détruire le mur d’apartheid qui venait d’être construit.
Le boycott de l’Afrique du Sud ségrégationniste sert de modèle, explique Olivier. Au fil des années, ce pays est devenu un État paria obligé de passer un accord avec l’ANC3 pour mettre fin au régime.
Les objectifs de la campagne BDS
Marie-France souligne que la campagne BDS est non-violente, antiraciste, anticolonialiste, et rappelle que les objectifs sont la fin de la colonisation et de l’occupation, la destruction du mur et la fin de l’occupation de Gaza, la fin des discriminations pour les citoyens arabe palestiniens d’Israël, le respect du droit au retour et à l’indemnisation des réfugiés. Elle évoque différents aspects du boycott : sportif, culturel, universitaire. Concernant les sanctions, elle pointe les gouvernements occidentaux et, précisément, le français ‘’pleutre et complice jusqu’au bout de toutes les exactions, de toutes les destructions, de tous les meurtres, du génocide à Gaza, sans même lever le petit doigt pour protéger les courageux membres de la flottille.’’
Boycotter les banques ? Boycotter Teva
Olivier fait un focus sur le boycott des banques : ‘’Toutes les banques françaises figurent dans les institutions financières européennes qui ont investi dans les entreprises liées à la colonisation israélienne. [ce qui rend le boycott compliqué pour les citoyen·ne·s] Par exemple la BNP, entre 2021 et 2024, a accordé 28 milliards de dollars de prêts et souscriptions à des sociétés impliquées.’’ Marie-France évoque le cas de la big-pharma Teva et explique qu’il est facile de demander à sa pharmacie de remplacer les médicaments de cette marque israélienne par une autre marque.
L’équipe cycliste Israel-Premier-Tech
Le militant évoque le boycott sportif à travers le cas du cyclisme et de l’équipe Israel-Premier-Tech dont le co-fondateur, le milliardaire israélo-canadien Sylvan Adams, se dit ‘’ambassadeur autoproclamé d’Israël’’ 4.En Espagne, les actions sur le parcours de la Vuelta ont entraîné l’annulation de la dernière étape. En France, sur le Tour, c’est beaucoup plus compliqué, la police intervenant dès qu’une pancarte apparaît.
Au chapitre du boycott culturel, l’actualité concerne le concours de chanson de l’Eurovision. L’Irlande, les Pays-Bas, l’Espagne ont demandé aux organisateurs d’exclure Israël et refusé de participer et de retransmettre si ce n’était pas fait. Conséquence : un vote sera organisé en novembre pour décider.
Les cas de Carrefour et d’Orange
Marie-France développe le cas Carrefour qui n’est plus dans les colonies mais est toujours en Israël et a noué des partenariats avec des sociétés de distribution israéliennes pour ses produits. Concrètement, on peut écrire au PDG de la chaîne [modèle sur le site national de l’AFPS] pour lui rappeler sa propre charte éthique !
Olivier explique qu’une dénonciation des entreprises qui ont des partenariats économiques ou financiers avec Israël peut être efficace de façon indirecte. Ainsi, Orange, qui était partenaire de l’installateur de téléphonie mobile israélien Partner pour la Cisjordanie, a dû renoncer de crainte de perdre des marchés au Maghreb.
L’accord d’association entre Israël et l’Union européenne
Au plan des sanctions, le militant soutient qu’il y a des sanctions que chaque État peut prendre sans attendre que toute l’Union européenne soit d’accord. À cette échelle, le gros combat est la suspension de l’accord d’association entre Israël et l’UE qui, au plan économique, permet à l’État hébreu d’importer des produits sans droits de douane.
Le boycott est reconnu légal
Enfin, les intervenant·e·s tiennent à rappeler : ‘’Il n’y a aucune loi qui déclare le boycott d’Israël illégal. Cela poserait des problèmes alors que pour la Russie, pas de problème. Ce serait un autre cas de deux poids, deux mesures.’’ D’ailleurs, la Cour de justice européenne, saisie, a déclaré que l’appel au boycott d’Israël relevait de la liberté d’expression, qu’en aucun cas ce n’était antisémite ou une action illégale.
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- Association France Palestine Solidarité.
- Cours Internationale de Justice.
- African National Congress.
- Après cette soirée, nous avons appris que l’équipe (privée et non d’État) va changer de nom [NDLR].

