E&L : Fonction publique — Cheminots
Les agents publics sur le qui-vive

Châteaudun : Menace de fermeture sur la cardiologie et la maternité
Jeudi 22 mars les salarié.e.s des 3 fonctions publiques étaient appelé.e.s à manifester. Qu’ils travaillent dans les services hospitaliers, les EHPAD, l’enseignement, les services territoriaux, ces personnels accumulent les raisons de mécontentement depuis des années. Si la grève n’a été suivie que modérément il faut noter qu’il y avait foule à la manifestation chartraine, entre 1200 et 1500 personnes.[voir le diaporama et la vidéo] Maintenant que le président Macron a décidé de mener ses réformes au pas de charge, les craintes ont tendance à croître et pourraient bien se traduire par une montée des actions communes. C’est en tout cas ce que l’on constate depuis quelques mois en Eure-et-Loir comme partout en France. Citons-en quelques signes.
Hôpitaux et EHPAD en danger
La persistance des actions revendicatives dans les hôpitaux à Dreux, à Chartres ainsi que la défense de l’Hôpital et de la Maternité de Châteaudun par tous les personnels auxquels se sont associés les élus de tout le secteur concerné et la population ; les actions remarquées des personnels des EHPAD et leurs témoignages qui ont révélé des maltraitances institutionnelles dues au manque de moyens qui nuisent aux résidents autant qu’aux conditions de travail et à la santé des personnels.
Enseignement et collectivités : les restrictions s’accumulent

Annonce parue le 2 mars 2018 dans l’Écho
Déjà, le 10 octobre 2017, dans le cadre d’une manifestation à Chartres qui avait réuni 800 salariés du public, des personnels des établissements scolaires de tous niveaux avaient mis en avant leurs nombreuses revendications. Il faut remarquer aussi la mobilisation d’une exceptionnelle durée des parents d’élèves et souvent des élus, notamment ruraux, pour le maintien de classes primaires menacées de fermeture à la rentrée 2018, dans le département. Les difficultés à recruter dans l’enseignement secondaire s’accroissent et la solution choisie, par économie, est celle des emplois précaires : du mois d’octobre au mois de mars, l’Académie d’Orléans-Tours a fait paraître dans la presse un appel récurrent à recrutement de contractuels, sur des temps partiels ou des postes complets actuellement vacants dans la région Centre, en citant Dreux et Nogent-le-Rotrou. Le métier n’attire plus, les rémunérations, la considération, les conditions de travail sont en cause. S’ajoutent des interrogations sur la réforme du Baccalauréat et sur la sélection qui ne dit pas son nom dans l’enseignement supérieur. De son côté, l’enseignement professionnel voit arriver la priorité à l’apprentissage avec inquiétude, qui abolira progressivement la notion de diplôme et de culture générale.
Les collectivités et la fonction publique territoriale sont aussi ponctionnées, services et associations ont perdu des emplois aidés en septembre dernier. Les personnels du Conseil départemental s’élèvent contre les fermetures de postes : entre 2012 et 2015, 54 postes ont été supprimés, en 2016 25 n’ont pas été remplacés. Les conditions de travail se sont aggravées par l’allongement des journées et la suppression d’heures de RTT. Le projet de suppression de 120 000 postes dans la Fonction publique justifie le rapprochement des différents secteurs. Le plan Action publique 2022 doit, selon le premier Ministre, contribuer à générer les milliards d’euros d’économies promis par Emmanuel Macron d’ici la fin de son quinquennat pour satisfaire aux directives budgétaires européennes acceptées sans hésitation par nos dirigeants.
Cheminots et SNCF dans le collimateur

Une ligne recommandée à la fermeture par le rapport Spinetta
Le 22 mars était aussi une première grande mobilisation des cheminots qui, dans l’unité syndicale, ont manifesté à Paris. Le projet gouvernemental qui remet en cause le statut des cheminots et ouvre le transport des voyageurs à la concurrence ne manque pas d’inquiéter tous les secteurs publics. Les salariés de l’état ou des collectivités territoriales sont de plus en plus nombreux à comprendre qu’une même logique met à mal l’idée même de service public. La logique d’accumulation des profits prend le pas sur la logique d’égalité d’accès sur l’ensemble du territoire, d’égalité de tarif, et la qualité du service et la sécurité sont remises en cause. Et l’argument du statut est un leurre dont l’intérêt est la division des salariés, permettant de laisser dans l’ombre la véritable histoire des dettes de la SNCF.
Des retraités remontés
Quant aux retraités, réunis à l’appel de leurs 9 fédérations, ils ont manifesté très nombreux le 15 mars : un millier à Chartres. Ils ne proviennent pas tous et toutes du secteur public mais leur mécontentement rejoint aisément celui des actifs : les différentes ponctions qu’ils subissent du fait de la hausse de la CSG, s’ajoutant au quasi gel des pensions depuis 4 années et à un niveau moyen de pension de seulement 1 376 euros bruts ne pouvait que les amener à soutenir, le 22 mars, les nouvelles générations de salariés et défendre les services publics auxquels ils sont attachés.
C’est en tout cas ce qui était sensible dans les discussions qui parcouraient les rangs des manifestants et manifestantes jeudi dans les rues de Chartres et qui s’affichaient sur les pancartes et dans les slogans.