Chartres, 26 mai :
Une dynamique à amplifier

 

À Chartres, same­di 26 mai, à 15h, le cor­tège qui a tra­ver­sé le centre-ville en pleine ani­ma­tion et sous le soleil, pou­vait paraître ordi­naire. En réa­li­té il ne l’était pas : il réunis­sait des orga­ni­sa­tions syn­di­cales (CGT, FSU, Solidaires) et des orga­ni­sa­tions poli­tiques (Ensemble!, PCF, POID) co-orga­ni­sa­trices de cette mani­fes­ta­tion à laquelle se sont joints les Insoumis de la FI et Lutte Ouvrière. Bien que la proxi­mi­té entre ces mani­fes­tants soit fré­quente dans les mou­ve­ments sociaux, qui ne manquent pas dans cette période, l’organisation d’une « marée popu­laire » dans le 28 n’est pas ano­dine. Dans le sillage de la déci­sion prise au niveau natio­nal à la mi-mai autour de la pro­po­si­tion de l’association Attac et de la Fondation Copernic, les mili­tants euré­liens qui venaient de pro­tes­ter contre les atteintes aux ser­vices publics lors de la mani­fes­ta­tion du 22 mai, se sont réunis au siège de la CGT. De la dis­cus­sion il est appa­ru à tous et toutes que l’heure était au ras­sem­ble­ment le plus com­plet pos­sible puisque ce sont les mêmes causes (la recherche du pro­fit à court terme, la concur­rence capi­ta­liste) qui pro­duisent des effets simi­laires dans les entre­prises, le com­merce, les ser­vices publics : pré­ca­ri­té, dés­in­ves­tis­se­ment public, fer­me­ture ou dégra­da­tion de ser­vices, pres­sions accrues sur les salariés…

Il a été déci­dé que chaque orga­ni­sa­tion gar­dait son iden­ti­té propre, ses cou­leurs et qu’il y aurait six prises de parole courtes et non une seule. Contrairement à ce qui a été fait dans cer­taines villes, la majo­ri­té des orga­ni­sa­tions pré­sentes n’a pas choi­si l’option des témoi­gnages de tra­vailleurs d’entreprises ou de ser­vices en lutte et n’a pas sou­hai­té don­ner un carac­tère fes­tif à cette mani­fes­ta­tion. Une ban­de­role com­mune avec logos a fait l’unanimité. Les maîtres-mots : Non aux réformes Macron, Égalité, Justice sociale et Solidarité.

Cette pré­pa­ra­tion a été mal­heu­reu­se­ment trop tar­dive pour per­mettre de s’adresser aux asso­cia­tions et col­lec­tifs qui auraient pu se joindre à cet appel, ils y avaient leur place : refus de la conces­sion auto­rou­tière des RN 154 et RN12 au pri­vé, défense de l’environnement, du cli­mat, des ser­vices publics, des pro­jets des habi­tants de Notre-Dame-des-Landes, actions pour les droits des per­sonnes en migra­tion, rejet des accords de com­merce dits de libre-échange, dénon­cia­tion de la pour­suite du nucléaire, etc. Cet élar­gis­se­ment reste une néces­si­té aux yeux d’Ensemble !28 [lire la décla­ra­tion].

Un début encourageant

Dans les rues de Chartres, le dyna­misme du cor­tège de 200 participant.e.s n’est pas pas­sé inaper­çu ! Des pas­sants et des per­sonnes aux ter­rasses ont par­fois fait entendre leur désap­pro­ba­tion tan­dis que d’autres applau­dis­saient ou encou­ra­geaient les mani­fes­tants, mais peu se sont glis­sés dans le cor­tège. La res­pon­sa­bi­li­té du Président Macron, de ses ministres char­gés des réformes, du gou­ver­ne­ment, ont été dénon­cés à tra­vers des slo­gans cla­més avec convic­tion et ampli­fiés par une sono effi­cace (mais pol­luante, hélas). La par­ti­ci­pa­tion était majo­ri­tai­re­ment consti­tuée de militant.e.s mais c’est un début encou­ra­geant. Les orga­ni­sa­teurs et orga­ni­sa­trices ont pris suc­ces­si­ve­ment la parole devant la Préfecture.

Il reste main­te­nant à dres­ser un bilan. Il fau­dra réus­sir à échap­per à la recherche d’une hégé­mo­nie, ce qui n’est pas gagné, mais ce pre­mier pas peut et doit se concré­ti­ser rapi­de­ment par des ren­contres per­met­tant d’approfondir les points com­muns et d’éclaircir les dis­sen­tions. Et conti­nuer de mener des actions com­munes chaque fois que néces­saire. Sans oublier de tra­vailler ensemble et avec les citoyens de ce pays sur des alter­na­tives sans les­quelles per­sonne ne croit au chan­ge­ment. Comme le dit la décla­ra­tion uni­taire finale de la mani­fes­ta­tion pari­sienne, pro­non­cée par Aurélie Trouvé (Attac), place de la Bastille :le nou­veau monde est celui qui se des­sine dans nos mobi­li­sa­tions, nos résis­tances et nos alter­na­tives. Le com­bat pour faire adve­nir ce nou­veau monde est de longue haleine. Mais le suc­cès d’aujourd’hui nous fait dire : nous allons le conti­nuer, plus déterminé.e.s que jamais !

Micheline Cognard