Gilets Jaunes : Margon, la députée rencontre les vraies vies
Samedi 1er décembre, vers 19h, alors que les Nogentais partis manifester à Paris étaient sur le chemin du retour, Mme de la Raudière est venue prendre le pouls de la mobilisation pour la deuxième fois. Attention qui n’a pas laissé indifférents les femmes et les hommes qui contrôlent le rond-point depuis deux semaines sans interruption et qui ont fait remarquer que les maires de Nogent-le-Rotrou et de Margon ne sont pas venus les voir.
Cependant, avec la députée la langue de bois n’était pas de mise. Sous la tente qui protégeait un groupe de la pluie, café en main ou portable pour les nouvelles, la dizaine de salariés et demandeurs d’emploi présents ont expliqué la réalité de leurs maigres rémunérations ou indemnités chômage, les ponctions obligatoires qu’il faut faire chaque mois et le résultat final : plus un sou ou des dettes. Tous et toutes dénoncent le manque d’écoute et même le mépris du chef de l’Etat. Un chômeur note, avec irritation, qu’il a maintes fois « traversé la rue » mais n’a pas trouvé d’emploi ! Des femmes, surtout, racontent. Tout y passe : les dépenses de transport, obligatoires pour les habitants de la campagne, le loyer (toujours élevé), le chauffage, la mutuelle, la cantine des enfants, le téléphone etc. Les salariés n’ont pas le pouvoir mais ils savent compter. Que va-t-on faire pour nourrir les enfants ? Faut-il voler demande l’un d’eux. Une femme évoque la suppression des emplois aidés qui empêchera sa fille d’acquérir le niveau de formation qu’elle espérait car elle a dû quitter avant le délai de 3 ans qui lui était nécessaire. Une jeune femme dit ses angoisses permanentes qu’elle attribue au niveau dérisoire de ses indemnités chômage et ajoute qu’elle ne voit pas comment payer les 4 500 € de l’enterrement de son père.
La députée écoute et répond que des consultations locales vont être mises en place en décembre, sans préciser qu’elles vont concerner les questions écologiques. Elle pense que des élus de la nation devraient exprimer leur soutien pour faire réagir le gouvernement et le président et propose aux Gilets Jaunes de mettre par écrit quatre ou cinq témoignages.
Interrogée par une retraitée sur la nécessité d’augmenter les salaires, de combattre la précarité grandissante dénoncée par le mouvement social depuis des années, de rétablir l’ISF, elle met en avant le risque de fuite des entreprises. Eternelle réponse qui laisserait croire que les entreprises ont besoin d’être choyées à coups de millions et de milliards… pour le piètre résultat que l’on connaît. L’apitoiement de la députée du mouvement de « Agir — La Droite Constructive » sur les conditions de vie de près de 10 millions de chômeurs et de personnes à temps partiels ne changera pas cette politique.
Voir aussi notre article : Ce que la colère des “gilets jaunes” révèle