Gilets Jaunes : Margon, la députée rencontre les vraies vies

Samedi 1er décembre, vers 19h, alors que les Nogentais par­tis mani­fes­ter à Paris étaient sur le che­min du retour, Mme de la Raudière est venue prendre le pouls de la mobi­li­sa­tion pour la deuxième fois. Attention qui n’a pas lais­sé indif­fé­rents les femmes et les hommes qui contrôlent le rond-point depuis deux semaines sans inter­rup­tion et qui ont fait remar­quer que les maires de Nogent-le-Rotrou et de Margon ne sont pas venus les voir.

Nogent-le-Rotrou 24-11-2018 Gilets Jaunes 6Cependant, avec la dépu­tée la langue de bois n’était pas de mise. Sous la tente qui pro­té­geait un groupe de la pluie, café en main ou por­table pour les nou­velles, la dizaine de sala­riés et deman­deurs d’emploi pré­sents ont expli­qué la réa­li­té de leurs maigres rému­né­ra­tions ou indem­ni­tés chô­mage, les ponc­tions obli­ga­toires qu’il faut faire chaque mois et le résul­tat final : plus un sou ou des dettes. Tous et toutes dénoncent le manque d’écoute et même le mépris du chef de l’Etat. Un chô­meur note, avec irri­ta­tion, qu’il a maintes fois « tra­ver­sé la rue » mais n’a pas trou­vé d’emploi ! Des femmes, sur­tout, racontent. Tout y passe : les dépenses de trans­port, obli­ga­toires pour les habi­tants de la cam­pagne, le loyer (tou­jours éle­vé), le chauf­fage, la mutuelle, la can­tine des enfants, le télé­phone etc. Les sala­riés n’ont pas le pou­voir mais ils savent comp­ter. Que va-t-on faire pour nour­rir les enfants ? Faut-il voler demande l’un d’eux. Une femme évoque la sup­pres­sion des emplois aidés qui empê­che­ra sa fille d’acquérir le niveau de for­ma­tion qu’elle espé­rait car elle a dû quit­ter avant le délai de 3 ans qui lui était néces­saire. Une jeune femme dit ses angoisses per­ma­nentes qu’elle attri­bue au niveau déri­soire de ses indem­ni­tés chô­mage et ajoute qu’elle ne voit pas com­ment payer les 4 500 € de l’enterrement de son père.

Nogent-le-Rotrou 24-11-2018 Gilets Jaunes 4La dépu­tée écoute et répond que des consul­ta­tions locales vont être mises en place en décembre, sans pré­ci­ser qu’elles vont concer­ner les ques­tions éco­lo­giques. Elle pense que des élus de la nation devraient expri­mer leur sou­tien pour faire réagir le gou­ver­ne­ment et le pré­sident et pro­pose aux Gilets Jaunes de mettre par écrit quatre ou cinq témoignages.

Interrogée par une retrai­tée sur la néces­si­té d’augmenter les salaires, de com­battre la pré­ca­ri­té gran­dis­sante dénon­cée par le mou­ve­ment social depuis des années, de réta­blir l’ISF, elle met en avant le risque de fuite des entre­prises. Eternelle réponse qui lais­se­rait croire que les entre­prises ont besoin d’être choyées à coups de mil­lions et de mil­liards… pour le piètre résul­tat que l’on connaît. L’apitoiement de la dépu­tée du mou­ve­ment de « Agir — La Droite Constructive » sur les condi­tions de vie de près de 10 mil­lions de chô­meurs et de per­sonnes à temps par­tiels ne chan­ge­ra pas cette politique.

 

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