Déclaration d’Ensemble!
après les Européennes

 

 

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Déclaration d’Ensemble!

après les Européennes

 

1- La seule vraie sur­prise, posi­tive, de ces élec­tions est que contrai­re­ment à tous les pro­nos­tics elles n’ont pas été mar­quées par une aggra­va­tion de l’abs­ten­tion. Mais, au contraire, par une pro­gres­sion de la par­ti­ci­pa­tion (de l’ordre de 50%, et non de 40 % comme annon­cé). C’est le signe que le dés­in­té­rêt de l’é­lec­to­rat pour ces élec­tions n’est pas une fata­li­té. Ce qui est en cause c’est la qua­li­té (ou non) du débat poli­tique et de l’offre poli­tique pré­sen­tée par les dif­fé­rents partis.

 

2- En revanche, confir­ma­tion que la cam­pagne et le scru­tin ont été confis­qués par la mise en scène du pré­ten­du duel entre Macron et Le Pen, remake du deuxième tour de l’é­lec­tion pré­si­den­tielle de 2017, et anti­ci­pa­tion de ce que l’un et l’autre vou­draient pour la pro­chaine pré­si­den­tielle de 2022 !
Un « réfé­ren­dum », anti-Macron ver­sus anti-Le Pen ! Lequel débouche sur une « vic­toire modé­rée »  du Rassemblement natio­nal et une « défaite hono­rable » pour la LREM… Et, pour les deux, une com­mune réus­site : une étape sup­plé­men­taire dans la restruc­tu­ra­tion du champ poli­tique. Le cli­vage gauche/droite estom­pé  par l’ef­fon­dre­ment de la droite LR et la mar­gi­na­li­sa­tion du PS. Une droite en déroute. Une gauche en miettes : la LFI avec 6,3 % voit son ambi­tion démen­tie, le PS avec 6,1 % est mino­ré, Génération.s (3,3 %), le PCF (2,5%), LO (0,8%) appa­raissent en perdition…
Seule la liste EELV avec 13,5 % des voix rem­porte une vic­toire. Elle échappe au désastre d’une gauche avec laquelle elle a pris ses dis­tances, sur­tout elle béné­fi­cie élec­to­ra­le­ment des mobi­li­sa­tions pour le cli­mat et la défense de la bio­di­ver­si­té : même si tout le monde s’est « ver­di », EELV est cré­di­té du label écologiste.

 

3- Ledit champ poli­tique à l’is­sue de ces élec­tions est en déca­lage avec la réa­li­té sociale et poli­tique, tel qu’il a été tra­vaillé ces der­niers mois par les mobi­li­sa­tions sociales en France et par les trans­for­ma­tions à l’oeuvre au sein de l’Union euro­péenne. Même s’il faut noter de ce point de vue la spé­ci­fi­ci­té du Rassemblement natio­nal, lequel confirme son ancrage social, la fidé­li­sa­tion de son élec­to­rat, ain­si que son inser­tion dans la dyna­mique qui porte les extrêmes droites à l’é­chelle du continent.
Pour ce qui est du gou­ver­ne­ment Macron, celui-ci, sous l’im­pact de la colère popu­laire por­tée par les Gilets jaunes et les mobi­li­sa­tions sociales, est affai­bli et en perte de légi­ti­mi­té. Même s’il pré­tend pour­suivre ces attaques anti-sociales et anti-démo­cra­tiques, ce ne sont pas ses scores aux euro­péennes qui lui en don­ne­ront les moyens. Concernant les enjeux euro­péens, le face-à-face Macron/Le Pen est un trompe l’oeil : il ne répond en rien à une crise de l’UE qui appelle un double refus. Refus des poli­tiques ultra­li­bé­rales qui imposent aus­té­ri­té et auto­ri­ta­risme, et refus des pro­po­si­tions en termes de sor­tie (ver­sion « Brexit ») ou de refor­ma­tage telles que por­tées par les extrêmes droites européennes.
Si le choix entre « l’an­ti-Macron » et « l’an­ti-Le Pen » a impo­sé sa domi­na­tion, ce n’est pas par sa force propre (23 et 22,5 % des expri­més, à divi­ser par deux au regard des ins­crits !), mais par le vide qu’il est par­ve­nu à créer autour de lui, ren­voyant les autres forces (à l’ex­cep­tion des éco­lo­gistes) au-des­sous des 10 %…

 

4- Malgré la diver­si­té des situa­tions au sein de l’UE ces élec­tions révèlent, outre une régres­sion de l’abs­ten­tion dans beau­coup de pays, des mou­ve­ments de por­tée géné­rale qu’ac­cen­tue l’ap­pli­ca­tion de la pro­por­tion­nelle : le recul des par­tis conser­va­teurs et sociaux-démo­crates qui jusque là for­maient le bloc majo­ri­taire domi­nant le Parlement, la mon­tée des extrêmes-droites et les suc­cès ren­con­trés par les par­tis éco­lo­gistes dans plu­sieurs pays à l’ouest du continent…

 

5- À gauche, c’est un sévère retour cri­tique qui doit s’im­po­ser. Au regard de l’é­tat catas­tro­phique que pré­sentent ces élec­tions c’est une res­pon­sa­bi­li­té col­lec­tive qui est en cause. L’état de divi­sion et l’absence de pro­jet com­mun por­teur d’un nou­vel hori­zon d’émancipation dans lequel les forces de gauche se sont pré­sen­tées devant l’é­lec­to­rat popu­laire et de gauche ont empê­ché de contre­car­rer les manœuvres de des­truc­tion de l’opposition entre gauche et droite. Cela en pro­po­sant une alter­na­tive vrai­ment de gauche à la fois à l’ultralibéralisme macro­niste et à la menace de l’ex­trême droite lepéniste.

 

6- La gauche de trans­for­ma­tion sociale, démo­cra­tique et éco­lo­gique est au pied du mur.
Il lui faut construire une orien­ta­tion répon­dant aux aspi­ra­tions popu­laires à plus de jus­tice sociale et à davan­tage de démo­cra­tie active. Et cela à l’é­chelle de l’Europe pour com­battre et l’ultralibéralisme aus­té­ri­taire et le néo­fas­cisme mena­çant. Il lui faut se ras­sem­bler sur une orien­ta­tion de rup­ture avec le libé­ra­lisme et le pro­duc­ti­visme, sur­mon­ter les riva­li­tés et les pré­ten­tions à l’hé­gé­mo­nie pour défendre une telle orientation.

 

Le 28 mai 2019-05-28

L’Equipe d’Animation Nationale d’Ensemble!