Toury solidaire des
salariés de Cristal Union

En ce same­di de veille de ren­trée (31 août), il était inso­lite de voir le pré­sident de la région François Bonneau (PS), la conseillère dépar­te­men­tal Delphine Breton (UDI), le maire de Toury (UDI) tenir une ban­de­role de la CGT… c’est le signe que l’heure est grave et que l’union est indis­pen­sable pour, comme le pro­cla­mait le slo­gan peint sur le cali­cot dire « NON À LA FERMETURE DE LA SUCRERIE » et, sur­tout, obte­nir son main­tien à Toury par le groupe coopé­ra­tif Cristal Union.

Toury una­nime à défendre sa sucrerie

Près de 500 mani­fes­tants avaient répon­du à l’appel lan­cé par les sala­riés, avec leur syn­di­cat CGT, à se ras­sem­bler devant l’entrée du site sucrier. Mais c’est toute une ville qui fai­sait corps pour pré­ser­ver les emplois et nom­breux étaient celles et ceux qui avaient enfi­lé le tee-shirt noir, ins­pi­ré de celui de Charlie, pro­cla­mant « Je suis Erstein, Toury, Bourdon ».  En tête du cor­tège, deux cer­cueils occu­pés par des sque­lettes sym­bo­li­saient l’avenir pro­mis par Cristal Union et que cha­cun refuse. Au pas­sage dans le centre-ville, beau­coup de maga­sins avaient bais­sé le rideau pour une heure ou pour la jour­née, pla­car­dé l’affichette de sou­tien ou même appo­sé une ban­de­role « Adieu sucre­rie, Fini com­merce ». Sur le trot­toir, aux fenêtres, des habi­tants saluaient un cor­tège à l’image de la popu­la­tion locale : enfants, jeunes, actifs d’autres entre­prises (DS Smith, Isodol…), retrai­tés dont les anciens de la sucre­rie, des Gilets jaunes aussi…

Tout le monde s’y était mis, élus, asso­cia­tions pour orga­ni­ser cette jour­née qui, une fois la marche ter­mi­née (devant la conces­sion Renault) se pro­lon­geait par un pique-nique et un moment fes­tif ani­mé par le groupe Les Oreilles qui saignent chan­tant un réper­toire de varié­tés fran­çaises dont des chan­sons enga­gées, telles celles de Renaud.

Les élus se disent aux côtés des salariés

Lors des prises de parole, le maire de Toury affirme que la sucre­rie c’est l’ADN de la ville depuis bien­tôt 150 ans et que sa fer­me­ture serait quelque chose de dra­ma­tique pour la com­mune. Il pré­cise que, depuis l’annonce, les élus ont sus­ci­té de nom­breuses réunions, notam­ment avec la Préfecture, pour essayer de trou­ver des solu­tions alter­na­tives « même si, à mon sens, dit Laurent Leclerc, on ne pour­ra pas main­te­nir le site dans sa globalité ».

Delphine Breton assure les sala­riés du sou­tien de tous les élus du Conseil dépar­te­men­tal dans cette épreuve.

Le dépu­té Philippe Vigier (Libertés et ter­ri­toires), consen­suel comme jamais, s’adresse aux mani­fes­tants « Vous êtes tous soli­daires, tous mobi­li­sés, vous don­nez une image for­mi­dable. » « Les diri­geants de Cristal Union se sont mal conduits…donc ne lâchez pas dans le PSE (plan de sau­ve­garde de l’emploi), dans la revi­ta­li­sa­tion… certes, il y a l’abandon des quo­tas sucriers au niveau mon­dial… mais il y a aus­si des stra­té­gies de diver­si­fi­ca­tion qu’on doit être capable de por­ter… Pour l’éthanol, avec la Cosmetic Valley, nous sommes les pre­miers dans l’industrie du par­fum si créa­trice d’activité, de pro­fits et d’emplois. Ensemble, on va bâtir un nou­veau chemin. »

On va lut­ter contre la fer­me­ture de l’usine”

Frédéric Rebyffé, délé­gué CGT, constate que Cristal Union, a fait, sur le volet social « des miettes de pro­po­si­tions. On ne mérite pas d’être trai­tés comme ça. Durant 4 mois, on va se battre pour vous. Depuis le rachat en 2012, Cristal Union n’a fait que cas­ser notre usine, une des plus per­for­mantes de France et avec des com­pé­tences recon­nues, une véri­table école de la sucre­rie. On va lut­ter contre la fer­me­ture de l’usine et, s’il n’y a pas d’issue favo­rable, on se bat­tra pour l’avenir des salariés. »

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On le voit, mal­gré la volon­té pro­cla­mée, per­sonne ne croit vrai­ment à la péren­ni­sa­tion de l’intégralité du site de Toury face à l’intransigeance de Cristal Union.

En sys­tème libé­ral, dont aucun des élus ici concer­nés ne remet en cause la légi­ti­mi­té, c’est la stra­té­gie des groupes, qu’ils soient « coopé­ra­tifs » comme Cristal Union, ou au capi­ta­lisme assu­mé, de fer­mer une entre­prise, un site dès que la ren­ta­bi­li­té est jugée insuf­fi­sante pour les action­naires. Au besoin, comme dans le cas pré­sent, ils font péri­cli­ter l’entreprise de manière insi­dieuse pour arri­ver à leurs fins.

Il est temps, dans le domaine éco­no­mique aus­si, de « chan­ger le sys­tème » en pré­voyant, bien à l’avance, les aban­dons de pro­duc­tions deve­nues obso­lètes ou incom­pa­tibles avec la pré­ser­va­tion de la pla­nète, afin de mettre en place les recon­ver­sions avec for­ma­tion des sala­riés, sans licenciements.

Il faut aus­si ins­tau­rer un pou­voir des sala­riés dans l’entreprise et aller vers des entre­prises autogérées.

Le capi­ta­lisme génère tant de drames que le temps his­to­rique d’y mettre fin est venu.

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