Sucrerie condamnée de Toury : Un licencié “indispensable” écrit à Macron

Cristal-Union a déci­dé de la fer­me­ture défi­ni­tive de la sucre­rie de Toury fin juin pro­chain. Pourtant, en ce temps de pan­dé­mie, le tra­vail des ouvriers est consi­dé­ré comme “indis­pen­sable”… L’un d’eux a écrit, le 16 avril der­nier, au Président Macron par l’in­ter­mé­diaire du site inter­net de l’Élysée.

Toury 31-08-2019 Sucrerie Cristal-Union Manifestation

Banderole lors de la mani­fes­ta­tion de sou­tien aux sala­riés de la sucre­rie à Toury le 31 août 2019

 

Retrouvez tous nos articles sur la lutte des sala­riés de la sucre­rie de Toury et les expli­ca­tions pour com­prendre la stra­té­gie du groupe Cristal-Union :

 

M. le président,

Je suis actuel­le­ment sala­rié à la sucre­rie dis­til­le­rie de Toury 28310 (groupe Cristal Union) mais mal­heu­reu­se­ment plus pour long­temps car en effet notre site est sur le point de fer­mer défi­ni­ti­ve­ment ses portes par déci­sion de la direc­tion du groupe Cristal Union.
Cette usine est ren­table mais mal­heu­reu­se­ment vétuste.
Dans cette conjonc­ture excep­tion­nelle de pan­dé­mie, mes col­lègues et moi tra­vaillons. Nous tra­vaillons car comme men­tion­né sur notre attes­ta­tion four­nie par notre employeur : nous sommes indis­pen­sables. Nous fabri­quons du sucre pour don­ner a man­ger aux Français et de l’al­cool pour la fabri­ca­tion de pro­duits d’en­tre­tien et de gel hydroalcoolique.
Nous tra­vaillons le jour, la nuit, les dimanches et jours fériés, par­ti­ci­pons à cet effort de “guerre” en pre­nant des risques pour notre san­té et celle de nos proches. Nous sommes dévoués mal­gré notre licen­cie­ment le 30 juin prochain.
Cette crise nous rap­pelle à tous le carac­tère indis­pen­sable de notre acti­vi­té qui est l’hy­giène et l’a­li­men­ta­tion made in France. Et j’in­siste sur le made in France car à l’a­ve­nir nous achè­te­rons pro­ba­ble­ment ces pro­duits de pre­mière néces­si­té en Inde ou au Brésil vu le nombre de fer­me­ture de sucre­ries en France.
Aujourd’hui, je m’a­dresse à vous, Monsieur le Président pour sou­le­ver cette contra­dic­tion, vous avez le pou­voir de sou­te­nir l’in­dus­trie agro-ali­men­taire fran­çaise qui est une indus­trie de pre­mière néces­si­té. En ces temps de crise nous consta­tons les dif­fi­cul­tés à se four­nir à l’é­tran­ger et la fer­me­ture des frontières.
Vous avez le pou­voir de faire ces­ser ces fer­me­tures abu­sives qui n’ont lieux que pour engen­drer plus de pro­fit et non pour ser­vir le bien collectif.
J’espère que vous aurez pris la peine de me lire.
Je vous sou­haite beau­coup de cou­rage et de dis­cer­ne­ment à vous et à vos col­la­bo­ra­teurs pour la ges­tion de cette crise sans précédent.

Kévin Rabouin.